Commentaire sur un extrait de la lettre de Richard Le Hir à Pierre Dubuc

Tribune libre

« Dans d’autres circonstances où le balancier nous amènerait trop à gauche, je pourrais me ranger plus à droite.
Ce pragmatisme me permet de me situer jamais bien loin de la raison, une position que je préfère à celle d’avoir totalement raison au moment furtif où le balancier passerait le point où je me serais immobilisé, à gauche, au centre, ou à droite. »
Encore faut-il savoir de quelle gauche et de quelle droite il s’agit au juste et en quoi celles-ci s’opposent ou se complètent !
La gauche marxiste qui se voulait purement matérialiste, c’est-à-dire strictement utilitaire et économique, a produit une société qui s’est avérée mythique comme l’ont démontré les régimes communistes. Son déni était celui de la gauche historique et de sa pratique rationnelle authentique des valeurs humanistes millénaires découlant des civilisations gréco-latines et chrétiennes, dont la morale transcendante prétendait et prétend toujours favoriser en politique la prééminence d’une justice sociale équitable fondée sur l’égalité démocratique des citoyens.
Tout individu y a par essence et donc a priori une dignité respectable par ses seules potentialités – comme être humain – d’accès à la vie autonome de l’esprit. Reste à la culture d’une véritable démocratie d’en permettre à chacun la réalisation concrète par une libre participation à l’histoire humaine de sa société. Et c’est bien là que le bât blesse : au niveau national qui le concerne concrètement dans cette participation !
Cette prééminence de l’esprit démocratique égalitaire de gauche – bien au-delà du pragmatisme et de sa conception de la vie matérielle et utilitaire – est évidemment contraire à l’individualisme égocentrique et utilitariste prôné aujourd’hui par l’oligarchie mondialiste au pouvoir, sous prétexte d’une universalité humaine qu’on réduit ainsi à son dénominateur le plus bassement matérialiste.
Ce régime politique destructeur des nations, précisément parce qu’il se fonde concrètement sur des valeurs de puissance individuelle de domination et d’enrichissement sans limite étrangères à une vie sociale résultant de la construction des principes historiques de la justice humaine, à savoir sur des valeurs d’efficacité économique dictées par un système capitaliste productiviste au service exclusif d’intérêts privés, se situerait donc à droite sur votre balancier.
Il justifie ainsi le sacrifice des plus faibles (les inefficaces), lequel est censé profiter à la majorité mais conduit en réalité à un darwinisme social et à sa loi du plus fort généralisée. On voit mieux désormais que cette majorité qui était incarnée avant l’ère néolibéral Reagan/Thatcher par des classes moyennes croissantes, se rétrécie partout sur la planète comme peau de chagrin.
Tenant compte de la complexité de l’être humain dans sa dimension morale subjective, peut-on définir sa réalité politique autrement qu’à travers cette dualité rationnelle gauche/droite qu’il devient de plus en plus illusoire de prétendre encadrer socialement par-delà le bien et le mal ?
Existerait-il une autre droite que celle décrite ci-dessus, laquelle correspond à une société fuyant sa dimension éthique et soumise au pouvoir de l’argent, une société devenue essentiellement capitaliste et politiquement réduite aux diktats du marché ? Après trente ans de ce néolibéralisme, il m’apparaître tout aussi évident que cette nouvelle droite découlant d’un prétendu pragmatisme social dont l’idéal serait complémentaire de la gauche historique, n’est qu’un fantasme. Qu’elle n’est en fait qu’un masque sur l’impuissance réelle de l’État contemporain, un autre prétexte ne l’autorisant en rien à miser en toute bonne conscience sur des intérêts privés foncièrement égoïstes et déterminés entièrement par le profit capitaliste, soi-disant comme d’éventuelles solutions dans la poursuite du bien commun.
Robert Charette, Montréal


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mai 2013

    Maudit que l'axe gauche-droite me tombe sur la rate et n'en finit plus d'empoisonner notre combat national pour l'indépendance de la patrie.
    L'indépendance n'est ni à gauche ni à droite, mais en avant. Le pouvoir citoyen aussi.
    Il faut faire l'indépendance et remettre le citoyen au coeur des institutions décisionnelles de l'État. Et lâchez-nous la grappe avec le vieux discours gauche-droite passé date comme un vieux yogourt. Basta.
    Pierre Cloutier