Élève Zemmour, pas d’identité sans souveraineté!

Écoutez vos maîtres Séguin et Garaud

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Passée sous régime fédéral, la France se retrouve aujourd'hui dans la même situation que le Québec


Dans son dernier livre, Eric Zemmour n'a qu'un mot à la bouche : identité. C'est oublier que sans recouvrer sa souveraineté, la France ne pourra jamais redevenir elle-même.





Eric Zemmour publie un nouveau livre, recueil de ses chroniques sur RTL auquel il a ajouté une préface d’une cinquantaine de pages. C’est dans cette préface, dont Le Figaro Magazine a publié les bonnes feuilles, que j’ai découvert le virage important qu’a emprunté le désormais ancien apôtre du souverainisme sur les plateaux de télévision.


Pour Zemmour, souhaiter recouvrer la souveraineté, c’est devenu has been. Seule compte désormais l’identité, menacée. Notre législation écrite ailleurs, notre défense soumise à l’OTAN, notre monnaie dirigée depuis Francfort, notre budget passé sous les fourches caudines de Bruxelles, peu lui chaut. Ce qui compte, c’est l’identité, rien que l’identité. Afin de démontrer à quel point le chroniqueur de RTL se fourvoie, laissons parler deux personnes dont l’identité ne laissera pas Eric Zemmour insensible :


« La souveraineté abolie, resterait aux nations leur identité. Le terme ne peut alors recouvrir qu’un contenus imprécis, dans lequel entreraient coutumes, mœurs, rites, langue, histoire, originalités sociologiques.


Les Grecs savaient déjà qu’une cité qui veut conserver ses dieux et ses temples doit d’abord rester une entité libre sur la scène de l’Histoire. S’il n’est pas pour une nation de véritable conservation de son identité sans sa souveraineté, c’est précisément parce que l’autorité nationale a fait la synthèse des éléments ethniques avec les valeurs spirituelles et morales. Après tout, les Indiens, dans leurs réserves, gardant leurs plumes et leurs tentes, ne sont assurés que d’une identité fort réduite dans un ordre national qui leur échappe.


L’identité nationale se maintient aussi comme une mémoire de son passé. Comment la nation qui n’est plus, ni grande, ni même souveraine, entretiendrait-elle la mémoire de la France ? Que resterait-il de l’histoire de France si quelque norme européenne venait interdire aux Etats un enseignement qui ne faciliterait pas assez l’abandon de souveraineté ? Qui interdirait le rappel de principes révolutionnaires, puisque ceux-ci proclament la souveraineté de la nation ? […]


Or, la Communauté aurait parfaitement le droit de se mêler de tout cela en vertu de  l’article 126 : « L’action de la Communauté vise à développer la dimension européenne dans l’éducation… » Elle pourrait parfaitement bannir de nos cultures ce qui contrarie son aspiration à un Etat fédéral intégré. »


Ceux qui répondent ainsi à Eric Zemmour s’appellent Marie-France Garaud et Philippe Séguin, dans un livre publié il y a vingt-quatre ans pendant les débats sur Maastricht. Ils expliquent que la quête de la souveraineté est première si on souhaite préserver son identité. Qu’abandonner cette recherche pour préserver cette dernière constitue plus qu’un leurre, une faute politique gravissime. Qui ne voit que l’avertissement de Garaud et Séguin était prémonitoire ? Qui ne comprend  que notre perte de souveraineté a permis l’émergence d’autres communautés que la communauté nationale ? Qu’elle a permis la concurrence des affirmations identitaires ?


Marie-France Garaud et Philippe Séguin le disent à Eric Zemmour de la plus belle façon : « vous mettez la charrue avant les bœufs ! »


De l’Europe en général et de la France en particulier – Marie-France Garaud et Philippe Séguin – Editions Le Pré aux Clercs –1992.












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