ÉNERGIE

Après GNL, monsieur le ministre, faites preuve d’audace

Lettre ouverte à Benoit Charrette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

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Robert Laplante propose une mission environnementale NATIONALE pour le Royal Victoria


Monsieur le ministre,


Permettez-moi tout d’abord de vous féliciter et de saluer la décision de votre gouvernement de rejeter le projet GNL, cette aberration qui aurait fait régresser le Québec en plus de rendre pratiquement illusoires ses aspirations à faire sa part pour construire le vingt-et-unième siècle. Les changements climatiques se déploient à une vitesse que les modèles les plus pessimistes avaient hésité à envisager. Il n’était pas nécessaire d’en rajouter.


Nous sommes désormais dans une urgence devant laquelle plus aucune société ne peut se défiler. Mais cette urgence est d’autant plus dramatique que les solutions pour y faire face donnent bien souvent le vertige. Il faut d’ores et déjà envisager des moyens d’engager une transition qui ne sera pas qu’énergétique. Cela passera par un immense effort d’innovation et une mobilisation des ressources sans précédent. Les défis pointent à peu près dans tous les domaines. Si les enjeux sont aussi nombreux que complexes, force est d’admettre qu’ils passeront pour l’immense majorité d’entre eux par une révision en profondeur des politiques publiques. C’est un exercice qui n’a pas fini d’être exigeant mais auquel vous pouvez apporter une contribution majeure. Les devoirs de votre charge l’exigent certes, mais, surtout, les moyens et les occasions qui se présentent à vous en apportent des matériaux exceptionnels. 


Il n’en tient qu’à vous et à votre gouvernement d’agir en catalyseur de l’immense réservoir de talents, de compétences et de savoirs que le Québec peut mobiliser pour se démarquer à l’échelle internationale et apporter au monde des lumières qui feront la différence pour l’issue des luttes à entreprendre. Vous pouvez vous faire le promoteur d’une grande mobilisation scientifique, technique et citoyenne pour convoquer les forces vives de toute la nation à une grande et exaltante entreprise. 


L’occasion vous en est offerte par le projet qu’a lancé l’Université McGill de créer sur les flancs du Mont-Royal un grand centre de recherche et d’expertise dans les divers domaines de lutte aux changements climatiques et d’élaboration des politiques publiques de nouvelle génération. Ce projet peut être absolument mobilisateur et il n’en tient qu’à vous de le porter à la dimension nationale qu’il requiert. Il faut aller au-delà des ambitions de développement d’une seule université. Il faut en faire le projet du siècle! Un vaste projet qui propulsera les compétences et le potentiel d’innovation de tous les domaines en cause. Pour donner son socle au modèle québécois 2.0. 


Les forces vives du monde scientifique et intellectuel doivent être appelées à relever les immenses défis de transformations environnementales, économiques et politiques. Il faut faire muter ce projet d’une université privée pour lui donner l’envergure d’une grande corvée nationale. En faire une Baie James de la connaissance, en d’autre mots! 


Il faut créer un consortium de toutes les universités québécoises pour prendre en charge cette mission qui propulsera le Québec. Ce consortium devra favoriser la convergence et l’optimisation des moyens, mobilisant les meilleurs cerveaux et les plus fortes équipes de tout le monde de la recherche. Il créera une masse critique qui donnera aux universités, aux chercheurs et à ceux et celles qui aspirent à le devenir des moyens et des objectifs enthousiasmants. Il peut devenir l’équivalent d’une petite NASA de l’environnement et produire, à notre échelle, des effets analogues. 


Je sais, le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche ne relève pas directement de votre mandat. Mais vous pouvez convaincre votre collègue McCann, vous pouvez plaider auprès du Premier ministre et de tout le caucus. Ce projet vous apportera les outils essentiels – qui vous manquent – et qu’il vous faut pour réaliser pleinement votre mandat et répondre aux attentes de la population. Il marquera à jamais l’histoire de votre ministère. Votre parcours et la force de vos convictions en témoignent: vous pouvez porter une telle ambition. Mettez-vous en route, vous serez soutenu. 


La création d’une telle institution deviendra motif et symbole de dépassement. Le Québec peut rêver grand. Vous pouvez faire de grandes choses. Votre gouvernement peut faire du Mont-Royal le symbole de sa détermination à faire de la question environnementale un grand projet de société. Appelons-le projet Paradigme, pour bien marquer qu’il mobilisera les scientifiques sur un horizon large. 


En confiant à un tel consortium la responsabilité fiduciaire du site et des bâtiments du Royal Victoria votre gouvernement agirait en parfaite cohérence avec l’esprit qui doit prévaloir pour l’invention des nouvelles instituions requises pour un développement soutenable. Vous feriez primer la logique patrimoniale dans la recherche des voies de sorties de la crise. Le site resterait dans le domaine public, il servirait l’intérêt national et fournirait une occasion exceptionnelle de faire la démonstration que le Québec vert peut ne pas être une chimère. 


Monsieur le ministre, il faut mettre la connaissance au cœur du combat. Vous pouvez faire la preuve que vos convictions, que votre ministère et la volonté du gouvernement peuvent faire vibrer notre société tout entière. Je suis confiant que vous pouvez en avoir l’audace. Je suis certain que nous en tirerons tous fierté. 






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