Loi 101: arrêtez la thérapie!

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Le français à Montréal


La loi 101 a été ouvertement conçue - par un psychiatre - comme une psychothérapie collective. Or le corollaire d'une psychothérapie (sauf dans les films de Woody Allen), c'est d'avoir une échéance.

Redonner un «visage français» à Montréal (le reste du Québec s'en tire très bien sans loi 101) n'était pas le but de la thérapie originelle, mais seulement un de ses effets incidents. Aussi, ce n'est pas à cet aulne qu'il faut mesurer son succès, qui serait, il est vrai, plus que relatif. Le but premier de la thérapie - de ce nécessaire électrochoc - était de casser la psyché Nègre blanc/Rhodésien qui était celle des Canadiens français et des Anglais à l'époque. Et ça, c'est réussi.
Il reste bien quelques éternels persécutés de part et d'autre. Il y en aura toujours. Mais, en 2008, lorsque francophones et anglophones se rencontrent dans le Mile-End pour faire une musique qui trouve désormais des échos planétaires, personne n'est le supérieur hiérarchique de l'autre. Cette jeunesse chante en anglais? So what! En Scandinavie aussi on chante en anglais. Björk est-elle moins islandaise pour autant? Il s'en trouve sans doute pour le dire, mais ceux-là, comme d'autres, ont raté un train qui s'appelle mondialisation.
Mais voilà que le PQ, après 30 ans de traitements, veut non seulement nous garder sur le divan, mais aussi doubler les doses! Pitié, non! Heureusement que sa disparition est programmée à plus ou moins brève échéance. Il reste à souhaiter que le premier de cordée entraîne dans sa chute ces groupuscules nationalistes qui confondent allègrement, comme lui, la question linguistique et l'objectif de l'indépendance. Qu'on se le dise une fois pour toutes: un Québec indépendant ne sera pas plus français qu'il ne l'est déjà en restant fédéré. À tout prendre, il le sera moins. C'est donc la dernière raison pour voter Oui.
Des exemples, tout bêtes, comme ça: la république du Québec commettra-t-elle l'odieux de refuser des réfugiés politiques sur une base linguistique? Fermera-t-elle ses institutions anglaises? Privera-t-elle ses citoyens francophones, dès l'enfance, de maîtriser correctement la lingua franca contemporaine?
La langue et l'indépendance, c'est deux choses. Les Irlandais l'ont compris, eux qui ont réalisé l'indépendance tout en ayant abandonné le gaélique d'Irlande pour la langue de leurs conquérants. Et si certains Écossais veulent quitter à leur tour le Royaume-Uni (comme certains Albertains veulent quitter le Canada), ce n'est pas pour une question d'accent. C'est parce qu'ils estiment que leur intérêt (ou leur portefeuille, mais ces choses se confondent souvent) est mieux servi par l'indépendance. Le jour où tout Québécois, quelle que soit sa langue d'usage, en viendra à la même conclusion, l'indépendance sera chose faite.
Préserver l'héritage français est un programme de la vieille droite cléricale, qui reprend le flambeau des curés du XIXe siècle, de l'ordre de Jacques-Cartier, et désormais des réacs de région, qui veulent nous refaire en prime une revanche des berceaux. C'est du vieux bleu, duplessiste, identitaire et clanique.
Un parti indépendantiste républicain n'a pas d'affaire dans ce champ idéologique. Fonder une nouvelle république est un programme de gauche révolutionnaire... Rouge écarlate! On ne quitte pas une monarchie en brandissant une fleur de lys.
Les Patriotes avaient compris cette plate évidence, mais nous avons immensément régressé, idéologiquement, depuis 1837.
Il faut, dès lors, non pas renforcer la loi 101, mais bien l'abroger. Le Québec doit arrêter de prendre ses pilules. Il est guéri.
***
Photo François Roy, La Presse
Philippe Navarro
Titulaire d'une maîtrise en sciences politiques, l'auteur est un ancien attaché politique du Parti québécois.

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Philippe Navarro, détenteur d'une maîtrise en sciences politiques, ancien attaché politique du Parti québécois. Maître en relations internationales et auteur de science-fiction, il a publié le roman d’anticipation Delphes en 2005. Il est aussi le leader du groupe Water On Mars, en nomination à l’ADISQ pour le meilleur album de musique électronique.





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