Lettre à Vigile

Déni de justice, déni du français, intimidation et résistance

Je reviens du Canada, d'un voyage à Calgary par train

Tribune libre 2010

LETTRE À VIGILE

DÉNI DE JUSTICE, DÉNI DU FRANÇAIS, INTIMIDATION ET RÉSISTANCE
Je reviens du Canada, d'un voyage à Calgary par train. On l'a répété sur tous les tons, le Canada est un beau grand pays. Les paysages comme la vallée de la rivière Qu'appelle sont de toute beauté, aurait dit Drapeau. Et il existe des statistiques et même des graphiques en couleur sur internet pour prouver l'agrément du Canada (en anglais, bien sûr et financé par le Fédéral avec nos taxes harmonisées et impôts). De plus, le Canada est le pays le plus gouverné au monde : plus de treize gouvernements majeurs et combien de gouvernements municipaux, scolaires, etc. Tellement de boss de bécosses que la tyrannie de la majorité britannique s'est subrepticement installée seule au sommet.
Le personnel de ViaRail se veut affable mais n'est pas vraiment bilingue. La plupart de ceux ou celles qui le sont répondent tout de même en anglais quand on leur demande quelque chose en français. Comme l'écrivait Jacques Godbout il y a quelques années, un Québécois qui se promène au Canada n'a pas souvent l'occasion de se réjouir.
À Toronto (et partout au Canada mais avec moins d'élégance), les gens semblent penser sans vergogne que le sous-peuple québécois est le produit d'une civilisation déchue où règnent tous les vices : paresse, ivrognerie et alcoolisme, ingratitude infinie pour les bienfaits des Anglais, lubricité effrénée… enfin, toutes les accusations racistes et haineuses les plus classiques.
Pourtant, au Canada, il ne leur manque pas de scandales. Nous connaissons les scandales répétés à la GRC, les scandales de tout acabit d'Ottawa. Le Calgary Sun étale à pleines pages les actes scandaleux du maire de Calgary. Dépotoirs, gaspillage, corruption à grande échelle - plus d'un milliard et quart de dollars en contrats alloués sans soumission aux petits copains… Doit-on se réjouir ou se consoler de trouver plus cochons, plus corrompus que soi?
En parcourant le beau grand Canada, on sent parfois que les Canadiens Anglais veulent se montrer gentils mais on sent leur hypocrisie sous-jacente. Leur condescendance, leur outrecuidance, leur suffisance.
Et on réalise qu'il faut que le Québec devienne un pays riche parce que si nous restons la province pauvre au milieu de nos richesses accaparées par «eux», nous allons dépérir et mourir de honte et de peur - la pire des peurs.
En effet, pour les Canadiens anglais, laisser la part congrue aux francophones, c'est encore trop. Mais ils n'hésitent pas à s'acheter des Jean Charest, autrement dit des notables québécois, pour s'assurer d'être traités au Québec comme des rois. Pour ne donner que quelques exemples :
1- Hôpitaux de luxe anglophones et centres universitaires prioritaires (alors que nous poirotons dans les corridors des urgences des hôpitaux francophones sous-financés et qu'ils osent nous traiter de mauvais administrateurs pour nous humilier, en plus de nous écraser).
2- Écoles de la pré-maternelle jusqu'au post-doctorat remplies de futurs déserteurs vers le Canada ou les États après avoir été formés aux frais des contribuables québécois qui financent aux étudiants anglophones des voyages et des ordinateurs de pointe gratos pendant que nos étudiants francophones manquent lamentablement de livres (grammaire, dictionnaires).
3- Splendide isolement, peuvent-ils se vanter, dans les plus beaux quartiers de nos villes, les plus belles maisons, les plus gros chars, les meilleurs vêtements, la plupart des postes de direction de nos usines, commerces, industries, ONG, centres sportifs, club d'affaires… Ils ne sont pas 10 % de la population, ils jouissent de près de 50 % des taxes.
Comme disait ma grand-mère : nous allons bientôt devoir nous priver de pain parce que les Anglais risquent de manquer de gâteaux.
***
En revenant du Canada, est-il permis de se demander si les Canadiens nous aiment trop? Nous aiment-ils mal? En fait, nous aiment-ils? Résoudre cette question n'est pas aussi simple qu'il semble à première vue. D'autre part, nous, Québécois, nous aimons-nous assez? Entre nous? Nous-mêmes?
Moi, je dis que le truc, c'est de ne jamais reculer, de toujours faire face et réagir sur le champ. Même quand il est trop tard, il n'est pas trop tard, il est encore temps. J'affirme le français. J'affirme le Québec. Liberté! Je garde confiance en nous. Solidarité! Je refuse d'être intimidé. Dignité! Debout, Québécois! Deboutte, québécoises!
Bien sûr, au Canada, on rencontre parfois des francophones, des Canadiens Français. Ils sont très gentils. Mais comme mon guide de Winnipeg, ils sont tellement soumis au régime et inféodés à l'idéologie canadienne officielle qu'ils en haïssent le Québec s'il a le malheur de seulement vouloir se tenir debout.
C'est pourquoi ils aiment les Jean Charest toujours à genoux devant les Anglais. C'est pourquoi ils aiment les Trudeau et Chrétien qui «fessent» sur le Québec.
Et saviez-vous que le mot «Québécois» est tabou au Canada? Une femme à qui j'ai parlé (en anglais, bien sûr, c'est même pas la peine de le demander) m'a dit qu'elle était née à Aylmer. «C'est au Québec, lui dis-je, et la ville s'appelle maintenant Gatineau. Donc, ai-je ajouté en souriant, vous êtes Québécoise».

- Non! a-t-elle répondu, offusquée comme si je l'avais souffletée. Et même si je porte un nom francophone, je n'ai jamais parlé français.
Il a fallu deux heures de discussion - tous les sujets y ont passé et je dois dire que c'était une femme intelligente - pour qu'elle finisse par admettre qu'elle avait des raisons d'être fière d'être d'origine québécoise. «Mais quand je dois dire où je suis née, précisa-t-elle, je dis toujours Montréal parce qu'être Québécoise, c'est suspect.»
Ce petit tableau authentique donne un aperçu de l'état d'esprit des Canadians en 2010. Je ne prétends pas que mon texte soit une analyse scientifique. Mais j'ai assez d'expérience de la vie et de sens d'observation pour affirmer qu'il reflète la mentalité de la grande majorité des Anglais du Canada et des fédéralistes de tout acabit.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2010

    En fait, Tétraède, à la radio poubelle de Québec ils ne sont pas fédéralistes.
    Ils sont simplement incultes et caves.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2010

    Les canadians sont dressés en racistes par leurs médias propagandistes contre tous les droits des francophones et des Québecois .
    Et les colonisés anglicisés ont hontes de nous qui osons affirmer notre francophonie .
    Le massacreur de l,Assemblée Nationale le soldat colonisé Lortie expliquait cela comment il a souffert au Canada de l'attitude des Québecois et que c'est pour cette raison qu'il voulait DÉTRUIRE René Lévesque et les députés péquistes .
    Les colonisés fédéralistes Québecois aime beaucoup leur colonisateur sur la Montagne et sont prêt à tout pour bien les traiter .
    La race supérieure aime ces Montréalaids et la gang des commandités de la radio poubelle fédéraliste à Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2010

    M. Dubreuil,
    Il y a 20 ans, j'ai passé à l'Université de la Saskatchewan une année sabbatique. Dans le milieu universitaire, on me présentait toujours bonne figure, jusqu'à ce que je prononce le mot Québec. Une année complète, à passer ses loisirs dans les provinces de l'Ouest, ça vous met en contact avec les franco-canadiens, les red-necks, incluant des Africaners immigrés, à travers les multiples égaux de la folkfest... et je confirme votre propos, recueilli en 2010. Malgré tout, avant de quitter Saskatoon, avons invité tout le personnel de la fac, dans un parc municipal, pour un brunch québécois à base de sirop d'érable. Plusieurs ont pris prétexte de l'égalité des cultures pour venir faire acte de présence. Et le "fairplay" anglais les a entraînés à se montrer satisfaits de l'invitation. Et à vérifier que nous partions bien.