Ce n'est pas moi qui le dis mais plutôt la députée libérale du comté de Vachon de 1985 à 1994, Christiane Pelchat, que Jean Charest a nommée à la présidence de la Conseil du statut de la femme. "Odieux", "discriminatoire", "régressif", le vocabulaire fuse pour qualifier la "taxe santé" annuelle de 200$ et le ticket modérateur de 25$ pour chaque visite chez le médecin. Le Conseil du statut de la femme "trouve profondément odieux cette taxe sur la santé des femmes" dit-elle en documentant extraordinairement bien son point de vue.
Lire la première page du Devoir de mercredi, 12 mai 2010, nous rend plus connaissants. L'angle d'analyse qu'on y trouve est exceptionnellement riche d'informations.
On y découvre d'abord qu'en matière de services de santé, les hommes et les femmes vivent des rapports d'inégalité. En effet, de 15 à 44 ans, à cause de leur système de reproduction, les femmes sont forcément plus nombreuses à recourir au système de santé que les hommes du même âge.
De plus elles vivent plus longtemps. Forcément elles solliciteront le système de santé pour une période plus longue que les hommes.
Et il se trouve qu'elles sont également plus pauvres que les hommes. En effet, elles gagnent en moyenne 63% du salaire des hommes. Et comme il y une corrélation entre la pauvreté et la maladie, toutes les études le confirment, les femmes sont davantage malades que les hommes.
Bref, les conditions objectives des femmes et celles qui leur sont faites font que ces dernières fréquentent davantage les services de santé que les hommes. C'est pourquoi, d'après Christiane Pelchat, lorsqu'on "parle...de taxe spécifique sur la santé,... on exacerbe les inégalités entre les femmes et les hommes... et on trahit l'obligation constitutionnelle de respecter l'égalité entre les femmes et les hommes". À son avis, cette taxe est insconstitutionnelle. Et vlan!
J'avoue que je n'y avais pas pensé. Et je redécouvre les vertus de "l'analyse différenciée selon le sexe". Cette technique d'analyse proposée par l'ONU et que plusieurs États se sont engagés à appliquer, dont le Québec, vise à évaluer l'impact des éventuels règlements, lois et mesures sous l'angle de la croissance ou la décroissance des inégalités entre les femmes et les hommes. À l'évidence, pour Christiane Pelchat, cette analyse n'a pas été faite.
La "taxe santé" est un crime social. Contre l'équité. Contre la solidarité. Un véritable saccage du bien public. En plus, c'est une aggression caractérisée faite aux femmes. Est-il permis d'espérer que le bon sens reprenne ses droits?
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