Et on ose appeler ça du français ?

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Le discours du Trône, une confirmation symbolique : le multiculturalisme a évacué le bilinguisme français-anglais. À quand l’indépendance du Québec ?


Apparemment, Mary Simon a prononcé quelques mots en français lors du discours du Trône, mardi, à Ottawa.


Je dis apparemment, parce que lorsqu’on l’écoute, on se demande de quelle langue il s’agit. Ceux qui ont un peu de mémoire ne pourront s’empêcher de penser à l’imitation de Wayne Gretzky parlant français, proposée par RBO il y a quelques décennies.


Bilinguisme


Évidemment, les fédéralistes aplatis au service du régime canadien ont voulu s’émouvoir des progrès de la gouverneure générale. Quelle dame exceptionnelle !


Je veux bien croire en ses qualités personnelles, mais si nous prenons un tout petit peu au sérieux le principe du bilinguisme officiel au Canada, et si nous considérons que ses représentants officiels doivent maîtriser le français et l’anglais, il faut bien convenir que cette vénérable dame n’avait pas les qualités requises pour occuper ses nouvelles fonctions.





Il ne s’agit pas de se moquer de ses efforts, mais de comprendre le message qui nous est envoyé : le français n’est pas une langue à maîtriser.


Au mieux, il retrouvera quelques droits folkloriques en tant que langue parmi d’autres composant la diversité canadienne.


Parlons un instant du bilinguisme canadien. Lors de la nomination de Mary Simon, des petits malins ont voulu nous expliquer que contrairement à notre impression, elle était bilingue, mais que son bilinguisme était anglais-inuktitut. Ils confirmaient par là le caractère optionnel du français au Canada.








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Le gouvernement Trudeau ne pense pas autrement : personne ne pourrait imaginer un instant la nomination d’un gouverneur général parlant anglais comme Mary Simon parle français.


Mais nous comprenons le message : le français n’est plus constitutif de l’identité politique canadienne. Le multiculturalisme a remplacé le bilinguisme comme symbole collectif.


Comment ne pas faire le lien entre ce discours et celui de Michael Rousseau, à Montréal, il y a quelques semaines à peine ?


On s’en souvient, il s’était lui aussi contenté de quelques mots laborieux en français, avant d’expliquer, après sa conférence, que c’était à l’honneur de Montréal qu’on puisse y vivre 14 ans sans en apprendre un mot. J’ai cru comprendre que certains analystes refusent de penser ensemble ces deux événements. Grave erreur. Dans les deux cas, pour exercer des fonctions essentielles, dans le domaine politique ou dans le domaine des affaires, le français n’est plus jugé nécessaire. À travers tout cela, c’est le Canada tel qu’il est devenu qui se dévoile.


Nationalisme


Il n’a plus rien à voir avec la vision fantasmée qu’en conservent certains Québécois, accrochés au mythe des deux peuples fondateurs, auquel ils sont les seuls à croire – auquel ils sont les seuls à avoir jamais cru, d’ailleurs.


Dans ce Canada, quoi qu’on en dise, on ne peut s’affirmer sans se séparer. On s’en sépare ou on s’y couche. La structure constitutionnelle, l’idéologie officielle et la réalité démographique du pays nous y condamnent. Il est à prendre ou à laisser.


Étrangement, certains leaders brandissant l’étendard nationaliste préfèrent encore le prendre plutôt que le laisser.











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