Depuis le référendum de 1995, les sondages ont pris l'habitude perverse de demander aux Québécois s'ils désirent un autre référendum. Devant la réponse généralement négative, on en conclut que les Québécois n'aspirent pas à l'indépendance de leur pays. Erreur!
Sauf si vous êtes Suisse, en général les citoyens de n'importe quel pays ne sont pas chauds pour la tenue de référendums. Pourquoi? Parce que ce genre d'activité nous force à nous prononcer catégoriquement par un Oui ou un Non sur des questions difficiles à trancher. Demandez aux gens s'ils veulent un référendum sur l'avortement, la peine de mort ou l'euthanasie et vous aurez probablement une réponse négative. Ce qui ne signifie pas nécessairement qu'ils ne sont pas intéressés, mais réfléchir, s'informer, ça demande des efforts et du temps.
Dans le cas de l'indépendance, la question est encore plus vicieuse parce que les fédéralistes répondent Non par principes profonds et convictions bétonnées tandis qu'une bonne partie des indépendantistes répondent également Non parce qu'ils ont peur de perdre le troisième référendum et jugent que la situation n'est pas encore mûre. Cette question est encore plus vicieuse parce que sa réponse contribue à ne pas faire mûrir justement la situation.
Mais si on tenait un troisième référendum sans demander l'assentiment de la population, les Québécois répondraient par une participation de 80 à 90% comme aux deux derniers référendums. La démocratie à son meilleur!
Normand Rousseau
Gatineau (Québec)
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 octobre 2011J'aimerais croire que vous avez raison mais je pense que vous jouez à l'autruche. Je crains qu'il n'y ait plus jamais de parti politique souverainiste au pouvoir. Le flot d'immigrants et, surtout, la propagande fédéraliste des grands médias rendent le rêve d'indépendance impossible.
Archives de Vigile Répondre
17 octobre 2011Les Écossais devaient tenir un référendum l'an passé; c'est remis à 2014.
La BBC a fait un sondage en avril dernier. Elle n'a pas demandé aux Écossais s'ils voulaient un référendum ou pas, mais à quel point, selon une échelle de 1 à 10.
20% ont dit qu'ils n'en voulaient absolument pas contre 25% qui en voulaient un à tout prix
http://en.wikipedia.org/wiki/Scottish_independence
Je vous invite à lire le résumé de la question écossaise sur wiki. Les arguments pour et contre la souveraineté ont une saveur toute québécoise.
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2011Question très pertinente. Excellent sujet de réflexion!
Michel Patrice Répondre
16 octobre 2011Au second référendum ,la participation dépassait je crois, 94%.
Archives de Vigile Répondre
16 octobre 2011Tellement vrai ce que vs dites. Je me rappelle que dans les années qui ont suivi le référendum, Gesca publiait souvent des sondages disant que 67% des Québécois ne voulaient pas d'un autre référendum. Pratte ne ratait pas une occasion d'éditorialiser sur le sujet. Les Feds avaient une peur bleue que Bouchard en fasse un autre.
Le 67% s'expliquait très bien par les raisons que vous évoquez. C'est pour ça que je suis très sceptique lorsque je vois des sondages qui disent que 71% ne veulent plus entendre parler de souveraineté, que c'est dépassé, qu'on est passé à autre chose, que les Québécois sont pas là, etc..
Un exemple: le dernier débat des chefs en français. Le seul moment où ca a levé c'est lorsque qu'une femme a posé une question sur la constitution. Tout ça coup, il se passait quelque chose sur le plateau. Harper, Layton et Ignacieff, qui n'attendaient pas cette question, ont été déstabilisés.
L'intérêt est toujours là: s'agirait juste d'une allumette.
Duceppe aurait pu se servir de cela pour relancer sa campagne qui allait nulle part. Mais la souveraineté ne l'intéressait plus depuis longtemps.
Il a préféré se tirer sur les lignes électriques de Terre-Neuve, une histoire qui ne levait pas.
Jean-Pierre Bélisle Répondre
15 octobre 2011Il me semble que vous confondez "vouloir un référendum" et la "réponse à la question" posée.
Mais plus essentiellement, ce que les indépendantistes veulent, ce n'est pas un référendum, c'est que le PQMarois mette sur la table une proposition d’indépendance en vue de la prochaine élection. Le reste suivra.
JPB