Correspondante à Bruxelles
Alors que l’Italie connaît depuis la fin de la semaine dernière une explosion du nombre de cas répertoriés, l’inquiétude autour du Coronavirus grandit à Bruxelles . «Rappelons que nous avons plus de 2600 décès et que l’épidémie a déjà frappé 29 pays». C’est avec ces mots que le commissaire européen en charge de la gestion des crises, Janez Lenarcic, a débuté la conférence de presse qu’il a tenue lundi matin avec la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides. Face à ce «défi mondial» et alors que l’Italie est désormais le premier foyer de Coronavirus hors d’Asie, Bruxelles a invité les pays de l’UE à serrer les rangs et à se coordonner pour «endiguer la maladie». «Ces derniers jours ont montré à quel point la situation peut changer rapidement», a admis la commissaire à la Santé en invitant les Etats membres à pas «paniquer» et à ne pas «céder aux sirènes de la désinformation».
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Pour l’heure, les deux commissaires européens ont tour à tour félicité les autorités italiennes pour la rapidité de leur réaction et la transparence dont elles ont fait preuve au cours des derniers jours. Rome a, dès vendredi soir, annoncé le confinement de plusieurs villes dans le Nord de l’Italie. Et, dimanche, on apprenait qu’il était mis fin au Carnaval de Venise qui devait durer jusqu’à mardi. L’Italie est le premier pays de l’UE à annoncer de telles mesures en Europe. Une mission conjointe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) doit se rendre mardi en Italie pour évaluer la situation.
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Pas de recommandations sur la fermeture des frontières
Bien évidemment, avec le développement du virus sur le continent, c’est aussi la question de la libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen qui est posée. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’Autriche a suspendu durant quatre heures son trafic ferroviaire avec l’Italie en raison de doutes sur l’état de santé de deux touristes allemandes en provenance de Venise. L’inquiétude gagne aussi la France et les villes proches de la frontière italienne. Le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, réclame ainsi la mise en place d’un plan sanitaire d’urgence et le renforcement des contrôles sanitaires à la frontière. À ce stade, la Commission n’entend pas faire de recommandations sur la fermeture éventuelle des frontières, sujet qui relève, en outre, de la prérogative des États membres. Mais elle n’a pas non plus totalement écarté cette option si la situation venait à évoluer. «Concernant les différents scénarios tels qu’une suspension coordonnée de Schengen, nous ne les envisageons pas pour le moment, mais nous travaillons à divers plans d’urgence», a déclaré Janez Lenarcic. Les restrictions de voyage dans l’espace Schengen doivent être «proportionnées», «coordonnées» entre les États de l’UE et «basées sur des preuves scientifiques», a pour sa part précisé la commissaire à la Santé. «Pour le moment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas recommandé de limiter les voyages ni le commerce», a-t-elle ajoutée.
La Commission européenne a, par ailleurs, annoncé lundi matin le déblocage de 232 millions d’euros «afin d’oeuvrer à cette lutte internationale contre le coronavirus». Sur ce montant, 114 millions iront à l’OMS après son appel international, 100 millions seront consacrés à la recherche et 3 millions seront utilisés pour la fourniture d’équipement à la Chine et le rapatriement des citoyens de l’UE. Un avion de l’UE avait déjà décollé de Vienne pour la Chine dimanche matin avec, à son bord, plus de 25 tonnes de protections individuelles.
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