Gaz de schiste - Un choix politique

Gaz de schiste


Le gouvernement Charest a pris une première bonne décision en confiant le mandat de faire la lumière sur l'exploitation du gaz de schiste au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Reste une autre grande question: faut-il se lancer dans l'aventure et, si oui, comment s'assurer de tirer le maximum de bénéfices de cette énergie non renouvelable?
Alors que l'on nous avait annoncé pour l'automne un projet de loi pour encadrer l'exploitation du gaz de schiste, le gouvernement Charest a compris qu'il ne pourrait pas faire l'économie d'une analyse publique sans risquer de se heurter à un mur comme ce fut le cas du projet d'usine thermique Le Suroît. Un pari tout de même risqué puisque la plupart des militants environnementalistes s'opposent farouchement à toute forme d'exploitation des énergies fossiles, alors que bien des citoyens dans les régions visées n'y voient que des inconvénients.
L'existence du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent est connue depuis quelques années déjà, mais ce n'est que récemment que l'on a envisagé une extraction à grande échelle grâce à une technologie plus efficace. Malheureusement, malgré les mauvaises expériences vécues dans quelques États américains, le gouvernement Charest et sa ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, ont commis l'impair de se ranger trop rapidement du côté de l'industrie en lui promettant un soutien suspect.
Compte tenu du mauvais bilan de l'industrie des ressources au Québec, mines et forêts confondues, les libéraux comme les péquistes avant eux ont perdu leur crédibilité en matière de contrôle, de fiscalité et de redevances. Dans le cas du gaz naturel, le même scénario menace de se reproduire étant donné les préoccupations à très court terme des politiciens une fois au pouvoir.
Le gaz est une source d'énergie dont aucune société moderne ne peut se passer, le Québec pas plus que les autres. Si certains souhaitent que l'on fasse le pari d'attendre cinquante ou cent ans pour l'exploiter, même au prix du maintien de notre dépendance au gaz albertain, d'autres voudraient que l'on confie son exploitation à une société d'État comme pour l'électricité. Or, en matière d'extraction de minerai, d'hydrocarbures ou d'exploitation d'usines de production de biens, le modèle étatique n'est pas supérieur à celui qui laisse le privé intervenir en lui imposant des normes et des redevances élevées comme l'a fait la Norvège, par exemple. Pour une belle histoire de nationalisation, on ne compte plus les échecs comme celui de l'amiante au Québec, ou du nucléaire au Canada. Il est d'ailleurs plus facile d'amener un gouvernement à intervenir dans les affaires d'une société privée isolée qu'à imposer un virage radical à ses propres monopoles commerciaux, comme les cas de Loto-Québec et d'Hydro-Québec nous le rappellent chaque jour.
Cela étant dit, si les travaux du BAPE sont aussi sérieux et impartiaux que ce que l'on est en droit d'attendre de cet organisme qui tire son mandat d'une loi de l'Assemblée nationale, il restera toujours l'autre question à débattre: celui des coûts et des bénéfices pour la collectivité. Ce débat, c'est aux partis politiques et à la société civile qu'il appartient. Et pour le faire, quoi de mieux qu'une campagne électorale comme ce fut le cas lors de la nationalisation de l'électricité et de la signature de l'Accord de libre-échange?


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