POLITIQUE | JEAN CHAREST

Des agendas de Jean Charest entre les mains de la commission Charbonneau et de l’UPAC

Le nom du grand argentier du PLQ, Marc Bibeau, apparaît à de nombreuses reprises

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La prison en perspective ?

Des agendas de Jean Charest sont utilisés par les enquêteurs de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et en possession de ceux de la commission Charbonneau pour orienter leurs enquêtes sur du financement politique illégal au Parti libéral du Québec, a appris notre Bureau d’enquête après avoir obtenu une partie de ces documents.
La commission Charbonneau détient tous les agendas de Jean Charest, incluant ceux qui compilaient ses rendez-vous lorsqu’il était premier ministre du Québec.
Les 874 pages de documents examinés par notre Bureau d’enquête couvrent la période de 1998 à 2001, alors que Jean Charest était chef de l’opposition officielle. Elles apportent des informations sur le rôle que jouait l’ancien grand argentier du PLQ, Marc Bibeau. Il y apparaît nettement comme l’un des plus fidèles collaborateurs de Jean Charest.
Marc Bibeau est aussi l’un des administrateurs de la compagnie Power Corporation, un empire financier propriété de la famille Desmarais qui contrôle sept journaux quotidiens au Québec. Les agendas de l’ex-premier ministre démontrent par ailleurs une grande proximité avec les Desmarais (voir autre texte ci-bas).
Dans la mire de l’UPAC
Le nom de Marc Bibeau apparaît à 15 reprises dans l’emploi du temps de Jean Charest au cours des années 1999 et 2001 pour des activités de financement, mais également des rencontres privées.
Les compagnies de M. Bibeau ( Schokbéton, Saramac et Centre d’achat Beauward ) ont récemment été perquisitionnées par la police.
Depuis plusieurs mois, l’UPAC s’intéresse de près à cet homme d’affaires lié au PLQ, dans le cadre d’une enquête pour corruption, fraude et financement politique illégal.
«Selon le témoignage de plusieurs témoins rencontrés dans le présent dossier, Marc Bibeau est décrit comme «le grand argentier du PLQ, un stratège», peut-on lire dans un affidavit produit pour obtenir un mandat de perquisition.
« Une surprise »
Cocktails, rendez-vous avec de riches hommes d’affaires, dîner d’anniversaire, rencontre au Club de tennis de Westmount, souper en couples à la résidence de la famille Bibeau: Jean Charest et Marc Bibeau se fréquentaient non seulement pour gérer les affaires du PLQ, mais semblaient également entretenir une relation plus étroite.
Par exemple, en mars 1999, Jean Charest est invité au dîner d’anniversaire de Marc Bibeau à La Maison du Gouverneur à Montréal. «C’est une surprise», est-il annoté à côté du rendez-vous.
Six mois plus tard, il est convié chez l’homme d’affaires avec son épouse, Michèle Dionne, pour un souper.
En août 2001, Marc Bibeau doit cette fois-ci se rendre à la résidence de Jean Charest à Montréal. Les deux hommes prévoyaient assister à un évènement sportif: «souper au salon des joueurs avant la partie au parc Jarry».
Le mois suivant, Jean Charest et sa femme sont attendus au «souper annuel» chez les Bibeau, peut-on lire. Puis à la mi-octobre, ils se retrouvent en petit comité au club de tennis Mont-Royal à Westmount, avec entre autres Mme Dionne et le frère de M. Charest, Robert.
La commission Charbonneau reprendra ses audiences publiques le mardi 8 avril. Il lui reste encore deux volets à couvrir d’ici cet été: les contrats du ministère des Transports et le financement politique provincial.
Marc Bibeau n’a pas retourné nos appels. Par l’intermédiaire d’un interlocuteur, Jean Charest a demandé qu’on lui pose nos questions par écrit, ce qui est contraire à nos pratiques.
Avec la collaboration de Mélanie Colleu


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