La lune de miel est terminée entre Donald Trump et la Cour suprême des États-Unis qui s’est attiré les foudres du président jeudi, en lui interdisant de mettre un terme au statut protecteur de 700 000 jeunes migrants, les « Dreamers ».
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La Cour a jugé « capricieuse » et « arbitraire » la volonté de l’administration républicaine de supprimer un programme baptisé DACA, adopté en 2012 par le président démocrate Barack Obama pour protéger ces jeunes de l’expulsion.
C’est un vrai soulagement pour les « Dreamers » (rêveurs), arrivés clandestinement dans leur enfance sur le sol américain, qui risquaient de retomber dans l’illégalité. « C’est comme si on avait enlevé 100 kilos de ma poitrine », a confié à l’AFP Geraldine Chinga, née au Pérou il y a 29 ans.
Lundi, la plus haute juridiction des États-Unis avait déjà étendu les droits des salariés homosexuels et transgenres malgré l’opposition de l’administration.
Elle « crache à la figure des gens fiers de se considérer comme républicains ou conservateurs », a critiqué Donald Trump, en dénonçant dans un tweet au vitriol des décisions « horribles » et « orientées politiquement ».
« Avez-vous l’impression que la Cour suprême ne m’aime pas ? », a poursuivi le locataire de la Maison Blanche dans sa première attaque contre l’institution qu’il a profondément remaniée.
« Laide et cruelle »
Pendant la campagne de 2016, il avait conquis la droite religieuse en promettant de nommer des juges proches de ses valeurs au sein du temple du Droit. Une fois à la Maison Blanche, il y a fait entrer deux nouveaux magistrats, solidifiant la majorité conservatrice de la Cour (cinq juges sur neuf).
Jusqu’ici, Donald Trump ne cessait de vanter ces « deux juges formidables », devenus des arguments en faveur de sa réélection.
Mais l’un d’eux, Neil Gorsuch, a joint lundi sa voix à celle de ses quatre collègues progressistes et jeudi, c’est le chef de la Cour suprême, le conservateur modéré John Roberts, qui a rallié leur camp.
« Nous ne disons pas si DACA ou sa suppression étaient des politiques fondées », a-t-il écrit au nom de cette majorité. « Nous avons seulement cherché à savoir si le gouvernement avait suivi les règles de procédure et fourni une explication raisonnée à son action », a-t-il poursuivi. Et, selon lui, « il a échoué ».
Même s’il ne leur accorde toujours pas de statut légal, cet arrêt permet aux « Dreamers » de se maintenir sur le sol américain et de conserver un numéro de sécurité sociale, précieux sésame pour étudier, travailler ou conduire aux États-Unis.
Saluant une « victoire » pour ces jeunes, devenus « ingénieurs, médecins, avocats... », le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a promis que s’il était élu le 3 novembre, il proposerait une loi au Congrès pour inscrire leur statut dans le marbre.
« La décision de Trump de suspendre le programme DACA était l’une des plus laide et cruelle jamais prise par un président et il a perdu », s’est également félicité son ancien rival dans la course à l’investiture démocrate Bernie Sanders.
« Leur pays »
Le monde économique, religieux et associatif s’est fait l’écho de ces satisfécits. « Notre nation dépend de professionnels talentueux comme les bénéficiaires du DACA », a souligné l’association TechNet qui représente des employeurs du secteur des hautes technologies.
Pour la grande association de défense des droits civiques ACLU, cette décision «confirme ce que nous avons toujours su: l’Amérique est leur pays».
Les défenseurs de ces jeunes ont, tout au long de la procédure, insisté sur l’importance de leur contribution à la vie des États-Unis. En avril, ils avaient transmis un nouvel argumentaire à la Cour pour souligner le rôle joué par ces jeunes migrants, dont près de 30 000 travaillent dans le secteur de la santé, dans la réponse à la pandémie de Covid-19.
Donald Trump, conscient de leur popularité dans l’opinion publique, a toujours soufflé le chaud et le froid sur les «Dreamers».
«Beaucoup de bénéficiaires de DACA, plus tout jeunes, sont loin d’être des +anges+», avait-il notamment tweeté le jour de l’audience, le 12 novembre, tout en promettant de chercher une solution pour qu’ils puissent rester sur le sol américain.
Dans le passé, il avait essayé de les utiliser comme monnaie d’échange avec son opposition, proposant de leur accorder un statut définitif contre des financements pour son mur à la frontière avec le Mexique.
Trump dénonce des décisions de la Cour suprême « horribles » et « orientées politiquement »
Le président américain Donald Trump a dénoncé jeudi des décisions « horribles » et « orientées politiquement » de la Cour suprême des États-Unis, qui lui a infligé deux revers en l’espace de quelques jours dans deux dossiers différents.
Avec ses jugements sur les droits des salariés gais et transgenres et le statut de centaines de milliers de jeunes migrants, le temple du droit américain « crache à la figure des gens fiers de se considérer comme républicains ou conservateurs », a-t-il écrit sur Twitter.
« Avez-vous l’impression que la Cour suprême ne m’aime pas ? », s’est-il également interrogé, dans sa première attaque frontale contre la Cour suprême, qu’il avait promis lors de sa campagne de 2016 de faire pencher du côté conservateur.