Je suis tout à fait d'accord avec [votre réflexion, monsieur Cloutier->6610]. J'ai beaucoup de peine à croire ce que je vais vous dire là, mais j'ai l'impression que c'est exactement ce qui est arrivé : il s'est installé une conspiration du silence au sein du Parti Québécois, particulièrement après la fin de semaine où les président(e)s de comté et le caucus ont soi disant apostrophé André Boisclair peu avant le lancement de la campagne électorale. C'est un peu comme si l'équipe de "vendeurs" s'était fait convaincre que, même si on réalisait maintenant que le "char" à vendre (André Boisclair et, plus tard, sa "feuille de chou") était en fait un vrai "cancer", il fallait "fermer sa gueule" et donner l'impression d'une équipe unie, à l'aube du déclenchement de l'élection.
De deux choses l'une : ou bien le caucus s'est dit "OK, il est trop tard, il semble bien qu'il faille aller se casser la gueule avec Boisclair pour le convaincre de partir" et "s'est bouché le nez" (en souhaitant pratiquement de perdre) ou bien il a cru que Boisclair allait faire amende honorable après ce "sermon".
J'ai l'impression que ce qui s'est produit est une combinaison des deux hypothèses. D'une manière ou d'une autre, les président(e)s et les député(e)s devaient sentir qu'ils partaient au combat avec des fusils non fiables, donc avec une confiance sérieusement ébranlée. Avec les sondages montrant les trois partis au coude à coude, ils devaient au moins réaliser qu'à moins d'un miracle il ne pouvaient pas gagner.
Personnellement, le vendredi avant la CNPP, j'ai laissé un message à notre vice-président, organisation et formation, Pierre-Paul Payette, qui nous représentait à cette conférence, pour l'enjoindre de voter contre André Boisclair si un vote de confiance avait lieu. Lors de la dernière réunion de l'exécutif avant, je prétendais même que le parti se débrouillerait mieux sans chef qu'avec Boisclair. Malheureusement, quand M. Payette m'a retourné mon appel le dimanche suivant, c'était pour me confirmer ce que je craignais : le caucus s'est résigné à aller au front avec Boisclair comme chef, ayant jugé trop tard pour faire autrement.
Je confirme donc votre appréciation du travail de nos représentants : une capitulation sans condition. Pour quoi ? Pour DES CONSIDÉRATIONS STRICTEMENT ÉLECTORALES ! Connaissant Pierre-Paul et son style direct, je suis convaincu qu'il a accepté de continuer quand même UNIQUEMENT parce que notre député était JEAN-CLAUDE ST-ANDRÉ. S'il s'était agi de tout(e) autre député(e) "téteux(se)" du chef, genre Diane Lemieux ou Nicole Léger, je crois que lui et moi aurions carrément démissionné de l'exécutif et serions restés bien sages chez nous pour le reste de la campagne.
***
Ce que je viens d'entendre depuis 12h55 cet après-midi n'a rien pour me rassurer : Gilles Duceppe et Pauline Marois viennent de confirmer leur intention de briguer la direction du PQ. Lors de notre réunion de mercredi soir, Jean-Claude St-André n'avait rien contre Gilles Duceppe, mais jugeait qu'il serait plus utile à Ottawa, son saut à un PQ, qui n'a encore rien décidé de son avenir et profondément divisé, ne pouvant que continuer à faire pâlir son étoile depuis la fin de 2005. Lui aussi considérait que choisir un nouveau chef présentement était prématuré, les membres du parti se devant d'abord de s'entendre sur la mission et l'action politique du Parti Québécois à l'avenir. En effet, la force de la députation péquiste donne une balance du pouvoir considérable au parti, lui permettant de forcer le gouvernement à être en poste jusqu'en 2012, le temps qu'il faudra pour "dégonfler la balloune" de Mario Dumont et de l'ADQ. Ne sachant pas, à ce moment, si Duceppe allait se présenter candidat et croyant peu à la possibilité que Pauline Marois tente sa chance pour une troisième fois, notre exécutif se devait de proposer une position commune en prévision de la réunion des présidents régionaux pour Lanaudière.
Trois questions nous étaient posées par notre présidente, Me Louise Lortie :
1° Faut-il choisir rapidement un nouveau chef ?
2° Le prochain chef du PQ devait-il être choisi au terme d'une course ou d'un couronnement ?
3° Les règles de la prochaine course devraient-elles être les mêmes qu'en 2005 ?
Notre consensus a été que le choix de François Gendron nous donnait un chef d'expérience et suffisamment rassembleur pour nous permettre d'amorcer la réflexion de fond que le parti s'est refusée de faire en 2004. Nous considérions que le PQ pouvait pratiquement décider de la date de l'élection en choisissant d'appuyer le gouvernement Charest pour l'empêcher de tomber, ce qui nous donne le temps de bien faire la prochaine fois, car nous n'avons plus de place pour l'erreur.
Une des membres de l'exécutif voyait Gilles Duceppe "dans sa soupe", un autre s'est prononcé en faveur de Pierre Curzi. Cependant, tous se sont entendus pour dire que le prochain chef se devait d'abord d'être un "porte-parole" et non pas quelqu'un qui vient "décrisser" le programme pour l'imposer aux militant(e)s. Ce chef se devrait également être près des gens, accessible, bon pédagogue et rassembleur. La majorité s'est prononcée en faveur d'une course à quelques candidat(e)s permettant de débattre des idées et non pas un couronnement.
Tous ont convenu que la dernière course n'avait été qu'un concours de "vendeurs de cartes" genre "Loft Story" ou "Star Académie", où aucune vérification sérieuse n'avait été faite et qui avait permis au candidat ayant le plus d'argent de gagner au détriment des idées (rien pour nous distinguer des libéraux, en quelque sorte). En fait, ce sont les médias (fédéralistes) qui ont imposé "leur" grand favori, qualifiant rapidement les autres de "candidats marginaux". M. St-André a remis en cause le principe du vote universel par téléphone, d'une part à cause de l'absence de garantie que les membres soient de vrais souverainistes, mais également parce que le processus (mécanique) n'était pas vraiment démocratique (pas de possibilité de voir l'électeur, en cas d'usurpation d'identité) et parce que le principe d'un membre - un vote ne permet pas de s'adapter aux circonstances, comme on l'a vu lors de la course du PLC à la fin de l'année dernière (pas d'alliances ou négociations possibles). Probablement qu'un retour au vote par délégué(e)s serait préférable et que le suspense qui découlerait des tractations possibles de dernière minute donnerait de la visibilité au parti. Évidemment, il devra y avoir un congrès d'ici là afin de changer les statuts pour refléter le nouveau règlement d'élection.
Enfin, j'ai amené le point concernant l'illégalité des exécutifs de comté et régionaux de plus de 12 mois. Notre présidente ne s'en fait pas outre mesure, puisque c'est l'exécutif national qui en est responsable en imposant le moratoire. De toute façon, notre exécutif s'accorde à dire qu'il y a un ménage à faire à la direction du PQ. Maintenant que Boisclair a quitté, que le parti a dû congédier plusieurs permanents et se devra de déménager dans des locaux plus réduits et économiques, il n'y a plus personne qui peut se considérer à l'abri dans ses fonctions. Nous tenterons de tenir notre assemblée générale vers la mi-juin.
Souhaitons-nous donc que le parti finisse enfin par apprendre de ses erreurs et que le choix du chef ne vienne pas compromettre le travail de fond que les militant(e)s se devront de faire sur le programme du parti !
Bonne fin de semaine !
Luc Bertrand
Vice-président, programme et affaires politiques
Parti Québécois de L'Assomption
Au PQ - plus de place pour l'erreur
Souhaitons-nous donc que le parti finisse enfin par apprendre de ses erreurs et que le choix du chef ne vienne pas compromettre le travail de fond que les militant(e)s se devront de faire sur le programme du parti !
PQ - état des lieux et refondation
Luc Bertrand19 articles
Vice-président, programme et affaires politiques
Parti Québécois de L'Assomption
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