Sylvain Larocque - Malgré la riposte virulente que lui a servie André Boisclair dimanche soir, le chef libéral Jean Charest a continué lundi de laisser flotter l'ambiguïté quant aux conséquences de l'élection du Parti québécois sur le maintien des transferts fédéraux.
«Il me semble que l'essentiel, c'est quoi: le Parti québécois propose de se séparer et il affirme qu'il va garantir les transferts fédéraux, sans ajouter plus d'information? Là-dessus, je pense (...) qu'il faut qu'il nous donne des explications, il faut qu'il clarifie ce qu'il a affirmé dans son programme. Il ne peut pas juste laisser ça planer», a déclaré le premier ministre sortant en conférence de presse tenue à la Cité de la Santé de Laval.
M. Charest a toutefois dû se résigner à admettre, du bout des lèvres, que les versements fédéraux, y compris ceux à venir pour régler le déséquilibre fiscal entre Québec et Ottawa, se poursuivraient advenant la simple arrivée du PQ au pouvoir.
«Les choses continuent comme la veille le lendemain d'une élection (du PQ)», a convenu le chef libéral, s'empressant néanmoins d'ajouter que les transferts fédéraux, notamment les paiements de péréquation, «n'existeront plus, ne seront plus là le jour où le Parti québécois fait un référendum et cherche à créer l'indépendance».
«Il faut être clair là-dessus, a martelé Jean Charest. Il faut le dire.»
Le chef libéral s'est défendu de vouloir semer la confusion.
«Posons-nous la question suivante, là: qui est passé maître dans l'art d'entretenir la confusion? a-t-il demandé. Quand André Boisclair livre un programme politique où il refuse de mentionner le mot référendum? (...) Ajoutez à ça une affirmation dans son document où il dit qu'il va garantir les transferts fédéraux, puis il laisse planer ça dans le vide. (...) S'il entretient délibérément une confusion, moi je pense qu'on a raison de se méfier de ce qu'il propose le 26 mars.»
Dimanche soir, M. Boisclair a réagi fortement quand il a appris que son adversaire libéral avait laissé entendre que les milliards de dollars destinés au règlement du déséquilibre fiscal ne seraient peut-être pas versés au Québec dans l'éventualité où le PQ prendrait le pouvoir.
«Jean Charest est en train de nous dire que les paiements de transfert qui auront été annoncés pendant la campagne électorale nous seront retirés au lendemain de l'élection, a tonné le chef péquiste. Ca, ça s'appelle (...) du chantage. Puis les Québécois en ont assez. Je ne sais pas ce que (Stephen) Harper pense de ces déclarations et comment il va réagir. Est-ce à dire que la Chambre des communes aura à se prononcer sur un budget dans lequel il y aura un petit astérisque — oui, mais si le PQ prend le pouvoir, le budget ne tient pas? C'est ça le fédéralisme rentable? C'est ça le fédéralisme asymétrique que salue M. Charest? Ca, c'est le fédéralisme du chantage. Ca fait déjà trop longtemps qu'on en souffre.»
À Ottawa, M. Harper a dit lundi ne pas vouloir s'immiscer dans la campagne électorale au Québec. Il a néanmoins qualifié d'«intéressant» le débat sur la question des transferts fédéraux.
«Evidemment je n'ai pas l'intention de m'impliquer dans l'élection provinciale au Québec. C'est un débat intéressant», a dit M. Harper lors d'une conférence de presse portant sur l'Afghanistan.
«Le gouvernement aura un budget le 19 mars. Ce sera un budget important, nous avons déjà annoncé des fonds pour des fiducies environnementales et aussi aujourd'hui des fiducies pour l'Afghanistan et j'espère que nous aurons l'appui de tous les partis à la Chambre des Communes», a-t-il ajouté.
L'affrontement Charest-Boisclair a débuté avec le dévoilement de la plateforme électorale péquiste, samedi. Dans le document, le PQ s'engage, lors d'une éventuelle transition entre le «statut de province à celui de pays», après un référendum, à «garantir la continuité des transferts fédéraux versés aux Québécois».
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