Catherine Fournier: Ultimatum pour la souveraineté

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Le véhicule péquiste est foutu

Les mauvaises nouvelles ne cessent de s’accumuler pour le Parti Québécois qui, après avoir été réduit au statut de deuxième groupe d’opposition avec seulement 10 élus, voit maintenant la députée Catherine Fournier quitter son caucus pour siéger comme indépendante. Dans sa conférence de presse, la députée de Marie-Victorin a manifesté une volonté de rassembler tous les indépendantistes derrière un front uni, tout en critiquant âprement le PQ pour son déclin continu depuis des décennies.


Le divorce de la frange indépendantiste du PQ


Il va sans dire que ce départ sera très dommageable pour la formation politique de Pascal Bérubé : Catherine Fournier est une députée de qualité, suffisamment ancrée dans son milieu pour survivre à la vague caquiste d’octobre dernier. À l’heure où le parti cinquantenaire dit vouloir se reconstruire, nul doute qu’il aurait aimé le faire avec celle que tous décrivaient comme sa plus prometteuse étoile montante.


Toutefois, la démission de Mme Fournier est bien plus lourde de significations : avec son départ, la coalition péquiste s’effrite encore davantage. Les souverainistes identitaires à tendance autonomiste se plaisent à la Coalition Avenir Québec, les indépendantistes de gauche ont Québec Solidaire, le PQ ne parvenait plus qu’à rassembler une certaine frange d’indépendantistes ultra dont l’action politique est principalement axée sur la question constitutionnelle.



La députée de Marie-Victorin dépouille ainsi le Parti Québécois de la dernière carte qu’il lui restait à jouer : celle du parti créé avant tout pour faire du Québec un pays.



En quittant le navire et en entraînant avec elle certains éléments qui mettent, comme elle, l’indépendance d’abord et avant tout, la députée de Marie-Victorin dépouille ainsi le Parti Québécois de la dernière carte qu’il lui restait à jouer : celle du parti créé avant tout pour faire du Québec un pays. Sa conférence de presse était limpide, l’élue de 26 ans ne croit plus que le PQ est apte à remplir ce mandat. C’est un message clair qu’elle envoie aux indépendantistes partout au Québec : elle croit visiblement le parti irréformable et mourant.


Le rêve de Jean-Martin Aussant


Depuis quelques semaines, les rumeurs au sujet de Catherine Fournier laissaient entendre qu’elle fonderait probablement un nouveau parti souverainiste avec Jean-Martin Aussant, dont elle est réputée être proche. La réservation des noms de parti « Option Québec » et « Parti pour l’Indépendance du Québec » auprès du DGEQ n’a qu’accentué ces rumeurs. Pourtant, le fondateur d’Option Nationale n’était nulle part ce matin lors de la conférence de presse de la députée, et celle-ci a même indiqué de façon plutôt limpide ne pas souhaiter l’apparition d’un parti de plus sur la scène politique québécoise pour diviser les souverainistes.


Sachant tout cela, une possibilité s’impose : Jean-Martin Aussant cultive depuis des années le rêve de tenir un grand congrès de refondation du mouvement indépendantiste, où seraient conviés tous les souverainistes, afin d’accoucher d’un seul grand parti qui saurait coaliser les 35% à 40% de Québécois qui voteraient encore pour le OUI dans l’éventualité d’un référendum sur la question.



Jean-Martin Aussant cultive depuis des années le rêve de tenir un grand congrès de refondation du mouvement indépendantiste, où seraient conviés tous les souverainistes.



Quant au réalisme et à la faisabilité de ce projet, des a priori importants le remettent en question : pourquoi Québec Solidaire et le Parti Québécois se dissoudraient-ils spontanément au nom de la question nationale, alors qu’elle prend moins de place que jamais dans le débat public ? Comment rallier les indépendantistes caquistes qui ne sont pas aussi à gauche que les autres et qui, surtout, voient leur formation politique gouverner le Québec en ce moment ?


Dernière chance pour la question nationale


L’aspect certainement positif de cette démarche, c’est qu’elle permettra aux Québécois d’avoir l’heure juste : si les 35% d’indépendantistes sont bel et bien prêts à s’unir pour former un seul et unique parti, tous verront là un regain de vigueur pour une option qui perd des plumes depuis 1995. Si tous les souverainistes laissaient vraiment tomber le reste pour se concentrer uniquement sur la question nationale en 2019, un momentum serait indéniable : on ne peut pas ignorer un tiers des Québécois.



L’aspect certainement positif de cette démarche, c’est qu’elle permettra aux Québécois d’avoir l’heure juste.



À l’inverse, si Aussant et Fournier recevaient un refus des deux partis qui partagent officiellement leur option, le message serait aussi fort : en 2019, la question nationale ne coalise plus comme en 1968 et ne structurera plus le débat partisan comme avant. Si cela en venait à arriver, et c’est loin d’être impossible, on verrait probablement la naissance d’un Option Nationale 2.0, qui aurait peut-être une certaine utilité comme groupe de pression souhaitant pousser François Legault vers la souveraineté, un peu comme UKIP l’a fait avec le Brexit au Royaume-Uni. Après tout, « Option Québec » était le premier choix de Jean-Martin Aussant lorsqu’il a fondé ON en 2011…


Pendant ce temps, le Parti Québécois se fait de plus en plus misérable, comptant désormais moins d’élus que Québec Solidaire et rassemblant de moins en moins de souverainistes en son sein, sinon ces éternels nostalgiques qui, contrairement à Catherine Fournier et Jean-Martin Aussant, accordent davantage d’importance aux véhicules qu’aux idées.