Mes chers amis, bonsoir,
Quel plaisir de vous voir!
Vous avez travaillé fort depuis octobre dernier et vous pouvez être fiers du travail accompli. Des assemblées de comtés aux assemblées de régions, nous voici enfin réunis pour déterminer ensemble quelles propositions pourraient s’inscrire dans notre prochaine plate-forme électorale.
Vous avez mené une action politique constante, ouverte, claire pour reprendre le terrain que nous avions perdu. Je sais que vous vous êtes mis à l’écoute de la population. Et ça paraît dans les réflexions et les propositions qui sont sur la table. Les résultats sont au rendez-vous.
Avec ce conseil national, nous amorçons le renouvellement du programme du Parti Québécois. D’autres activités, au cours des prochains mois, viendront alimenter nos réflexions jusqu’au prochain congrès.
Ce conseil national n’est donc que le début d’un processus. Et le cahier des résolutions illustre bien le sens de la rénovation du Parti Québécois : une social-démocratie ouverte, actualisée et responsable; un projet politique clair, déterminé, une vision d’avenir. On commence à sentir au Québec le vent de changement qui nous anime, qui anime notre parti. Et ce n’est pas que dans des mots, mais aussi dans toute une nouvelle approche.
Au Parti Québécois, nous faisons le pari de l’audace, le pari d’affirmer notre volonté de construire une société plus juste, en misant sur la créativité et le dynamisme des individus et sur l’émergence d’un État stratège et partenaire, plutôt que simplement « providentiel ».
La social-démocratie, telle que je la vois et qui anime le Parti Québécois, c’est une société dans laquelle l’État doit jouer pleinement son rôle tout en n’écrasant pas l’être humain. L’État doit réunir plutôt que diviser. L’égalité des chances implique de faire tomber les obstacles qui se posent aux choix des individus et à la réalisation de leur projet de vie, pour autant que ces choix n’aillent pas à l’encontre du bien commun et des valeurs collectives.
Ces grands principes qui nous guideront dans l’élaboration de notre plate-forme et que l’on retrouve dans plusieurs des résolutions proposées sont pour moi les bases d’une société plus solide, résolument tournée vers l’avenir.
Mais une société plus solide, c’est une société en pleine possession de ses moyens, une société qui affirme haut et fort ce qu’elle est; une société qui donne une chance à chacun, du plus jeune au plus vieux et qui n’a ni peur, ni honte d’exister et de défendre son identité.
Nous respecterons la démocratie et la souveraineté du peuple québécois et nous gouvernerons dans le respect de nos convictions. C'est une question d'honnêteté, de respect de ce que nous sommes et du peuple québécois. Nous avons défendu clairement nos valeurs et nous les défendrons encore lorsque nous formerons le prochain gouvernement.
Au Parti Québécois, nous avons cessé de discuter de moyens et de stratégie pour revenir à l'essentiel. Notre parti veut permettre à la nation québécoise d'assumer pleinement son destin.
La légitimité de l'option qui nous anime avec autant de force demeure entière même si nous savons qu’il n'y aura pas de raccourci. Lorsque nous serons portés au pouvoir, nous gouvernerons dans le respect de la démocratie. Nous sommes des souverainistes et nous gouvernerons comme un gouvernement souverainiste.
Certains ont poussé de hauts cris lorsque nous avons affirmé cela. Ah bon!
Pourtant, quand avez-vous entendu des gens s’insurger contre le fait que Jean Charest gouverne comme un fédéraliste? Voilà encore une fois une autre rhétorique qui n’a pas la même exigence d’honnêteté envers les uns qu’envers les autres!
Un gouvernement du Parti Québécois prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger l’identité du Québec et faire respecter ses champs de responsabilités. On dit aux Québécois qu'ils forment un peuple pour les flatter et, du même souffle, on se comporte comme si le Québec était une province comme les autres.
On dit aux Québécois qu'ils sont une nation, mais on fait comme si cela ne devait avoir aucune conséquence. On dit aux Québécois qu'ils ont tous les pouvoirs nécessaires pour défendre leur identité et pourtant on crie au scandale quand nous affirmons qu'il est normal que celles et ceux qui veulent se joindre à nous apprennent le français.
On nous dit que nous sommes déjà maîtres chez nous et le gouvernement de Jean Charest fronce à peine les sourcils lorsque le gouvernement fédéral utilise l'argent de nos impôts pour nous imposer des règles dans nos champs de compétence.
Et ce qu’il ne dit pas aux Québécois, M. Charest, c’est que ces dédoublements coûtent cher, très cher et entraînent un incroyable gaspillage d’argent en plus de créer une concurrence improductive entre les gouvernements.
Savez-vous combien la manie d’Ottawa de patauger dans nos responsabilités représente en perte pour le Québec? En vertu du budget fédéral de 2005 et des programmes spécifiques ajoutés encore depuis 2006, on parle de plus de 5 milliards de dollars en santé; 10 milliards 500 millions si on ajoute l’éducation et la politique familiale. Réalisez-vous ce que cela signifierait si chacun s’occupait de ses propres affaires! Pensez seulement à Kyoto!
Cela peut et doit changer. Un gouvernement souverainiste gouvernera de façon différente. Je m'y engage, nous nous y engageons tous. Il défendra dans tous les domaines, sans aucune exception, sur toutes les tribunes possibles, les intérêts de la nation québécoise, la vision et les valeurs du peuple québécois.
Les Québécoises et les Québécois peuvent compter sur nous. À l’inverse de Jean Charest, nous ne nions pas la réalité. Nous ne tentons pas de museler la vérité comme il semble si bien le faire dans des dossiers, particulièrement dans celui de la langue.
Et M. Charest voudrait nous parler de confusion? Dites-moi M. Charest ce qu’il y a de confus de vouloir parler de pays au lieu de parler de mécanique? Qui a-t-il de confus dans le fait de vouloir défendre notre langue autrement que par des vœux pieux?
C’est vrai que la confusion, M. Charest connaît bien cela.
Prenez les données de l’Office de la langue sur la situation du français à Montréal. Vous ne trouvez pas ça confus le double langage du gouvernement qui, la main sur le cœur, nous dit qu’il va agir, mais qui ne pose aucun geste? Même à 2500 personnes à leur congrès, les libéraux n’arrivent pas à se donner le courage pour poser les gestes nécessaires pour la protection de notre langue. Ils ont même peur d’en discuter.
En fait, et pas seulement dans le dossier de la langue, que nous dit M. Charest? On va poser des gestes, vous allez voir d’ici quelques jours, quelques semaines, le, la ministre va déposer un « petit quelque chose » pour montrer qu’on agit. « Vous allez voir ». En tout cas, jusqu’à maintenant, on n’a pas vu grand-chose.
Regardez le dossier de l’eau. En voilà encore un dossier de « vous allez voir »! Ça fait combien de temps qu’ils en parlent les libéraux? Bien devinez qui a déposé un projet de loi pour faire de cette ressource un patrimoine national, pour la protéger, en espérant forcer enfin le gouvernement à agir? C’est nous, évidemment!
Avec Ottawa, depuis cinq longues années, Jean Charest nous dit que le fruit n’est pas mûr. C’est comme ça qu’il justifie son incapacité à faire des gains pour le Québec. J’ai des nouvelles pour vous, M. Charest, au Parti Québécois, on pense qu’il est grand temps qu’il mûrisse.
Et c’est ce que nous allons faire. Si les Québécois nous font confiance, nous allons gouverner pour eux, en toute honnêteté, pour arriver à faire avancer le Québec aussi loin que possible et au meilleur de ses intérêts. Nous allons entreprendre de parler aux Québécois. Pas d’un référendum, mais des raisons qui nous poussent à vouloir notre propre pays. Il me semble que c’est clair ça?
Dites-nous, M. Charest, la confusion, n’est-ce pas de vouloir faire croire aux Québécois que, s’il n’y a plus d’argent, c’est parce que l’économie va moins bien alors que vous avez complètement gaspillé les économies? Gouverner, c’est prévoir. Où était le gouvernement Charest en décembre dernier, il y a moins de deux mois, lorsque tout laissait prévoir la récession américaine? Au lieu de récupérer la TPS, il a préféré faire de la petite politique et abandonner plus d’un milliard qui aurait pu répondre aux besoins de la population.
Dans le coin à droite, le pseudo-champion de l’économie, le libéral Jean Charest, dans le coin plus à droite encore, le pseudo-champion de la lutte antidette, Mario Dumont. Et au centre, ce grand love-in dans lequel le finalement très libéral Mario Dumont affiche ses vraies couleurs.
Mario Dumont vient de renier 15 ans de principes et de convictions en disant oui à un budget qui plonge le Québec en déficit pour les quatre prochaines années. Vous vous rappelez les sacrifices énormes que les Québécois ont dû faire pour atteindre le déficit zéro. On a travaillé fort pour y arriver. Ce que les Québécois doivent savoir, c'est que l'ADQ de Mario Dumont et les libéraux de Jean Charest se font complices d'un budget qui dilapide l'héritage du déficit zéro.
On ne peut pas cautionner cela! Pas après tous les efforts que les Québécois ont faits pour pouvoir payer l’épicerie sans emprunter.
Et pour la transparence de M. Charest, pour sa volonté de bien éclairer les Québécois sur le salaire minimum que doit recevoir un premier ministre pour être à l’abri de la corruption, on repassera, pas vrai!
Et ce n’est pas la politique poubelle que mène le leader du gouvernement qui va nous empêcher de demander des explications à M. Charest. On ne cédera ni aux menaces, ni au chantage. Qu’il s’explique aux Québécois! Qui a-t-il de si caché qu’il ait peur à ce point de rendre publics des documents?
C’est vrai, ça demande du courage! C’est plus facile de se cacher derrière un communiqué que de répondre.
En fait, je vais vous dire comment je vois la gestion du gouvernement de Jean Charest. Le nouveau mode de gestion d’un gouvernement minoritaire selon M. Charest, ce n’est plus l’art de la guerre, mais l’art du pelletage. Comme il a eu beaucoup à s’exercer durant l’hiver, il est passé maître dans cette discipline. Les citoyens s’attendent d’un gouvernement, si minoritaire soit-il, que, lorsqu’il y a un problème, on trouve une solution. Avec ce gouvernement, c’est tout le contraire : un problème, une commission, un problème, une étude. Pelletons, pelletons par en avant.
L’art du pelletage est parvenu à un tel raffinement que maintenant on crée des comités pour analyser l’analyse. Franchement, il n’y a plus de limites à l’immobilisme!
La confusion règne au Québec, c’est vrai, mais dans les doubles messages que ce gouvernement envoie aux citoyens : « Oui, oui, je vais agir ». Et vlan! un comité! Tiens, l’économie risque de subir les contrecoups de la récession américaine! Et vlan, j’abandonne un milliard de dollars.
L’apothéose de cette gestion de pantouflards, c’est que, quand les rapports sont déposés, du ton le plus sérieux, avec le trémolo dans la voix, quand on ne crée pas un nouveau comité, on envoie le rapport… sur la tablette. Juste en terme d’espace physique, le parlement va bientôt manquer de placards. Savez-vous combien de rapports et de commissions ce gouvernement a demandés? Vingt-deux!
Vingt-deux rapports et commissions! Avez-vous vu quelque chose de concret sortir de cela? On nous promet des actions, des gestes. Avez-vous vu le début de l’ombre du commencement de quelque chose de concret? La confusion qui existe au Québec, c’est entre le discours de Jean Charest et les gestes qu’il pose. Ou plutôt qu’il ne pose pas.
Et si je ne vous parle pas davantage de Mario Dumont, c’est parce que là, ça serait vraiment trop long! À l’ADQ, ce qui semble clair un jour, s’obscurcit le lendemain pour disparaître deux jours plus tard parce que ça ne fait plus partie de leurs champs d’intérêt ou que ce n’est plus dans la mire des médias.
Est-ce cela que l’on veut pour le Québec? Moi, non. Le Québec mérite mieux que ça.
Mes chers amis, j'aimerais que, dans les jours qui viennent, vous retrouviez le sens de l'audace, le goût de regarder l'avenir. Aujourd'hui, nous sommes gouvernés par une équipe assoupie. Incapable de porter l'avenir, il a choisi l’immobilisme. Et durant que le reste de la planète change à une vitesse vertigineuse, ici, nous attendons.
Aujourd'hui, il y a à Québec une opposition adéquiste qui critique le gouvernement en nous disant : le Québec a changé trop vite, le monde change trop rapidement. Regardons en arrière. Oublions les progrès que nous avons faits. Oublions nos rêves d'un Québec plus juste. Oublions nos projets d'une société tournée vers l'avenir. Oublions notre volonté de maîtriser notre destin.
Ce n'est pas le Québec dont nous rêvons. Ce n'est pas le Québec que les Québécois rêvent de bâtir. Nous n'avons pas le temps de demeurer immobiles alors que le monde bouge. Nous n'avons pas le droit de regarder en arrière pendant que l'auto file à toute allure. Il est urgent de reprendre pied, de gouverner dans le monde tel qu'il est et tel que nous pouvons l'entrevoir. C'est notre devoir comme parti, c'est notre avenir qui en dépend.
Au cours des prochains jours, nous débattrons des différentes propositions qui se retrouvent dans ce cahier. Ce sera l’occasion de dire comment nos valeurs de justice sociale doivent s'exprimer, comment nous voulons faire vivre ici la démocratie. Plusieurs mesures traduisent la nouvelle approche du parti : une vision plus souple de l’action de l’État, dont l’objectif n’est plus de formuler des programmes « mur à mur », mais des solutions adaptées aux différents choix des gens. Je sais que vous allez le faire avec intelligence et sérénité parce que vous croyez dans le Québec.
Nous avons rendez-vous avec l’audace. Nous ne décevrons pas celles et ceux qui veulent se battre pour que le Québec grandisse, qu'il soit plus prospère et plus juste, qu'il soit tourné vers le siècle qui commence et non vers celui que nous venons de quitter. Quand viendra le temps de choisir, le plus tôt possible je l'espère, les Québécoises et les Québécois seront avec nous. Il n'y aura plus de rendez-vous manqué.
Le peuple québécois a une identité et doit poursuivre sa route vers la souveraineté. Encore aujourd’hui, l’indépendance est la voie d’avenir qui nous permettra de dire vraiment ce que nous sommes. Je vous le dis, nous sommes des souverainistes et nous gouvernerons en souverainistes. Nous ferons valoir les droits du Québec. J’y mettrai tout mon coeur. Vous y mettrez le vôtre. Nous avons un pays à bâtir.
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