On a beaucoup parlé, depuis deux jours, de la démission surprise de Bernard Drainville. Avec raison. C’est une figure importante qui quitte le Parti québécois.
On lui reproche de ne pas terminer son mandat. À tort. La politique n’est pas un métier comme les autres. On s’y engage, surtout dans une formation comme le PQ, parce qu’on veut servir de grands idéaux.
Quand on perd la foi, quand la triste certitude que nos efforts sont vains s’empare de nous, mieux vaut partir.
Identité
Je l’ai écrit hier sur mon blogue du Journal, Bernard Drainville incarnait la meilleure part du PQ.
Alors que les péquistes, trop souvent, s’aplatissent devant la rectitude politique et cherchent à tout prix à plaire à leurs adversaires, Drainville assumait un nationalisme enraciné, fier de notre histoire et attaché à l’identité québécoise.
L’indépendance sans l’identité est un non-sens.
Avec lui, les souverainistes ont confronté directement le multiculturalisme canadien avec son obsession de l’accommodement raisonnable.
Le nom de Bernard Drainville restera accroché à l’histoire de la charte des valeurs. On comprend pourquoi: c’était le débat politique le plus important au Québec depuis le référendum de 1995.
On y posait la grande question de notre temps: comment assurer la cohésion d’une société de plus en plus éclatée, à la culture écartelée?
Ou pour le dire autrement, comment défendre l’identité d’une nation alors qu’elle est compromise par la mondialisation, le multiculturalisme et l’immigration massive?
Ce débat, Bernard Drainville l’a courageusement mené. D’autant qu’il parlait avec ses tripes, à la différence des politiciens aseptisés.
Et, faut-il le rappeler, les Québécois, massivement, appuyaient la charte des valeurs, malgré le désaveu des élites médiatiques. Ils voulaient rappeler un principe: à Rome, on fait comme les Romains.
Au-delà des différentes mesures proposées, comme l’interdiction des signes religieux ostentatoires, qu’ils endossaient par ailleurs, ils envoyaient un message fort: la société d’accueil a des droits et, pour l’instant, on ne les respecte pas.
Courage
Mais cet appui, le système médiatique a décidé de le dénaturer. On l’a présenté comme l’expression de préjugés xénophobes logés au fond de la culture québécoise. On a voulu y voir odieusement une haine décomplexée des musulmans.
Les médias parlent encore du «triste épisode de la charte des valeurs».
On a voulu faire de Drainville un diable.
Et quand le PQ a perdu ses élections, on lui en a fait porter la responsabilité. La charte des valeurs aurait précipité le PQ vers la déroute électorale.
C’est un immense mensonge médiatiquement entretenu.
Ce qui a causé l’échec du PQ, c’est une campagne électorale médiocre et la peur irrationnelle du référendum.
C’est triste à dire, mais c’est davantage la souveraineté que l’identité qui a coulé le PQ.
Drainville parti, reste à espérer que le PQ ne sacrifiera pas complètement l’héritage de la charte. Sans quoi, un grand contingent d’électeurs nationalistes pourrait passer à la CAQ, qui fait déjà beaucoup pour les attirer.
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