À peine vingt-quatre heures après avoir été nommée au poste de ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (sic), l’inénarrable Kathleen Weil a immédiatement étalé au grand jour sa mauvaise foi et son incapacité à saisir le moindre petit début d’une compréhension de ce que sont la laïcité et la neutralité de l’État.
À peine vingt-quatre heures après avoir été nommée ministre d’un ministère dont les enjeux dépassent visiblement ses compétences, Kathleen Weil nous entraîne dans une dérive idéologique victimaire qui jusque-là était le propre des apôtres de l’intolérance que sont les organisations islamistes et leurs cohortes d’idiots utiles qui se qualifient sans vergogne d’«inclusifs» - comme un certain ministère - tout en rejetant les aspirations d’une majorité de Québécois au nom de puissances surnaturelles qui n’ont rien à faire dans les affaires de la Cité et au nom d’un djihad qui refuse de se nommer.
Ainsi donc, selon Kathleen Weil, la Charte des valeurs du gouvernement péquiste aurait causé auprès de nos concitoyens d’origine maghrébine des «dégâts» et des «dommages» qu’il faut s’empresser de réparer. Cette même Charte aurait même, si l’on en croit les affirmations de sa consœur Christine St-Pierre, terni l’image du Québec à l’étranger.
Où ça à l’étranger? À Toronto? À Calgary? Sur quoi s’appuient ces hérauts du multiculturalisme pour faire de telles affirmations?
En France, lors des États généraux internationaux de la laïcité à Perpignan en décembre dernier, auxquels participaient des représentants de dizaine de pays – dont la Turquie, l’Algérie et le Maroc – l’écrivaine québécoise Djemila Benhabib a présenté la Charte des valeurs québécoises. Le Québec a alors été salué comme un modèle de laïcité et d’égalité citoyenne par les participants à cette rencontre internationale. L’image du Québec en est ressortie grandie.
Ne reculant devant rien, Christine St-Pierre, qui ne s’est pas gêné pour souiller l’image des parlementaires en se permettant d’envoyer ch… l’ex-première ministre du Québec en pleine Assemblée nationale, veut maintenant nettoyer les écuries? Nous sommes en droit de nous demander ici ce qui ternira le plus l’image du Québec à l’étranger : la volonté de favoriser une même loi pour tous et un vivre-ensemble harmonieux au Québec ou la parade dans les capitales d’une ministre qui s’est démarquée par l’irrespect et la vulgarité?
La posture adoptée par les Kathleen Weil, Christine St-Pierre et autres Couillard de ce monde, prêts à vendre la nation québécoise pour un plat de lentille, cette posture qui se fait un devoir d’oublier que plus de 60% des Québécois sont en faveur de la Charte des valeurs du gouvernement Marois, est exactement la même que celle de ces «inclusifs», que celle de ces groupes soi-disant en lutte contre l’islamophobie (qui en sont en fait la principale cause), ces islamistes qui se camouflent derrière les lois et les principes de l’État de droit pour mieux les subvertir à long terme, pour culpabiliser une population nullement préparée à contrer les stratégies d’entrisme qui caractérisent l’islam politique. On fabrique de toute pièce la persécution; on culpabilise via des médias incultes qui se prêtent au jeu et qui se nourrissent au sensationnalisme facile et on affirme après cela, alors qu’il s’agit du fait d’une minorité, que toute la communauté maghrébine est victime d’intolérance. Je reconnais bien là la recette appliquée récemment par un reportage fallacieux de Radio-Canada par l’entremise du journaliste Jacques Bissonnet.
Je n’ai pas entendu de la part de Mme Weil et de Mme St-Pierre la moindre compassion pour ces laïques maghrébines qui ont été menacées de représailles et qui continuent de l’être par les extrémistes religieux de leur communauté à la suite de leurs comparutions à la commission parlementaire sur le projet de loi 60.
Les libéraux pèchent par amalgame. Ils considèrent la communauté musulmane au Québec comme étant un tout monolithique alors qu’elle est, du point de vue idéologique, variée et multiple. Ceux qui instrumentalisent la religion à des fins politiques au sein de ce groupe de nouveaux arrivants sont minoritaires. Ce sont ceux qui font malheureusement le plus de bruit et qui prétendent parler pour les autres. Leur méthode : culpabiliser les Québécois en les accusant de xénophobie et de racisme. Parlez-en aux membres de l’Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité (AQNAL), un groupe sérieux d’érudits de culture musulmane que n’ont jamais consulté mesdames Weil et St-Pierre évidemment. Parlez-en aussi à madame Fatima Houda-Pepin, une renégate aux yeux des libéraux.
Incapable, à dessein ou par pauvreté intellectuelle, de saisir la portée symbolique et prosélyte des signes religieux ostentatoires au sein même de la puissance régalienne de l’État, incapable de défendre jusqu’au bout l’égalité entre les hommes et les femmes, ce qu’ont plutôt choisi de défendre les libéraux à la Weil et St-Pierre, c’est le communautarisme, ce joyau du multiculturalisme canadien, ce fossoyeur de première classe de la nation québécoise.
L’approche du gouvernement Couillard face à la laïcité et face à l’immigration est une supercherie puisqu’elle s’éloigne à mille lieux de la déontologie laïque; elle mène au cul-de-sac. L’esprit de la démarche laïque semble inaccessible aux cerveaux libéraux. En encourageant le prosélytisme larvé des intégristes religieux qui revendiquent une place pour leurs dieux dans la structure étatique, ils blessent les non-croyants par cette valorisation du religieux et tronquent la nécessaire neutralité de l’État. En laissant le communautarisme se nicher dans le giron de l’État, ils consentent à l’affaiblissement de la puissance de l’État. Le Québec, déjà affaibli par son asservissement politique à une autre nation majoritaire, dépourvu des leviers de l’État total, donc d’une prise entière sur l’agir politique et sur le monde, n’a pas besoin des discours infantilisants de Kathleen Weil et du PLQ, il n’a pas besoin d’être réduit à la superficialité du caprice individuel, au témoignage incertain de la perception.
L’approche annoncée à la va-vite par ces membres du gouvernement Couillard ne peut que nous mener au chaos. Cette approche aura tout l’effet contraire à ce qu’elle vise; elle engendrera le racisme, la xénophobie, un prosélytisme religieux accru, des demandes interminables d’accommodements religieux, soit un désordre social inévitable. C’est le prix que le Québec devra payer pour s’être livré à l’incompétence de ceux qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est l’universel de la loi politique, loi incarnée par la Cité, Cité soit dit en passant – pour rappeler que la laïcité n’est pas antireligieuse - qui fait droit à la subjectivité religieuse ou métaphysique mais en lui laissant sa sphère propre de déploiement.