Le plan Dubé

Des opportunistes arrogants

Avec notre argent

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Tribune libre

Il y a des petits escrocs qui ont profité de la crise sanitaire pour exploiter la situation, en vendant des désinfectants à dix fois le prix, par exemple. On peut voir à l’œuvre d’autres opportunistes plus ambitieux et qui jouissent malheureusement de la confiance des citoyens.


Le gouvernement serait incapable d’expliquer pourquoi un plan de relance de l’économie par l’accélération des dépenses en infrastructures est nécessaire et utile présentement. Personne ne lui a demandé d’explication. L’opposition libérale est heureuse de voir les milliards pleuvoir sur les entrepreneurs, l’opposition solidaire espère qu’on devra accueillir plus de travailleurs immigrants avec leur famille et l’opposition péquiste semble manquer de profondeur. L’urgence de procéder, qui obligerait à suspendre un grand nombre de règles qu’on s’est données pour faire les choses correctement et dans l’intérêt public, est encore davantage injustifiée. Le Parlement va donc débattre des mesures d’exception mais non de la pertinence du plan.


Au Québec et ailleurs dans le monde l’activité économique a fortement ralenti parce que les gouvernements ont dû décréter des mesures d’urgences. Avec le déconfinement, les activités reprennent rapidement, et tout laisse croire que les taux de croissance économique vont revenir à la normale progressivement. On ne voit pas encore si certains dommages structurels se sont produits et il se pourrait que les gouvernements aient à soutenir certaines activités avec des mesures appropriées pour des problèmes particuliers, pas avec un plan Marshall. Le secteur de la construction, et des infrastructures publiques notamment, ne semble pas avoir été ébranlé par ces quelques mois d’inactivité. On n’a pas entendu parler d’abandons de projets significatifs, l’industrie roulait à plein régime avant la crise, en partie en raison d’importants projets publics, et elle bouillonne maintenant en essayant de rattraper le temps perdu. Déjà des pénuries de main-d’œuvre sont observées.


Il y a peut-être des problèmes économiques que je ne vois pas, mais il faudrait au moins que le gouvernement explique sa perception de la situation et comment son plan va aider à la reprise. L’impact le plus probable c’est un accroissement des coûts de tous les projets existants et un allongement des échéanciers. Au mieux, les projets annoncés ne démarreront que dans quelques années, alors que l’économie sera totalement rétablie. On aurait alors utilisé l’état d’urgence pour faire accepter des projets qui ne l’aurait peut-être pas été autrement. Une deuxième vague sévère d’infection, qui obligerait un autre confinement, pourrait plonger l’économie dans une véritable récession mais alors le plan d’urgence ne serait pas applicable. On peut donc garder le plan sur les tablettes pour l’instant.


Le plan proposé par le gouvernement ne fait qu’accélérer notre dépendance aux capitaux internationaux après que le gouvernement Trudeau ait, de façon totalement irresponsable, augmenté la dette de dizaines de milliards de dollars depuis son élection et y ait ajouté quelques centaines de milliards de plus cette année. L’annonce irréfléchie d’accroître brusquement le salaire des proposés aux bénéficiaires va aussi, par ses effets d’entraînement, déstabiliser les finances de la province, surtout si des établissements du secteur privé doivent être nationalisés. De plus la diffusion des hausses de salaires va favoriser le recours aux immigrants vulnérables et au travail au noir dans les secteurs plus fragiles de l’économie.


J’ai défendu dans un article récent l’idée que les pressions des élites mondialistes poussent les gouvernements à surinvestir dans les infrastructures et à s’endetter massivement, tandis que nos politiciens sont trop heureux de se plier à ces demandes (Vigile, 28 avril 2020). La crise a sûrement affecté les projections de profits de ces élites parasites et retarder leur mainmise totale sur l’économie mondiale. Elles ont besoin de plans d’urgence.



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1 commentaire

  • Peter Benoit Répondre

    4 juin 2020

    À Pierre Gouin,


    Le gouvernement Legault va nulle part.  Il tente de maximiser les retombées en taxes et impôts avec une surabondance de travaux publics pour regarnir les coffres de l'État et amoindrir le déficit attendu; ce n'est que du court terme en court terme comme un chien qui court après sa queue.  Trudeau ne sera pas en reste et il va faire la même chose, sauf qu'il dispose d'une arme que Legault n'a pas: Il contrôle la Banque du Canada et la planche à billets.


    Cela permet de maintenir un niveau de vie artificiellement élevé et à crédit. Si cela persiste, c'est le modèle argentin qui nous attend...


    Comme dans le temps, on construira un pont et on creusera la rivière après...


    PB