Y a-t-il eu vraiment un prix à payer pour les référendums perdus ?

Tribune libre - 2007


Dire comme M. Landry que les référendums perdus ont causé du tort au
Québec, cela revient à dire que le Canada aurait pris une autre route sur
laquelle le principe des deux peuples fondateurs aurait été au coeur de la
définition du pays.
Depuis 1931, le pays n’avait pas pu rapatrier sa Constitution qui
demeurait une loi du parlement britannique. Pourquoi ? Des raisons variées
mais certainement le fait qu’en 1931, le Québec francophone exerçait un
poids démographique très lourd et que les orientations prévisibles qui
découlaient de cette donnée auraient fait une place très large à ce qui est
convenu d’appeler les revendications traditionnelles du Québec dans la
nouvelle Constitution Canadienne rapatriée. Ces difficultés de concilier
ces demandes du Québec et l’unité nationale canadienne se sont
cristallisées sur l’impossibilité de s’entendre sur une formule
d’amendement acceptable à toutes les parties.
Les événements politiques des référendums n’auront été que des occasions
pour le Canada d’en finir avec la résistance du Québec. De toute façon, le
Canada aurait pris le même chemin d’autant plus de façon certaine qu’il
s’est avéré que le Québec n’a jamais eu un droit de veto sur la réforme des
institutions canadiennes. Et ça, c’est un autre mythe où, parait-il, René
Lévesque aurait perdu le droit de veto du Québec alors que dans les faits,
ce droit n’a jamais existé et que rien ne permet de dire que les
négociations constitutionnelles dans un autre contexte auraient accouché
d’un droit de veto satisfaisant pour le Québec. À moins de s’en référer à
Victoria mais alors la maladresse revient plutôt à Robert Bourassa qui
aurait alors causé les torts reprochés aux référendums perdus.
Il en découle que le risque de perdre un nouveau référendum doit être
apprécié à sa juste valeur. Bernard Landry exagère les conséquences
négatives d’une façon un peu trop commode pour justifier peut-être la
stratégie infecte des conditions gagnantes qu’il a endossée. Cette
stratégie, dont l’origine revient à Lucien Bouchard, est l’oeuvre d’un
négociateur habile mais d’un homme politique indécis. Dans la psychologie
de la négociation, il est fréquent que les négociateurs aménagent des
périodes d’attente, histoire de faire réfléchir l’adversaire et de soutirer
quelque piste de concession. Mais l’avenir du Québec ne se joue pas dans ce
type d’arène.
Dans le combat pour le pouvoir, la confiance et la volonté de
vaincre l’emportent. Dans ce contexte, attendre les conditions gagnantes,
c’est surtout dire que l’on va perdre. Messieurs Bouchard et Landry l’ont
suffisamment dit et répété pendant des années à ce point que les
adversaires fédéralistes étaient morts de rire! Qu’auraient ils pu dire de
mieux ? Ils ont attendu sagement 2003 en évitant de proposer quoi que ce
soit, se contentant de dire l’immense fatigue constitutionnelle des
Québécois déconcertés par cette stratégie perdante du Parti Québécois.
Gilles Laterrière
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    1 mai 2007

    Au lieu de contester le référendum volé de 1995, les leaders du PQ ont eu honte de la sortie pourtant réaliste de Jacques Parizeau sur les votes ethniques et l'argent. Les soi-disant indépendantistes du parti se sont replié sur eux-mêmes en régressant avec la ritournelle du "bon gouvernement" de province.
    Au lieu de faire le procès du passé et du présent colonial du Canada sur la scène internationale, ils se sont abstenus de parler constitution sous prétexte que tout le monde en avait marre.
    Tout en étant à l'écoute de la population, un vrai chef doit être un guide, un visionnaire capable de convaincre parce qu'il est lui-même convaincu.
    Après 40 ans de lutte, tant au RIN qu'au PQ, je ne crois plus que ce parti puisse nous mener à l'indépendance. Trop bourgeois, trop bureaucratique, trop froid, trop peu convaincu.