C’est toujours comme ça.
Après un drame, après une tragédie, on a besoin de calme, de paix, d’amour.
On se prend par la main, on se chuchote des mots apaisants dans le creux de l’oreille et on se promet de construire ensemble un monde lisse, doux, sans tension.
Puis la poussière retombe, le temps passe et la vie reprend son cours.
Avec ses tensions, ses brouilles, ses divergences.
PAS UN FLEUVE TRANQUILLE
On a beau chanter Kumbaya du matin au soir et organiser des chaînes d’amour d’un océan à l’autre, le monde parfait n’existe pas et n’existera jamais.
La question n’est pas «Comment faire en sorte de construire un monde sans tension?» mais «Comment se comporter l’un envers l’autre la prochaine fois que des tensions – et il y en aura, c’est inévitable, ça fait partie de la vie – troubleront nos rapports et nous mettront l’un face à l’autre, et non l’un à côté de l’autre?»
Car, quoi qu’en pensent les petits lapins de la rectitude politique, qui rêvent d’un monde pur, calme et satiné, la vie en société est tout sauf une croisière pépère sur un fleuve tranquille et sans vagues.
C’est bien beau, la coexistence paisible et l’amour œcuménique, mais nous vivons dans la réalité, pas au royaume féérique des Bizounours.
S’il y a une chose qui est aussi sûre que le lever du soleil demain matin, c’est que la vie va reprendre son cours – avec son lot d’agitations, d’exaspérations et de dissensions.
Il y aura d’autres menaces, d’autres insultes et d’autres demandes qui nous paraîtront soit déraisonnables, soit difficilement applicables.
On fera quoi, alors? On se comportera comment?
SOUS LE TAPIS
Si vous croyez que, demain, le Québec ressemblera à ce que vous avez vu au cours des sept derniers jours, vous rêvez.
La parenthèse va se refermer et la vie va continuer.
Un jour – cette semaine ou le mois prochain – une autre histoire d’accommodement nous interpellera et nous forcera à trancher.
On fera quoi, alors? On gardera le silence par crainte de rouvrir un dossier chaud?
On fera comme si on n’avait rien vu ni entendu? On balaiera nos opinions et nos convictions sous le tapis de peur d’être cloués au pilori par les redresseurs de torts, les gardiens de la morale et les flics de la pensée?
J’espère au contraire qu’on pourra profiter de la main qui s’est tendue et de la porte qui s’est ouverte au cours de la dernière semaine pour se parler dans le blanc des yeux.
Sans brusquerie, mais avec franchise, comme le font les amis.
Car ce n’est un service à rendre à personne que de cacher ce qu’on croit et de dire Oui quand on pense Non.
DANS LES RAPIDES
Actuellement, le lac est calme.
Mais bientôt, demain peut-être, le courant emportera de nouveau notre embarcation et on se retrouvera un jour dans les rapides.
C’est la vie.
Que ferons-nous le jour où un autre attentat fera couler le sang dans une partie du monde, au nom d’Allah ou du racisme?
Pourrons-nous nous parler franchement et honnêtement?
Ou toute discussion et toute critique seront désormais bannies de peur de faire renverser le canot?
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