La francisation des immigrants qui ne sont pas d'influence latine - les Chinois, les Indiens, les Slaves, etc. - stagne autour de 15 % depuis 30 ans.
Photo archives La Presse
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Un peu plus du tiers des immigrants demeurent imperméables à toutes les mesures de francisation depuis 30 ans et travaillent surtout en anglais. Inquiet, le Conseil supérieur de la langue française presse le gouvernement Charest de donner un grand coup de balai pour améliorer l'intégration et la francisation des nouveaux arrivants.
Tous les immigrants devraient être obligés de suivre dès leur arrivée un cours d'initiation à la société québécoise, recommande le Conseil dans un avis intitulé Le français, langue de cohésion sociale et rendu public hier. Parmi ses 20 recommandations, l'organisme propose également une réforme majeure: regrouper tous les services d'intégration et de francisation dans les écoles.
En dépit de quelques tendances positives, comme le fait que les immigrants sont de plus en plus nombreux à connaître le français, le Conseil observe que «le chemin parcouru est largement insuffisant dans certains domaines et appelle à l'action»:
« Moins de la moitié des allophones utilisent surtout le français au travail et dans les communications publiques;
« La francisation des immigrants qui ne sont pas d'influence latine -les Chinois, les Indiens, les Slaves, etc.- stagne autour de 15% depuis 30 ans (67% travaillent en anglais et 18% dans les deux langues). Ils représentent 35% de l'ensemble des immigrants;
« L'usage du français au travail dans l'île de Montréal par les allophones n'a pas progressé depuis 30 ans.
«Il y a des données qui justifient certaines inquiétudes», a affirmé le président du Conseil supérieur de la langue française (CSLF), Conrad Ouellon, en conférence de presse. Selon lui, pour rejoindre les immigrants qui échappent aux mesures d'intégration de l'État, la solution passe par l'école. La réforme proposée est titanesque. L'école aurait une «nouvelle vocation», celle d'assurer l'intégration, la francisation et la socialisation des immigrants. Les services destinés aux nouveaux arrivants, actuellement éparpillés dans plusieurs ministères et organismes, devraient y être regroupés. Trop d'immigrants s'égarent dans un dédale bureaucratique, déplore le Conseil. L'école deviendrait un «guichet unique» de services, «le vecteur de la cohésion sociale».
Selon l'organisme, c'est également l'école qui devrait donner le cours d'initiation à la société québécoise, obligatoire pour tous les nouveaux arrivants. Cette formation viserait à les «sensibiliser» à l'histoire du Québec, à sa culture, à sa langue, à ses valeurs fondamentales. Ce serait un cours «étoffé», a noté Conrad Ouellon.
Le Conseil souligne «l'urgence d'agir» dans les petites et moyennes entreprises. Aucun portrait de la situation linguistique n'a été réalisé au sujet de ces entreprises qui ne sont pas soumises à toutes les obligations de la loi 101, déplore son président. Le gouvernement devrait recourir beaucoup plus souvent à une disposition de la loi 101 qui lui permet d'obliger certaines entreprises de moins de 50 employés qui connaissent des problèmes de francisation à corriger la situation et à obtenir un certificat. «Il reste une somme de travail importante à faire pour améliorer l'usage du français au travail», a affirmé M. Ouellon.
Le Conseil demande au gouvernement «d'agir d'urgence» et «massivement», «d'augmenter substantiellement les ressources financières» destinées à la francisation et à l'intégration des immigrants. D'autant plus qu'il compte en accueillir jusqu'à 55 000 par année d'ici 2010.
Le gouvernement a déjà annoncé des investissements supplémentaires dans son dernier budget, a répondu la ministre de la Culture et responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre. Elle trouve «intéressante» l'idée de faire de l'école un guichet unique de services pour les immigrants. Mais elle compte «prendre le temps d'étudier» l'avis avec ses collègues avant de dire quelles recommandations seront retenues.
Selon le député adéquiste Sébastien Proulx, l'avis du CSLF représente «un autre blâme au dossier du gouvernent libéral» car il identifie des «lacunes» dans la francisation des nouveaux arrivants. Selon la chef péquiste Pauline Marois, Christine St-Pierre n'a annoncé que «des mesurettes» au cours des derniers mois et elle devra «refaire ses devoirs».
Le tiers des immigrants imperméables aux mesures de francisation
La francisation des immigrants qui ne sont pas d'influence latine - les Chinois, les Indiens, les Slaves, etc. - stagne autour de 15 % depuis 30 ans.
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