Un utilisateur de médias sociaux qui embellit sa page avec une photo d’époque, un passionné qui enrichit un article de Wikipédia avec des images, un artiste qui modifie une vieille illustration pour créer une nouvelle œuvre, un enseignant qui intègre des cartes géographiques anciennes à ses cours : voilà quelques-uns des usages possibles avec les documents libres de droits répertoriés depuis cette semaine par BAnQ.
Les documents en question, des photographies, des cartes postales, des affiches, des partitions musicales, des journaux et enregistrements sonores, n’ont pas été numérisés pour l’occasion, mais ils sont désormais faciles à identifier et à retrouver. « Ça faisait plusieurs années qu’on voulait faire quelque chose de la sorte », explique Jean-François Palomino, cartothécaire et coordonnateur à la direction de la recherche et de la diffusion des collections patrimoniales de BAnQ.
Jusqu’à présent, ceux qui voulaient utiliser un document devaient en faire la demande à BAnQ. Un employé effectuait alors les vérifications nécessaires pour s’assurer que l’œuvre était libre de droits. Aujourd’hui, tous les documents du domaine public au Canada sont étiquetés de la sorte, et sont accessibles à partir d’un portail dédié. « Ça allège le processus », se réjouit Jean-François Palomino.
Une interface permet de naviguer dans les œuvres ou de faire une recherche spécifique. En quelques minutes, on découvre des sketchs humoristiques des années 1920 (qui pourraient avoir été créés par François Pérusse), de vieilles cartes postales de pratiquement tous les villages du Québec ou des affiches pour encourager l’effort de guerre pendant la Deuxième Guerre mondiale.
La collection de 200 000 documents libres de droits de BAnQ est appelée à croitre au fil des ans, lorsque de nouvelles pièces seront identifiées ou numérisées. « Pour l’instant, nous avons entre 2 % et 20 % de nos documents physiques qui ont été numérisés, selon le corpus », estime le coordonnateur. « Nous en avons pour des années encore pour rendre tout ce que nous avons accessible à distance », poursuit-il. Avec le temps, chaque document sera accompagné des mentions nécessaires concernant ses droits, tirées notamment du site RightsStatements.org et des licences Creative Commons.
Le nouvel outil de BAnQ s’inscrit dans une tendance mondiale, explique Jean-François Palomino. « Plusieurs institutions dans le monde, comme le Rijksmuseum à Amsterdam et la New York Public Library, se sont positionnées de la sorte. On trouvait important de contribuer à ce mouvement qui favorise un meilleur accès aux connaissances », note-t-il.
La collection pourrait d’ailleurs rejoindre un public plus large que les chercheurs, éditeurs et enseignants qui se sont toujours intéressés aux documents du genre. Jean-François Palomino espère notamment que les développeurs québécois s’en inspirent pour créer des applications mobiles.
« J’adorerais que quelqu’un fasse une grande mosaïque avec les cartes topographiques du début du 20e siècle pour qu’on puisse les juxtaposer avec les cartes modernes dans une application, pour voir où il y avait des ruisseaux et ce qu’il y avait avant les autoroutes », confie-t-il. « C’est un exemple parmi tant d’autres d’application qui serait super intéressante », croit le cartothécaire.
D’autres usages pourraient aussi être purement commerciaux. « Tant mieux si les photos sont reproduites sur des tasses ou des t-shirts, lance Jean-François Palomino. Ça va aller chercher plein d’ambassadeurs locaux, qui vont pouvoir facilement transmettre les documents et les faire connaître dans leur communauté. »
BAnQ a pour mission de diffuser le patrimoine québécois. En permettant aux Québécois de facilement s’approprier ses œuvres, l’organisme leur offre la possibilité de contribuer à cet effort.