À l'occasion de l'affaire Durham, plusieurs journalistes et historiens anglophones se sont empressés d'affirmer que le Canada anglais n'avait jamais appliqué ses recommandations d'assimilation des Canadiens français. À ma grande surprise, aucun historien francophone n'a répliqué à cette falsification de l'Histoire canadienne.
Le Canada anglais a appliqué le rapport Durham de trois façons.
D'abord en faisant 12 lois anti-françaises, deux dans chacune des provinces de l'Ouest, trois en Ontario dont le célèbre Règlement 17, le School Act du Nouveau-Brunswick et la loi Tupper de la Nouvelle-Écosse et une loi à l'Île-du-Prince Édouard. Il faut se souvenir que ces lois ont sévi sur près d'un siècle. La plupart des effets pervers d'assimilation linguistique n'ont pris fin qu'en 1969. C'est ainsi que le Québec est devenu la réserve des francophones. Dire que les Canadiens français ont gardé leur langue grâce aux Anglais, comme l'a dit Chrétien, est donc une aberration colossale.
Deuxièmement, le Canada anglais a fait exactement ce que Durham avait recommandé en procédant à une immigration massive des Anglais au Canada. À la fin du 19e siècle et au début du 20e, particulièrement sous Laurier, le Canada anglais a fait entrer plus d'un million de Britanniques, dont les 100 000 orphelins de Victoria. On a tenté ainsi de noyer les Canadiens français.
Troisièmement, le Canada anglais payait le voyage des Britanniques et leur donnait des terres alors qu'un Québécois devait payer son voyage et acheter sa terre s'il voulait s'établir dans une province de l'Ouest.
Et les historiens qui essaient de justifier Durham en prétendant qu'il voulait seulement, comme tous les Anglais de son époque, créer l'homogénéité sociale et culturelle, c'est faux, c'est un euphémisme pour "génocide culturel", soit faire perdre aux colonisés leur langue, leur religion et leur culture et, quand les colonisés résistaient à leur belle "homogénéité", les Anglais les exterminaient ou les assimilaient de force, partout, en Afrique, en Inde, en Amérique, en Australie, en Irlande, etc.
Il ne faut pas se laisser leurrer par les mots. Dans les pays africains, comme les Anglais ne pouvaient réaliser "l'homogénéité raciale" (blanchir des Noirs, c'est difficile), alors ils pratiquaient l'apartheid.
Ceux qui dénoncent le révisionnisme de l'Histoire se prêtent trop souvent à une falsification de l'Histoire.
Normand Rousseau
Gatineau
Durham - Falsification de l'Histoire
Le Canada anglais a appliqué le rapport Durham de trois façons
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
4 décembre 2010Le rapport Durham proposait l'instauration d'un véritable gouvernement responsable. Jusque là, le Haut et le Bas Canada étaient dirigés par un gouverneur nommé par Londres et qui prenait les décisions malgré le fait qu'il y avait des assemblées législatives élues par le peuple (Acte constitutionnel 1791).
Le problème vient que lord Durham ne voyait pas d'avenir pour les Canadiens et reprenait le discours de l'époque des British (nous sommes supérieurs, ils sont inférieurs et sans avenir) pour justifier une politique d'assimilation graduelle des Canadiens.
Fait à noter, alors que les Canadiens étaient encore largement majoritaires, l'Acte constitutionnel de 1791 leur accordait une assemblée sans réel pouvoir. Du moment que le pouvoir British peut les mettre en minorité (représentation selon le nombre) dans le nouveau parlement du Canada uni (Ontario et Québec), il n'hésite pas à le faire et accorde cette fois le gouvernement responsable à ses sujets British.
On reconnait ici toute la duplicité des British qui manoeuvrent toujours pour instaurer des règles qui les avantagent.
Si les Québécois parlent encore français en 2010, ils le doivent à leur taux de natalité qui a été historiquement très élevé (merci à l'Église catholique), ce qui a retardé leur minorisation progressive dans l'ensemble Canadian. Maintenant que l'épisode de la revanche des berceaux est terminé, les Québécois qui veulent un avenir en français pour leurs enfants doivent impérativement atteindre deux objectifs: exceller dans les domaines qui comptent (économie, industrie, culture) et l'atteinte de la pleine souveraineté.
Le premier objectif passe nécessairement part une éducation supérieure et l'incitation à l'effort. Le succès, la réussite ne s'obtiennent pas sans travail acharné ni sans détermination.
Le second objectif les obligera à définir enfin qui ils sont, ce qu'ils veulent et les forcera à devenir pleinement responsables, ce qu'ils ne seront JAMAIS dans le système actuel qui les infantilise et les marginalise en douceur.
Devenir pleinement responsable de soi-même. On se fera dire que nous vivons dans un monde globalisé, que la souveraineté n'est plus ce qu'elle était, etc. Allez dire cela aux Palestiniens, aux Basques, aux Écossais, aux Polonais, aux Tchèques, aux Slovaques, aux Israéliens! Mais ne soyez pas surpris s'ils vous tiennent un autre discours...
L'Histoire repasse rarement les plats. Il y a des occasions historiques qu'il faut savoir reconnaître lorsqu'elles se présentent. Un autre référendum sur la souveraineté? OUI, ÉVIDEMMENT!
Archives de Vigile Répondre
25 novembre 2007Excellent article.Je viens de regarder Jean Chrétien et sa prestation à ''Tout le monde en parle'' persistant à modifier l'Histoire pour meiux se mettre en évidence. Il a encore répété le grand secours du cher Canada permettant aux Canadiens français de sauver leur langue. Un autre d'une trop longue liste de ces Québécois de service niant l'Histoire pour leur propre carrière.
Cet article résume bien et de façon concise le vrai visage du Canada anglais qui ne changera jamais car le sentiment francophobe est pratiquement dans leurs gênes. Durham,c'est le rêve "Canadian".
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
25 novembre 2007Merci de ce texte qui éclaire si bien sur la manière de procéder des Anglais aprés le fameux rapport de lord Durham pour soit assimiler ces français récalcitrants, soit s'il n'y avait rien à faire avec eux, les laisser dans une réserve transformée en "belle Province" .. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle là ! C'est fou !