Jean Charest a sans doute livré hier son dernier message inaugural d'une session parlementaire à l'Assemblée nationale. Et le gérant de votre Canadian Tire doit nourrir des projets plus ambitieux pour les sept prochains mois que le premier ministre du Québec.
Chef des nouvelles
M. Charest avait changé de ton hier, par rapport au pettage de bretelles auquel il nous avait habitués depuis 2003. Son gouvernement savait alors ce qui était bon pour les Québécois et il allait leur entrer dans la gorge. Il tentera maintenant, beaucoup plus modestement, de briller parmi les perdants...
Le premier ministre s'est limité à huit priorités pour les prochains mois, qui tiennent beaucoup de l'intendance. M. Charest s'accroche à son engagement électoral de baisser les impôts avec l'argent obtenu d'Ottawa pour la correction du déséquilibre fiscal mais il faut attendre le budget pour mesurer l'importance que ces réductions prendront. Si le passé est garant de l'avenir, quelques tranches de contribuables garderont tout simplement un peu plus d'argent de poche.
Le dégel des frais de scolarité au niveau universitaire est déjà en marche. Le retour du bulletin chiffré pour les écoliers aurait dû être fait depuis longtemps. Cette question a été soulevée pour la première fois lorsque Lucien Bouchard était premier ministre et il y avait unanimité pour revenir à un mode d'évaluation traditionnel. Le contrôle de la malbouffe dans les écoles est par ailleurs déjà bien enclenché.
Feu vert
En santé, le gouvernement donnera le feu vert aux premières cliniques privées affiliées au réseau public mais le premier ministre a beaucoup insisté dans son discours qu'il n'y aura pas un «commerce des soins» au Québec. La Cour suprême a ouvert la porte, par sa décision dans l'affaire Chaouli, à des services défrayés par des assurances privées. Le gouvernement Charest a rendu les choses si compliquées qu'il a réussi à neutraliser le jugement .
Les conseils d'agglomération ne fonctionnent pas depuis le premier jour et des appels viennent de toutes les directions pour que la loi soit modifiée. Le gouvernement libéral a repoussé la correction de la loi ces deux dernières années. Il est plus que temps qu'il s'en occupe.
M. Charest s'est également engagé à adopter à son tour une loi sur l'entreposage des armes à feu et il n'a pas hésité, à l'exemple de Stephen Harper, à faire venir à l'Assemblée nationale la famille d'une étudiante abattue lors de la fusillade au Collège Dawson. La loi viserait des armes semi-automatiques normalement utilisées pour le tir sportif. Le projet sent tellement l'amateurisme que des autorités policières l'ont aussitôt mis en garde: entreposer une importante quantité de telles armes à un même endroit, un club de tir par exemple, équivaudrait à créer un supermarché à l'intention des criminels!
Menu léger
Ce menu est très léger. Pas de vision de gouvernement, pas de politiques économiques ni de nouvelles politiques sociales. Le premier ministre a plutôt cherché à flatter des clientèles électorales réfractaires. D'abord, les nationalistes: «Que serait le Canada sans le Québec? Le Canada devra un jour le reconnaître.» Le premier ministre cherchera aussi à obtenir l'assentiment des autres formations en vue d'une entente avec Ottawa sur le pouvoir fédéral de dépenser dans le champ des responsabilités des provinces. Il s'est ensuite tourné vers les électeurs qui ont été heurté au cours des derniers mois par les arrangements raisonnables convenus avec des minorités culturelles et qui ont fait rebondir la question identitaire durant la campagne électorale. Il avait aussi un bon mot pour les régions, d'autres pour les femmes. et pour les aînés.
Jean Charest a modestement, et par le ton et par son menu minceur, entrepris, du moins en apparence, une opération de réconciliation du PLQ avec la population québécoise. Il y a toujours eu chez lui cependant un large fossé entre le discours et l'action et sa crédibilité est très faible dans l'opinion publique. D'autre part, les forces occultes au Parti libéral qui font et défont les chefs de ce parti ne voudront pas prendre la chance de lui confier une autre campagne électorale. En politicien professionnel, M. Charest s'acquitte donc de son mieux de ses devoirs dans les circonstances. Il joue le livre: humilité et main tendue.
Briller parmi les perdants
Ce menu est très léger. Pas de vision de gouvernement, pas de politiques économiques ni de nouvelles politiques sociales. Le premier ministre a plutôt cherché à flatter des clientèles électorales réfractaires.
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