Un nouveau sondage réalisé pour La Presse canadienne semble indiquer que la controverse sur SNC-Lavalin est en train de se dissiper pour les libéraux fédéraux, qui envisagent une lutte serrée avec les conservateurs à moins de trois mois des élections.
Dans un sondage mené plus tôt ce mois-ci, la firme de sondage Léger rapporte 36 % de soutien pour les conservateurs parmi les électeurs décidés, contre 33 % pour les libéraux.
La firme note que le soutien aux conservateurs a diminué de deux points de pourcentage depuis la dernière enquête effectuée en juin, tandis que le soutien aux libéraux a augmenté de quatre points de pourcentage.
Avec un soutien de 12 % parmi les répondants de Léger, les verts devancent légèrement les 11 % des néo-démocrates. Le Bloc québécois a été favorisé à 4 % et le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier, à 3 %.
Le dernier sondage a été mené auprès de 1536 Canadiens admissibles au vote ayant été recrutés à partir d’un panel en ligne formé à cette fin.
Dans son rapport, Léger précise ne pas pouvoir fournir de marge d’erreur pour un panel internet, car la méthode ne fournit pas un échantillon réellement aléatoire. Mais à des fins de comparaison, un «échantillon probabiliste» aurait une marge d’erreur de plus ou moins 2,5 %, 19 fois sur 20.
Retour au niveau d’appuis pré-controverseLe vice-président de Léger, Christian Bourque, a déclaré dans une entrevue que les libéraux avaient retrouvé le niveau de soutien qu’ils avaient avant la controverse sur SNC-Lavalin, qui avait vu l’ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, démissionner du cabinet du premier ministre Justin Trudeau.
À la fin du mois de février, Mme Wilson-Raybould a témoigné devant le comité de la justice de la Chambre des communes, affirmant que de nombreux membres du gouvernement avaient «déployé des efforts constants et soutenus» pendant environ quatre mois pour s’ingérer dans l’exercice de son pouvoir discrétionnaire en matière de poursuite. Elle a indiqué que ces personnes voulaient qu’elle organise une sorte de négociation de plaidoyer pour la firme québécoise SNC-Lavalin, accusée de corruption liée à des transactions en Libye.
La collègue de Mme Wilson-Raybould, Jane Philpott, a également démissionné en raison de la gestion de l’affaire par M. Trudeau, et les deux ont ensuite été expulsées du caucus libéral.
La controverse a été liée à la détérioration de l’appui envers les libéraux au cours de l’hiver, a déclaré M. Bourque.
«Nous avons assisté à une augmentation (nationale) de 36 % à 40 % pour les conservateurs à la fin du mois d’avril, ce qui correspond à l’apogée de la crise», a-t-il dit, ajoutant que l’appui aux libéraux a glissé pendant ce temps.
M. Bourque a souligné qu’au Québec, les conservateurs étaient légèrement en avance lors du sondage d’avril de Léger, mais que les libéraux ont repris une avance pas exactement confortable, mais suffisamment substantielle pour qu’ils puissent recommencer à penser au nombre de sièges qu’ils peuvent essayer de remporter dans la province.
Pour ce qui est des personnes qui feraient le meilleur premier ministre, selon les répondants, Andrew Scheer a un cheveu d’avance à 24 %, alors que Justin Trudeau a 23 %. Elizabeth May du Parti vert a obtenu 9 %, Jagmeet Singh du NPD a 7 % et le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, a 4 %.
M. Bourque observe que la course au coude à coude à l’échelle nationale signifie que les conservateurs se débrouillent très bien au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. Leur avance n’est que d’un point de pourcentage dans les Maritimes et en Colombie-Britannique. La troupe d’Andrew Scheer et les libéraux sont à égalité en Ontario tandis que le PLC détient une forte avance au Québec.
On a également demandé aux participants au sondage s’ils estimaient que les libéraux méritaient un deuxième mandat et si les conservateurs avaient montré qu’ils méritaient de former un gouvernement. Les personnes sondées n’étaient pas très enthousiastes à propos de l’une ou l’autre des options.
Les répondants ont déclaré à 51 % qu’ils ne pensaient pas que les libéraux méritaient une autre chance au pouvoir. Trente pour cent ont répondu par l’affirmative et 18 % étaient indécis.
Pour ce qui est des conservateurs, 32 % des répondants ont déclaré croire que les conservateurs avaient démontré qu’ils devraient former le prochain gouvernement, tandis que 44 % ont répondu non, et 24 % étaient indécis.
Selon M. Bourque, l’un des problèmes les plus troublants pour les néo-démocrates est qu’ils ne voient pas une concentration régionale de soutien — un bastion dans lequel le parti peut espérer rester fort et conserver ses sièges actuels.
Depuis le début de 2019, M. Singh et Mme May ont été proches en termes d’appuis, a ajouté M. Bourque, soulignant que la question qui se pose pour M. Singh est de savoir combien de marge de manoeuvre il reste pour lui et son parti, avec une attention accrue portée aux verts.
«Il semble qu’il soit de plus en plus poussé, en quelque sorte, à l’extérieur du champ d’attention des Canadiens», a-t-il déclaré.
Dans une version précédente de cette dépêche, La Presse canadienne a erronément rapporté que les conservateurs n’étaient en avance que dans les Prairies, or ils mènent aussi dans les Maritimes et en Colombie-Britannique.