Dans Le Devoir du 13 avril dernier, l’article de Benoit Lévesque [Budget Bachand : Une rupture avec la social-démocratie québécoise->26997] rappelait, outre la nécessité pour le gouvernement de fournir aux citoyens un portrait clair et complet de la situation financière - donc, sans entourloupette comptable, que les charges fiscales trop lourdes pour les moins nantis sont non seulement injustes mais finalement, contre-productives économiquement.
Le budget Bachand montre à quel point il est facile d'instaurer des taxes régressives, une fois brisée la fragile barrière de la social-démocratie comme contrat social. Où cela s'arrêtera-t-il? L’effronterie des riches est sans limite, comme le montre assez bien l’Histoire universelle présente et passée, notamment la crise financière de 2008. En troquant le plus d'impôt possible pour le plus de taxation possible, le seul résultat absolument sûr est qu'on déplace vers les moins nantis une plus grande partie du fardeau fiscal, mais à long terme augmente-t-on pour autant le revenu global de l'État ?
La question se pose, sachant que les entreprises du Québec sont moins imposées que partout ailleurs sur le continent (nonobstant la propagande à l’effet du contraire), sachant aussi que les 950 millions de dollars de baisses d’impôts accordés par le gouvernement Charest en 2008 seront récupérées par les nouvelles taxes sur la santé. En réalité, lesdites taxes ne servent qu’à compenser pour les échappatoires et réductions fiscales. Incidemment, se souvient-on que dans un sondage de Léger Marketing de mai 2007 auprès des Québécois, 70% des répondants préféraient que le gouvernement affecte ces 950 millions à la santé et à l’éducation plutôt que de les dilapider en baisses favorisant les contribuables plus fortunés ?
Le problème avec la taxation sur les produits et services de base est qu'il est difficile d'atteindre le même niveau d'équité qu'avec un impôt progressif, même en accordant des retours de taxes au plus démunis. Pour ceux-ci, le retour ne compense pas la perte de pouvoir d'achat au jour le jour. Une famille qui fait son épicerie préfèrera probablement payer quelques dollars de moins à ce moment-là, car la compensation ultérieure n'élimine pas la privation à court terme (une provision de légumes, par ex.). Les taxes sont inévitables, certes, mais la taxation doit s’inscrire dans une vision socioéconomique responsable, non dans un parti-pris d’enrichissement des plus riches.
Toujours dans Le Devoir du 13 avril, l'article Financement de la santé : Une brèche dans ce qui fonctionne le mieux, écrit par les professionnels de la santé Astrid Brousselle, Christine Loignon et Damien Contandriopoulos, va dans le même sens. Leur conclusion: « Ce n’est pas dans la restriction de l’accès aux services de première ligne [via un ticket modérateur] que réside la solution aux maux du système de santé. […] Si l’on veut améliorer [celui-ci], il faut agir sur son fonctionnement et non sur les principes de financement.» En clair, selon eux l’argent n’est pas le problème principal : un son de cloche fort différent de ce qu’on entend généralement.
À l’appui de cette thèse, plusieurs études d’envergure démontrent maintenant sans l’ombre d’un doute que le ticket modérateur a l’effet inverse de ce qu’on en attendait : les moins nantis retardent les consultations médicales jusqu’au moment où leur condition s’aggrave, requérant alors des soins beaucoup plus dispendieux. Ce que le ticket fait baisser, c’est la santé, pas les frais.
La soi-disant « révolution culturelle » proclamée M. Bachand est déjà fort ancienne : c’est le néolibéralisme et tout son cortège d’iniquités. Beau progrès! Le premier à le savoir est certainement M. Bachand lui-même qui, dans un passé relativement proche, fut président du Fond de solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec.
Robert Sarrasin, La Tuque
Le budget Bachand de mars 2010
S'avancer pour mieux reculer
En réalité, lesdites taxes ne servent qu’à compenser pour les échappatoires et réductions fiscales.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
20 avril 2010Le futur système de soin de santé, privé ???
Cette fin de semaine j’ai dû me rendre à l’urgence dans un hôpital de Sherbrooke. Avant de m’y rendre j’ai téléphoné Info-Santé 811 qui m’ont fortement suggéré de me rendre sans plus attendre, du moins dans un délai de 24h. Au triage on m’a donné un bracelet de couleur vert qui signifie « URGENT » Je me suis vite rendu compte que parmi la trentaine de personnes qui étaient assises autour de moi, tous avaient un bracelet de la même couleur! Bon c’est normal car on est à l’urgence. J’ai donc attendu 7 h et 30 min, assis sur une chaise avec une douleur abdominale avant de pouvoir rencontrer celui qui me sauverait de cette situation. Des femmes et des enfants, même un couple âgé qui avec leurs propres raisons attendaient comme tout le monde et un seul urgentologue pour répondre à tous qui bien sûre n’était pas suffisant. On a remplacé les médecins par 1 urgentologue !!! Ça faisait longtemps que je n’étais pas allé à l’urgence pour m’en rendre compte.
Je me rappelle une fois avoir vu Jean Charest manger un hot-dog tout seul chez Louis Lunchonette avec ses gardes du corps pas très loin, cela m’avait fait penser qu’il voulait démontrer par sa présence que dans l’fond il était comme tout le monde. Mais je n’ai jamais vu Jean Charest attendre dans une salle d’urgence, comme tout l’monde. Franchement Jean tu fais dure ! Chez Louis Lunchonette t’avais plutôt l’air d’un mangeux de hot-dog que d’un premier ministre et ça ce justifie, mais enfin on n’a ce qu’on a. Je me rappelle également l’avoir vu au Végétarien. Il était en avant de moi à la caisse, et entre lui et moi il y avait une dame d’un certain âge qui s’enprenait à lui pour lui laisser savoir son mécontentement. Jean était bien poli, et aujourd’hui c’est tout le Québec qui lui en veux! Jean est bien têtu. Jean! veux tu ben me dire ce qui se passe ? Comment ça se fait que tout l’monde t’aime pas, au Québec ! Jean, la majorité des québécois trouvent que ton courage en est un d’effronté et de têtu. Oui OK! Il faut des mesures et tout le monde les veut aussi mais, il faut que ce soit équitable pour tous et modulé en fonction des salaires !!! Qu’est ce qu’il y a de difficile à comprendre là-dedans ?
Donc Jean ne veut rien savoir, il est têtu et tout le Québec lui en veut. Je me pose la question suivante. Pourquoi cet entêtement à vouloir faire payer injustement la majorité québécoise ? Pourquoi faut il que ce soit les moins bien nantis qui soient obligés de payer ?
Entéka ! Ça me donne l’impression que le PLC essais de rendre notre système de soin de santé caduque, comme si on voulait nous faire croire qu’il ne fonctionnait plus, pour le remplacer par un système de soin de santé PRIVÉ, vous rappelez vous du ministre de la santé Couillard qui est passé au privé ? est ce que ce Nouveau Système de Soin de Santé serait financé par le publique ? Hummmmm!! Ben oui c’est ça l’affaire, le voyez vous ? Voyez vous la manœuvre !
Les dernières manifestations organisées par la société québécoise n'ont pas suffit, elles n’ont pas convaincu Jean Charest ? Alors ça en prend une encore plus grosse! C’est tout !!!
Jean-François-le-Québécois Répondre
16 avril 2010C'est rien de moins que terrible, mais risible aussi, en un sens, que l'on veuille nous passer un sapin tel que ce budget!
Il faut que les citoyens de la classe moyenne fassent leur part, nous dit-on...
Si nous n'étions pas déjà les citoyens les plus taxés d'Amérique du Nord, là, ça serait peut-être pas pareil. Mais les choses étant telles qu'elles le sont, la classe moyenne, franchement, est depuis un bon bout de temps en train de s'appauvrir...
Et que dire de tout l'argent que Charest et sa bande nous ont fait perdre, depuis 2003, avec leur gestion absolument pourrie !?!
Pendant ce temps, les amis du régime en question s'enrichissent.