MONTRÉAL | L’ex-premier ministre du Québec Jean Charest songerait à se lancer dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada, a rapporté Radio-Canada mercredi.
Citant au moins deux sources, la société d’État indique que M. Charest serait en train de réfléchir à un retour en politique, précisément sur la scène fédérale où il a déjà été ministre dans le gouvernement de Brian Mulroney.
Si la nouvelle est confirmée, il s’agirait d’une candidature remarquée à la succession d’Andrew Scheer. Elle répondrait notamment à plusieurs critères évoqués par certains élus et militants conservateurs du Québec, à savoir que l'on souhaite un chef bilingue, originaire de l’est du pays et en phase avec les enjeux sociaux qui ont nui à la formation politique durant la dernière campagne électorale.
Le mois dernier, en marge du Sommet de l’aérospatiale canadienne, à Ottawa, Jean Charest avait invité les Canadiens, y compris ceux du Québec, à se montrer sensibles aux préoccupations de l’Ouest tout en réfutant la thèse d’une nouvelle crise d’unité nationale.
«Au Canada, comme on est une des fédérations les plus décentralisées au monde avec un grand territoire et une population très diversifiée, il y a toujours eu des différences régionales», avait-il fait savoir.
«Il faut qu’ailleurs au pays les gens reconnaissent qu’aujourd’hui, dans l’Ouest du pays, c’est un passage difficile et [les gens là-bas] demandent à leurs concitoyens de le reconnaître et de les aider à passer à travers cette période-là», a ajouté l’ex-politicien.
Ce n’est pas la première fois que le nom de Jean Charest circule pour le poste de chef du Parti conservateur du Canada. En 2015, il avait dû couper court aux rumeurs suggérant qu’il pouvait être intéressé.
L’ex-chef du Parti libéral du Québec a quitté la vie politique en 2012 pour retourner au droit après la défaite face au Parti québécois dirigé par Pauline Marois.
Avant de devenir chef du Parti libéral du Québec en 1998 et premier ministre du Québec en 2003, Jean Charest a été chef du Parti progressiste-conservateur du Canada de 1993 à 1998.
La course à la chefferie du PCC a été lancée après la démission d’Andrew Scheer, la semaine dernière.
Jusqu’ici plusieurs noms circulent : Gérard Deltell, député conservateur québécois, Michael Chong, député conservateur ontarien, mais aussi Erin O’Toole qui a terminé troisième dans la précédente course à la direction ou encore Rona Ambrose, qui a assuré l’intérim à la tête du parti après le départ de l'ancien premier ministre Stephen Harper.
Épée de Damoclès
Le nom de Jean Charest est associé au fameux projet Mâchurer, une enquête lancée en 2014 par l’Unité permanente anticorruption (UPAC) dans la foulée de la commission Charbonneau et qui s’intéresse à des allégations de financement illégal au Parti libéral du Québec (PLQ) lors des années Charest.
Rappelons qu’aucune accusation n’a été déposée contre Jean Charest.
Selon les extraits du livre-choc PLQ inc. publié en octobre dans le Journal de Montréal, le PLQ aurait notamment remboursé une partie de l’hypothèque de la maison de son ancien chef à Westmount, avant de lui verser un salaire de 75 000 $. Ces informations ont été obtenues par les enquêteurs de l'UPAC dans le cadre du projet Mâchurer, selon notre Bureau d’enquête.
Jean Charest a été élu député du Parti progressiste-conservateur dans Sherbrooke aux élections fédérales de 1984. Au total, il a assumé quatre mandats sous la bannière des progressistes-conservateurs, soit en 1984, 1988, 1993 et 1997. Il avait également hérité des postes de ministre d’État à la Jeunesse et de ministre d’État au Sport amateur dans le cabinet de Brian Mulroney, avant de faire le saut en politique provinciale.