Ajouter des écoles aux bons endroits, laisser les immigrants exercer leurs talents et s'occuper de l'est de l'île... En vue des prochaines élections provinciales, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a exprimé plusieurs attentes à l'égard des partis qui se disputeront le pouvoir.
«Ça suffit de créer des nouveaux quartiers sans avoir pensé aux écoles! Ce qui se passe, c'est inacceptable. Il y a une crise majeure un peu partout. [...] On veut que les différents partis se commettent», a lancé la cheffe de Projet Montréal (PM) lors du congrès annuel de sa formation, qui avait lieu dimanche à l'Université du Québec à Montréal. Quelque 350 membres et élus s'y trouvaient réunis pour la première fois depuis leur victoire du 5 novembre.
«Il faut mettre en place des mécanismes pour s'assurer que les nouveaux arrivants se trouvent une job. C'est vital. Toute proposition politique qui va aller dans ce sens-là sera bien accueillie; le contraire, beaucoup moins.»
Pour Mme Plante, le gouvernement doit par ailleurs aider Montréal à saisir les occasions de se réapproprier les berges et aider la Ville à revitaliser l'est de l'île, «qui a besoin d'amour, besoin d'investissement», car «la ligne bleue qui s'en vient, ce n'est pas assez».
«On n'acceptera pas qu'un gouvernement nous dise de quelle façon, où, quand, comment on va gérer notre territoire par rapport au cannabis», prévient enfin la mairesse.
Fière
Tout au long de son discours d'une demi-heure, Mme Plante a répété plusieurs fois être très fière des projets que PM a mis en branle en six mois - comme l'achat d'autobus hybrides, le réaménagement de la rue Sainte-Catherine, l'ajout de véhicules en libre-service et l'ajout d'entraves à la circulation sur le mont Royal.
En février, les deux tiers des répondants à un sondage Ipsos-La Presse se disaient néanmoins insatisfaits de l'administration Plante, lui reprochant surtout d'avoir haussé les taxes de 3,3% - soit au-delà de l'inflation, contrairement à ce qu'avait promis Projet Montréal.
Lors de son discours, Mme Plante a dit qu'il fallait «accompagner la population», «expliquer [leur] démarche» pour vaincre les résistances au changement.
«Je suis très confortable avec les critiques dans la mesure où je sais qu'on ne peut jamais satisfaire tous les intérêts individuels», a dit la mairesse, en précisant agir en fonction du bien commun et des générations futures.
«Il fut un temps où on nous disait que [nos] idées étaient complètement folles ou même radicales. [...] Toutes ces idées qui étaient jugées radicales par certains sont reprises.»
Des mécontents
En matinée, des critiques ont toutefois surgi de l'intérieur. La moitié des participants ayant eu l'occasion d'interroger les élus ont affiché leur mécontentement au sujet du projet de Réseau express métropolitain (REM).
Des experts en transport et des écologistes affirment qu'il coûtera des milliards et perturbera plusieurs secteurs, sans vraiment réduire ni la congestion routière ni la pollution.
Un opposant au projet a accusé son parti d'avoir «perdu une partie de son âme depuis les élections», tandis qu'une résidante de Verdun a qualifié le soutien de Projet Montréal au REM de «désastreux», et a demandé si les conseillers étaient bâillonnés à ce sujet. La mairesse de Lachine, Maja Vodanovic, lui a fait écho.
Une autre membre a reproché à l'administration Plante de ne pas avoir augmenté le salaire minimum de ses employés à 15 $, comme promis, et de ne pas fermer la porte au financement d'un stade de baseball.
S'adapter au pouvoir et l'étendre
La mairesse a prononcé son discours de dimanche dans la salle où elle avait pris la parole il y a un an, alors qu'elle avait invité ses supporteurs à «rêver».
Elle veut maintenant élargir les bases de sa formation, qui dirige aujourd'hui onze mairies d'arrondissement, contre deux avant les dernières élections.
«On a quatre ans pour montrer ce qu'on est capables de faire et donner le goût aux Montréalais et aux Montréalaises de nous donner un autre mandat.»