Martin Ouellet - Le Québec ne subira pas une nouvelle crise d'Oka estiment les premières nations et les politiciens, presque 20 ans après les affrontements armés et le siège des Warriors Mohawks près de Montréal.
Mais cela ne signifie pas que les relations entre les communautés blanches et autochtones sont au beau fixe, a tenu à préciser le chef de l'Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard.
M. Picard était à Québec mardi pour l'annonce d'une entente tripartite en matière d'aide au revenu aux côtés de Chuck Strahl, le ministre fédéral des Affaires indiennes, et Pierre Corbeil, responsable québécois des Affaires autochtones.
Deux décennies après les événements d'Oka, les plaies sont toujours vives entre la majorité québécoise et les premières nations, a soulevé le chef de l'APNQL.
«C'est sûr qu'il y a encore un fossé qui sépare la majorité québécoise des communautés autochtones (...) Même si le fossé s'est beaucoup rétréci depuis 20 ans, il y a encore de l'éducation à faire auprès de la société québécoise pour bien saisir les fondements de la crise», a évalué M. Picard.
Les revendications territoriales des Mohawks, à l'origine des affrontements, demeurent mal comprises par la majeure partie de la population québécoise, selon lui.
Toutefois, en dépit des tensions toujours existantes, M. Picard ne redoute pas l'éclatement d'une nouvelle crise comme celle d'Oka.
«Du côté autochtone, la majorité a dénoncé la façon de faire de certains (individus) et ça, je pense qu'on ne reviendra pas là-dessus. Même à l'intérieur de la communauté mohawk, ce n'est pas une avenue envisagée», a-t-il dit.
Pour le ministre Strahl, l'évolution des relations entre les autochtones et le pouvoir politique ces dernières années ne permet pas d'envisager un nouveau déferlement de violence.
«La situation n'est plus la même qu'il y a 20 ans. Les relations entre les premières nations et le gouvernement étaient souvent marquées par la confrontation. Aujourd'hui, l'approche est axée sur la négociation», a-t-il dit.
Depuis 20 ans, non seulement la communauté de Kanesatake s'est enrichie d'un centre jeunesse, d'un centre de santé, d'un foyer pour personnes âgées et d'une nouvelle école, mais des revendications territoriales ont aussi été reconnues, a soulevé le ministre.
Quant à lui, le ministre Corbeil croit que la majorité blanche et la minorité amérindienne ont retenu les leçons qui s'imposaient après la crise de 1990.
«Tout le monde a convenu qu'il ne faut plus jamais revivre ça, tant les leaders autochtones que les non-autochtones. Le gouvernement du Québec est engagé dans un processus continu d'échange et de dialogue et il y a des succès retentissants», a relaté M. Corbeil.
L'engagement de certaines communautés amérindiennes dans le développement de petites centrales hydroélectriques illustre bien l'assainissement des relations entre les deux groupes occupant le territoire, a-t-il dit.
Le 11 juillet 1990, une intervention de la Sûreté du Québec pour démanteler une barricade érigée par des Mohawks le 11 mars précédent tournait au vinaigre.
Des autochtones de Kanesatake, aidés de ceux de Kahnawake, bloquaient la circulation pour protester contre l'agrandissement d'un terrain de golf à Oka sur des terres revendiquées par les Mohawks.
L'assaut raté de la Sûreté du Québec devait entraîner la mort du caporal Marcel Lemay, de la SQ, tombé au cours d'une fusillade.
Il s'en est suivi 78 jours de barricades et de confrontation entre les Warriors -une milice mohawk traditionnaliste lourdement armée- et les forces de l'ordre, dont l'armée canadienne.
Crise d'Oka: les plaies sont encore «vives»
Le 11 juillet 1990, une intervention de la Sûreté du Québec pour démanteler une barricade érigée par des Mohawks le 11 mars précédent tournait au vinaigre.
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