La semaine dernière, j’ai vu pour la troisième fois le spectacle Odysseo de Cavalia. Et j’ai vécu le même coup de foudre que la première fois. C’est un moment de magie, de poésie et de tendresse comme on en voit rarement sur une scène.
C’est pourquoi je suis tombée en bas de ma chaise quand j’ai appris dans Le Journal que des militants « antispécistes » (qui considèrent que l’humain n’est qu’un animal comme les autres) avaient vandalisé des affiches du spectacle Cavalia en y apposant des slogans comme « Vous maltraitez les animaux » ou « Cessons d’opprimer les autres animaux ». Youhou, les militants, vous n’avez rien compris. Cavalia c’est au contraire la plus formidable des déclarations d’amour au cheval.
Un animal noble et puissant
Cette année, on a ajouté un numéro époustouflant. Sylvia Zerbini dirige avec doigté et douceur un groupe de 12 chevaux. C’est un moment magique où l’on retient son souffle. Elle flatte les bêtes sur le museau, leur lance des ordres avec une voix de velours, et leur fait exécuter des déplacements tout en douceur. Je vous jure, on a l’impression que Zerbini et les chevaux parlent le même langage, qu’ils se comprennent d’un regard. Ce numéro est le plus bel exemple que j’ai vu de ma vie de la relation privilégiée qu’un humain peut entretenir avec un animal. D’égal à égal. Et c’est ce spectacle-là que des militants ignares choisissent de salir en accolant des affiches « Cessons d’opprimer les autres animaux » ?
Les chevaux ne sont pas « opprimés » dans Odysseo, ils sont admirés, flattés, respectés. Tout au long du spectacle, j’étais frappée par le nombre de fois où les humains félicitaient les chevaux, les caressaient, les flattaient, avec dans le regard ce mélange de respect et d’admiration.
Et le public était dans le même état : à la fois impressionné par la puissance de l’animal et ému par la grâce de sa démarche. Dans un des plus beaux moments du spectacle, chaque cheval dépose sa tête sur le cou du cheval situé à ses côtés. Le tableau est bouleversant. S’il y a un spectacle qui nous fait prendre conscience du lien fort qui nous unit aux animaux, c’est bien Odysseo.
Assister à Odysseo, c’est une leçon d’humilité et d’humanité. On se sent bien petits devant ces êtres puissants, mais on sait aussi que sans eux, sans leur présence à nos côtés depuis des millénaires, nous n’aurions pas pu nous développer comme civilisation.
Ce que raconte Odysseo, c’est l’aventure sur terre de deux êtres qui ont besoin l’un de l’autre, l’homme et le cheval.
Si les militants antispécistes avaient vu des milliers d’enfants et adultes craquer devant le charme des chevaux, s’ils avaient pu visiter les écuries comme je l’ai fait et voir l’amour porté aux animaux, s’ils avaient pu parler avec Normand Latourelle et vu les étoiles dans ses yeux quand il parle des chevaux, ils auraient peut-être compris qu’ils se trompaient carrément de cible.
Bienvenue en Absurdistan
Décidément, l’été 2018 aura été marqué par des controverses absurdes. Un spectacle hommage aux esclaves considéré comme colonialiste ; un spectacle hommage à la culture autochtone considéré comme trop Blanc ; et un spectacle hommage aux chevaux accusé de déconsidérer les chevaux. C’est le monde à l’envers !