Les 190 pays réunis à Doha se sont mis d’accord pour trouver un accord global qui permettra de lutter efficacement contre les changements climatiques, d’ici 2015. Certains pensent que l’attitude des États-Unis pourrait changer en deux ans.
Si les Américains n’ont pas fait preuve de leadership durant les négociations de Doha qui se sont terminées samedi, ils n’ont pas non plus tenté de les ralentir. Plusieurs observateurs y voient un signe que l’administration Obama pourrait assouplir sa position, notamment après le passage de l’ouragan Sandy, qui a violemment frappé la côte est américaine, le mois dernier. « C’est vrai, avec la catastrophe de l’ouragan Sandy, les États-Unis sont devenus plus impliqués dans les discussions sur les changements climatiques », remarque P. J. Partington, analyste politique à l’Institut Pembina, un organisme canadien de réflexion sur les enjeux environnementaux. « Ils sont plus ouverts […] Toutefois, ils s’en tiennent toujours aux mêmes positions », souligne-t-il.
Une modeste avancée qu’a aussi relevée Connie Hedegaard, la commissaire européenne chargée de l’action pour le climat. Elle note que les négociateurs américains ont « fait attention de ne pas bloquer » les négociations, dans un courriel envoyé à l’Associated Press.
Il faut dire que, peu de temps après sa réélection, le président Obama avait parlé « du pouvoir destructeur d’une planète qui est en train de se réchauffer ». Il avait alors dit qu’il souhaitait ouvrir un débat à ce sujet aux États-Unis. Mme Hedegaard espère que ce débat national se traduira par des engagements à l’échelle internationale, de la part de l’administration du président Obama.
Autre signe encourageant : les négociateurs américains à Doha sont d’accord pour ouvrir la discussion avec un groupe de nations insulaires qui réclament la mise en place de mesures de dédommagements en cas de catastrophes naturelles.
Ces îles, qui sont particulièrement exposées aux changements climatiques, souhaitent que les émetteurs de gaz à effet de serre, comme la Chine ou les États-Unis, leur apportent une aide financière, en cas de catastrophe due au réchauffement de la planète. Les pays présents à Doha se sont mis d’accord pour évoquer la question, au cours des prochaines réunions. Toutefois, le camp républicain a averti le président Obama.
Le sénateur Jim Inhofe, membre du comité sur l’environnement et les travaux publics, a critiqué ce dernier, dans une vidéo mise en ligne sur YouTube la semaine dernière. « Le président Obama est en train de distribuer des milliards de dollars aux Nations Unies, au nom du réchauffement climatique », a-t-il lancé.
Mais la grande difficulté à accoucher samedi du très modeste accord de Doha, adopté grâce à un passage en force de la présidence qatarie, montre que les négociations à venir s’annoncent des plus difficiles.
Le protocole, qui a vu le jour en 1997, dans la ville japonaise de Kyoto, limite la production de gaz à effet de serre de certains pays industrialisés. Il ne couvre que 15 % des émissions de gaz à effet de serre mondiaux : le Canada et le Japon se sont retirés de l’entente, et les États-Unis n’y ont jamais adhéré.
De plus, la Chine et l’Inde n’avaient pas à s’y plier, étant donné qu’elles font partie des pays en voie de développement. « Les températures qui se profilent sont bien au-delà de ce que l’Homo sapiens a connu », a rappelé l’économiste britannique Nicholas Stern, auteur d’un rapport de référence sur le coût financier du réchauffement, après l’accord de Doha.
« Il est crucial que tous les pays, développés et en développement, concentrent désormais tous les efforts pour parvenir à un accord international fort et efficace » en 2015, a-t-il poursuivi, critiquant « l’inadéquation entre l’urgence de la situation et l’ambition affichée à Doha.
« Pas à la hauteur de l’urgence »
L’unique acquis de l’accord de Doha est le lancement, à partir du 1er janvier 2013, de l’acte II du protocole de Kyoto, seul outil légalement contraignant à engager les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
La portée de cette seconde période, qui s’achèvera fin 2020, sera néanmoins extrêmement limitée, car elle ne concerne plus que l’Union européenne et une dizaine de pays, dont l’Australie. Pour le reste, Doha n’a pas permis de trouver d’autres moyens de réduire les gaz à effet de serre d’ici 2020 ou encore de rassurer les pays du Sud sur le versement de l’aide promise pour faire face au changement climatique, soit 100 milliards par an d’ici 2020.
« Le résultat n’est clairement pas à la hauteur de l’urgence », a déclaré la ministre française de l’Environnement, Delphine Batho, au terme de la conférence, reconnaissant que les négociations sur le climat, lancées en 1995 et impliquant plus de 190 pays, « sont difficiles parce qu’elles concentrent tous les enjeux de la mondialisation ». « Trop de puissances n’ont pas la volonté de remettre en cause le modèle de développement qui conduit la planète à sa perte. Il faut préparer 2015 », la conférence qui se tiendra sauf surprise à Paris, « sur de nouvelles bases », a-t-elle estimé. La communauté internationale s’est engagée à conclure en 2015 un accord engageant cette fois tous les pays, dont la Chine et les États-Unis, les deux plus grands pollueurs, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à partir de 2020.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé