Après avoir requis un mois de réflexion supplémentaire, Ottawa annoncera sous peu s’il autorise la société d’État chinoise CNOCC à acquérir la pétrolière albertaine Nexen inc. Alors que certains n’y voient aucun problème, d’autres se méfient d’un État comme la Chine dont le seul objectif est d’ajouter les richesses des autres nations à son portefeuille de ressources stratégiques. Ils ont raison !
La Chine a soif de ressources et, grâce aux billions de dollars accumulés ces dernières années, la voilà à l’assaut des régions du monde qui peuvent les lui fournir à bon prix.
Comme d’habitude, l’approche adoptée par le gouvernement chinois est aussi stratégique que le produit convoité, et les sommes offertes sont colossales au regard de la valeur souvent dévaluée des entreprises convoitées. La Chine a compris les faiblesses du capitalisme et appris à en tirer profit !
À cause de son ouverture exceptionnelle aux investissements étrangers, le Canada, et dans une moindre mesure le Québec, est dans la mire des sociétés d’État chinoises. C’est le cas du géant de l’acier WISCO, qui exploite une mine de fer au nord du Québec, et plus récemment de la China National Offshore Oil Petrolium (CNOOC), qui a offert 15,1 milliards de dollars pour acquérir la société albertaine Nexen, classée douzième au palmarès des pétrolières canadiennes. Pour Nexen, la prime consentie équivaut à 60 % de la valeur en Bourse au moment de l’offre d’achat.
Comme pour chaque tentative d’acquisition de grandes compagnies par des intérêts étrangers, la loi exige d’Ottawa qu’il juge si la transaction comporte un « avantage net » pour le pays avant de donner son aval. Or, comme il n’existe aucune définition de ce qu’est un avantage net, la décision gouvernementale varie au gré des humeurs et des forces en présence au moment de la transaction.
Rares sont les cas de refus, mais il y a deux ans, Ottawa avait bloqué l’achat de Potash Corp. par des intérêts anglo-australiens sous la pression du gouvernement de la Saskatchewan. Dans une autre cause, il avait pris la même décision pour des raisons de sécurité nationale et, la semaine dernière, il refusait la vente de la Progress Energy à la société d’État malaisienne Petronas sans justifier sa décision.
Dans les milieux financiers, on dit craindre que ces quelques refus lancent un message de fermeture aux investisseurs étrangers. Ce qui n’est évidemment pas le cas ! Au contraire, s’il faut craindre quelque chose, ce sont plutôt les ventes au rabais de sociétés détenant des droits d’exploitation de nos ressources collectives. Surtout quand l’acheteur est le gouvernement d’un pays soupçonné d’espionnage industriel, aussi peu respectueux des lois du marché et des règles du commerce international que la Chine !
Le Canada et le Québec ont besoin de partenaires pour développer leurs ressources, cela est une évidence. Ce qui n’interdit pas l’extrême prudence à l’endroit de sociétés sous contrôle de gouvernements étrangers aux ambitions politiques parfois diamétralement opposées aux nôtres.
Dans le cas précis du projet d’acquisition de Nexen par la CNOCC, Ottawa doit dire non en précisant qu’à l’avenir, aucune société d’État sous contrôle d’un gouvernement non démocratique ne pourra détenir une participation majoritaire au capital d’une firme canadienne d’exploitation de ressources. Il en va du contrôle que nous exerçons sur le rythme d’exploitation de nos ressources et de l’usage qui en sera fait à l’avenir.
Investissements étrangers
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