Une «machine à négocier des conditions salariales mirobolantes» dont la culture est «toxique»: la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) doit revoir ses fondements, affirme le Dr Amir Khadir.
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«La Fédération colporte une culture qui est toxique», a dénoncé le microbiologiste-infectiologue Amir Khadir jeudi matin à QUB radio. Selon l’ancien député, les dirigeants syndicaux de la FMSQ devraient réfléchir à l’image négative que l’organisation projette et démontrer que ses dirigeants sont réellement soucieux de l’ensemble des services qu’elle représente.
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Un message difficile à porter
Sans vouloir comparer le travail de la présidente de la FMSQ, Dre Diane Francoeur, à celui de son prédécesseur, Dr Gaétan Barrette, qui a aussi été ancien ministre de la Santé et des Services sociaux, M. Khadir juge plutôt que le message de la Fédération est parfois difficile à passer.
«Mme Francoeur est quand même une femme très humaine [...] elle a énormément de bon sens, mais elle doit porter un message et ce message-là est toxique parfois quand il s’agit uniquement de s’attendre à voir le gouvernement cracher le gros morceau avant d’agir», a-t-il expliqué.
Des médecins de bonne foi
Amir Khadir insiste pour dire que les médecins spécialistes sont de bonne foi et qu’ils étaient loin d’attendre l’appel du premier ministre François Legault, encore moins la fin des négociations salariales, pour prêter main-forte dans la crise.
«Ça n’a pas pris 48 heures, par exemple dans mon hôpital, un médecin ORL jeune dans la quarantaine, alors que ce n’était pas du tout son rôle, on le retrouve aux soins intensifs aidant les autres médecins à intuber des malades. Je pense que personne n’avait négocié pour lui une quelconque entente salariale», a-t-il raconté pour expliquer que la culture dominante des jeunes médecins spécialistes est loin de celle qui est présentement véhiculée.
Si, selon lui, plusieurs médecins spécialistes demeurent sans nouvelle malgré leur proposition envoyée au ministère pour prêter main-forte, la faute serait attribuable au gouvernement qui, dans un état de «désorganisation», peine à mobiliser ses efforts.
«Je pense qu’il faut vraiment pousser pour qu’on arrête d’en faire un espèce de truc d’orgueil et que ça s’organise sur le terrain, qu’on nous donne les formations appropriées et qu’on aille aider», a-t-il dit.
MSF est prête
Médecins Sans Frontières (MSF) est aussi favorable à l’appel lancé par la ministre Danielle McCann, qui faisait état mercredi d’une mission humanitaire à mener à même la province.
«Je suis d’accord que c’est une crise humanitaire ici au Canada, à cause d’impacts divers sur les communautés différentes comme les sans-abris, les autochtones, et aussi les personnes âgées», a convenu le directeur général de Médecins Sans Frontières (MSF), Dr Joe Belliveau au micro de «Dutrizac» à QUB radio.
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Ce dernier affirme que plusieurs médecins et infirmiers de MSF sont prêts à aider au Québec, même si les activités à l’international doivent, à son avis, se poursuivre en parallèle. «Il y a des guerres qui continuent, qui étaient là avant la COVID-19. Il y a des gens qui sont exposés aux autres virus, comme la tuberculose, le choléra et l’Ebola», a-t-il rappelé.
Selon M. Belliveau, l’expertise développée par ses médecins durant d’autres épidémies peut assurément être utile dans la situation actuelle.