Le CHUM va de l'avant, voilà une bonne nouvelle. Il s'agit d'un projet d'une grande complexité compte tenu des nouvelles technologies qu'il faut y incorporer, et surtout des tergiversations politiciennes qui ont rendu tout le monde sceptique.
Le CHUM coûtera très cher, du moins en termes absolus: 2 milliards, c'est beaucoup d'argent. Cela dit, prenons la peine de comparer avec d'autres dépenses que nous acceptons de faire sans trop nous poser de questions. Chaque année, par exemple, Hydro-Québec consacre de 3 à 4 milliards pour construire des barrages, des éoliennes et des lignes de transport d'électricité. D'ici 2013, la société d'État aura donc investi entre 15 et 20 milliards pour améliorer son réseau. Pendant ce temps, on aura aussi injecté 500 millions pour un court tronçon d'autoroute entre Châteauguay et Vaudreuil, et plus d'un milliard pour soutenir 3000 fermes porcines qui écoulent leur production à perte sur les marchés étrangers. Que dire aussi de la subvention de 200 millions par année, pendant 35 ans, sous forme d'électricité bon marché vendue pour une seule des usines Alcan au Québec (valeur actualisée de 3 milliards)?
Alors, qu'on cesse de nous rebattre les oreilles avec ces 2 milliards répartis sur 35 ans que coûtera cet hôpital ultraspécialisé dans lequel des dizaines de milliers de patients de toutes les régions seront traités au cours des 50 années qui suivront son ouverture. Quand il est question de construire une usine, des éoliennes ou des tours à bureaux, on parle d'«investissements» parce que l'argent génère des revenus. En santé, ce serait la même chose si on avait confié le système au secteur privé. Tout le monde applaudirait aujourd'hui la décision d'un consortium d'investir 4 milliards sur 30 ans pour construire deux grands hôpitaux de soins spécialisés au centre-ville de Montréal. C'est par choix qu'on a décidé de répartir les coûts entre tous, et au bout du compte, cet investissement sera très rentable: il donnera de l'emploi à des milliers d'employés spécialisés tout en fournissant des soins de grande qualité, à meilleur coût que n'importe quel hôpital américain.
Reste, bien sûr, la question du partenariat public-privé qui soulève toujours autant de questions auxquelles l'Agence des PPP n'est pas capable de répondre autrement que par déclarations ex cathedra. Lundi, le premier ministre Charest a enfin ouvert la porte à un plan B dans l'éventualité où le consortium privé ne répondrait pas aux attentes. Mieux vaut, en effet, se préparer tout de suite à un scénario qui apparaît de plus en plus probable, mais qui ne doit pas retarder encore la réalisation du projet.
j-rsansfacon@ledevoir.ca
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