Le Canada, sous la gouverne du premier ministre Stephen Harper, a pris des engagements concernant l'occupation militaire de l'Afghanistan qui vont à l'encontre des traditions et des valeurs pacifistes promues par les citoyens du pays. Le Canada est en guerre. Les dernières déclarations du ministre de la Défense nationale sont de nature à ne rassurer personne. Le bilan de l'intervention militaire du Canada dans ce pays qu'il vient de présenter n'est pas crédible. Comment peut-on croire qu'une société puisse se développer sous occupation militaire? Est-ce qu'on peut construire la paix en poursuivant la guerre? L'histoire nous a démontré que les guerres n'entraînent que la destruction et la mort.
Que faisons-nous en Afghanistan? Pourquoi cette attention si grande pour ce pays ou cette affection particulière pour les Afghans? On répond à cette question de manière évasive en prétendant assurer la sécurité et reconstruire le pays. On sait très bien que la reconstruction d'un pays dévasté par les guerres n'est pas une tâche que des pays étrangers sont en mesure d'assumer dans un contexte d'instabilité, dans le désordre ou le chaos. D'ailleurs, le programme de l'aide publique internationale du Canada a toujours biffé de sa liste les pays aux régimes politiques instables ou les pays en guerre. Il y a lieu d'être encore sceptiques devant les velléités officielles exprimées en ce qui concerne cette intervention militaire.
Qu'est-ce qui motive vraiment le gouvernement Harper à poursuivre cette aventure? On sait maintenant avec certitude que ce gouvernement le fait en collusion avec les industries de guerre. Les interventions publiques récentes de quelques ministres de ce gouvernement vont en ce sens. Neuf cents millions de dollars sur cinq ans pour la RD annoncés à Montréal récemment sous la mouture d'un nouveau programme appelé Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense (ISAD) et l'acquisition d'équipements militaires «luxueux» et sophistiqués tels que le seront les nouveaux hélicoptères commandés par l'armée.
Explosion des coûts
Nous le savons. Il aurait été difficile de justifier la hausse vertigineuse annoncée des dépenses militaires et l'acquisition de nouveaux équipements sans l'existence de cette «mission» en Asie centrale. Le Canada n'a pas d'ennemi déclaré à ce que je sache et je ne crois pas que des soulèvements populaires majeurs sont susceptibles de se produire au pays. Nous n'avons donc pas besoin d'une armée puissante et suréquipée et même d'une armée tout court. Maintenant, on laisse entrevoir la possibilité que le Canada poursuivra cette mission jusqu'en 2011 en précisant qu'à partir de 2009, la priorité sera surtout donnée à l'aide humanitaire. Il y a lieu d'en douter. Il ne faut pas être surpris d'apprendre que les coûts de cette opération ont «explosé» et qu'ils atteindront la somme de 4,3 milliards de dollars pour la période s'étendant entre 2001 et 2009 et que le budget pour l'aide humanitaire et l'aide à la reconstruction jusqu'en 2011 s'élèvera, pour sa part, à 1,2 milliard de dollars. Plus une opération militaire coûte cher, plus elle plaît aux industries de guerre, notamment à celles de l'aérospatiale et de la défense.
Le Canada est en Afghanistan pour des raisons politiques et économiques, pour se conformer aux diktats de Washington et pour servir les intérêts des industries de la mort. Il s'agit donc d'une aventure guerrière préparée en collusion avec ces industries. Il n'y a rien de mieux que de participer à une guerre dite «juste» pour avoir la conscience tranquille.
Il est toujours temps, je dirais qu'il est urgent, d'exiger le retrait immédiat des troupes canadiennes engagées en Afghanistan et de répondre ainsi aux appels répétés lancés en ce sens par le collectif Échec à la guerre.
Jules Dufour, Président, Association canadienne pour les nations unies (ACNU) Section du Saguenay-Lac-Saint-Jean
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Jules Dufour8 articles
Président, Association canadienne pour les Nations Unies, section Saguenay-Lac-Saint-Jean
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