Entre l'angélisme libéral et l'alarmisme péquiste

Je suis franchement surpris, pour rester poli, de l‘attitude condescendante d’André Pratte

Le français à Montréal


Je viens tout juste de lire [l’article d’Yves Boisvert dans le journal La
Presse du mercredi 16 janvier->11202]. Comme lui, j’ai été très surpris, en lisant
le reportage de la journaliste du Journal de Montréal, de constater qu’on
faisait une grosse manchette sur la « Difficulté d’être servi en français à
Montréal » en affirmant que sur 97 tentatives en vue d’obtenir un emploi
alors qu’on ne maîtrisait pas le français, on y était parvenu 15 fois.
Les 15 réussites sont, bien sûr, détaillées alors que les 82 échecs sont
passés sous silence. J’aurais bien aimé, au nom de la rigueur
journalistique, connaître les raisons desdits échecs.
En réponse à cet article, [André Pratte écrit en éditorial dans La Presse->11207] :
« N’a-t-on rien appris de l’affaire des accommodements raisonnables ? Avant
de monter sur ses grands chevaux à partir d’informations fragmentaires, ne
devrait-on pas disposer d’un portrait complet de la situation ? » Et
celui-ci de poursuivre son analyse en citant le rapport de l’Office
québécois de la langue française de l’automne 2006 affirmant que sur 2500
commerces visités au centre-ville de Montréal : « L’accueil se fait en
français plus de quatre fois sur cinq et le service est en français quelque
neuf fois sur dix ».
Le problème, c’est que cette information ne nous prouve en rien qu’elle
repose sur un portrait “complet” de la situation. Dans [un très intéressant
article diffusé sur Vigile.net, Patrrick Bourgeois du RRQ->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article371] nous raconte en
détail ses tentatives afin d’obtenir une copie du rapport de l’Office
québécois de la langue française, le document étant PUBLIC. Même après le
dépôt d’une demande, via la loi d’accès à l’information, après du ministère
des Communications et de la Culture, il a dû se résoudre à déposer une
seconde demande de révision afin d’obtenir de l’OLF une copie dudit
rapport. Une véritable saga, et pour preuve, cet extrait de son article :
“La fonctionnaire m’a quand même dit qu’elle me ferait parvenir les
documents qu’ils avaient au ministère et qui concernaient ce dossier.
Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir par la suite une lettre dans
laquelle on me disait que l’OLF n’avait jamais remis de copie de l’enquête
au ministère de la Culture. Pourtant, Line Beauchamps, alors à la tête de
ce ministère, vantait allègrement l’étude, elle se disait très contente que
le français aille si bien au Québec ”
Je suis franchement surpris, pour rester poli, de l‘attitude
condescendante d’André Pratte et de ceux qui comme lui, font feu de tout
bois et prétendent être mieux informés de tenants et aboutissants des
questions dont ils débattent. Il semble bien que contrairement à ce qu’il
affirme et que, comme pour « l’affaire Hérouxville », on a tiré des
conclusions sans disposer d’un portrait complet de la situation. Aussi bien
chez les défenseurs de la langue française que chez les pourfendeurs de
l’anglicisation, le manque de rigueur et la propension au « chialage »
l’emportent-ils sur l’honnêteté intellectuelle et l’objectivité.
N’ayez crainte, je ne suis pas de ceux qui croient que la langue française
se porte bien au Québec. Je suis en contact régulier avec le public, le
monde de la culture et des arts ainsi qu’avec des entreprises de services
et je ne crains pas d’affirmer haut et fort que nous marchons sur une corde
raide en ce qui a trait au français parlé et écrit au Québec. Cependant, ce
ne sont pas des enquêtes bâclées comme celle du journal de Montréal ou des
analyses exsangue comme celle d’André Pratte qui me convaincront; ni plus
d’ailleurs que l’attitude navrante, à l’image de celle de son parti, de
notre ministre de la culture Christine Saint-Pierre ou de « la chef »
Pauline Marois qui déclare qu’il est : « Clair qu’on est presque revenu à
la situation qui prévalait avant l’adoption de la loi 101. »
Faut quand même pas exagérer. Allons Mme Marois, c’est un pays que nous
voulons faire, pas du capital politique avec n’importe quoi pourvu que ça
serve nos intérêts. Entre l’angélisme libéral et l’alarmisme péquiste, je
préfère de loin l’appel à l’intelligence et à la réflexion d’un Gérald
Larose. Cela dit pour ceux qui veulent vraiment faire un pays.
Claude G. Thompson
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    17 janvier 2008

    Il faut lire la chronique de Benoît Aubin :
    http://www.canoe.com/infos/chroniques/benoitaubin/archives/2008/01/20080117-092501.html
    Aubin répond sans ambages à Marissal et Boisvert. Les deux perdent toute crédibilité. Je me demande encore pourquoi Radio-Québec et en partie Marie-France Bazzo leur donnent encore une tribune?