Combien, parmi les 52 pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie, interviennent dans les réunions internationales en anglais et n’enseignent pas le français comme « première ou deuxième langue seconde » dans leurs écoles ? Personne ne le sait vraiment, mais il ne fait aucun doute que la liste est longue. C’est une situation qui doit cesser, estime l’ambassadeur à Paris du Congo Brazzaville, Henri Lopes.
Au Forum mondial de la langue française qui se termine aujourd’hui à Québec, cet ancien ministre de l’Éducation et auteur de sept romans a prononcé un long réquisitoire contre ces pays pour qui la promotion du français est la dernière des préoccupations. L’ambassadeur et écrivain va jusqu’à proposer que l’on puisse suspendre un membre qui n’assume pas ses devoirs, exactement comme l’OIF suspend les pays qui enfreignent la démocratie. Et il le dit sans détour : « De même qu’un État membre peut être suspendu pour manquement grave à la démocratie, nous devrions pouvoir suspendre ceux qui, comme on dit ici, “ se câlissent ” de la vie de notre langue et de son avenir. » Selon lui, la Francophonie « ne saurait être un club au sein duquel les membres n’auraient que des droits. En entrant à l’OIF, nous avons tous des devoirs envers notre langue. Nous avons des résultats à produire et avons des comptes à rendre ».
Lopes exprimait une opinion partagée par de nombreux militants de la Francophonie. Le premier devoir des membres, dit-il, devrait être d’utiliser le français dans les organisations internationales partout où ils le peuvent. Le second devrait consister à redonner au français sa place dans leur système d’éducation. Il faudrait, dit-il, obliger les pays à rendre des comptes à ce sujet avant chaque sommet francophone.
Déjà, le secrétaire général, Abdou Diouf, avait présenté un vade mecum résumant les règles à suivre par chaque pays. Mais jamais l’OIF n’a cherché à vérifier si les pays se conformaient à ces règles ou les ignoraient. Il faudrait, dit Lopes, que les réunions du Conseil permanent de la Francophonie, qui se réunit entre les sommets, comporte « systématiquement un rapport sur l’état de la langue française dans les pays membres de notre organisation ». Celui-ci devrait rendre compte des actions prises par chaque pays et exercer une vigilance dans les organisations internationales, notamment à l’ONU.
À l’OIF, dit-il, « la langue française n’est pas une discipline annexe, facultative et à option ». Ce n’est peut-être pas un hasard si Henri Lopes est l’auteur d’un roman mettant en scène un Ubu roi tropical au titre éloquent : Le pleurer-rire.
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Abdou Diouf au chevet de son épouse
Malgré les rumeurs les plus folles qui circulent depuis quelques jours, Le Devoir a obtenu confirmation que le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, a dû quitter précipitamment le Forum mondial de la langue française mardi pour des raisons strictement personnelles.
Abdou Diouf n’a pas « filé à l’anglaise », comme on l’a écrit, mais est rentré à Paris pour être au chevet de son épouse qui a été opérée vendredi dernier à cause des suites d’un accident survenu plus tôt. En fait, le secrétaire général a eu besoin de tout son courage pour venir inaugurer ce Forum malgré l’épreuve qu’il traversait. C’est une pudeur, assez courante en France et en Afrique, et des traditions médiatiques différentes qui l’ont amené à rester discret sur les causes précises de son départ.
Forum mondial de la langue française
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