USA: l'appel au boycott d'Israël fragilise les démocrates face à Trump

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La seule candidate voilée au Congrès accusée d'antisémitisme : quand les islamistes font exploser le parti démocrate

Le soutien de deux élues musulmanes démocrates à une campagne de boycott d'Israël fragilise leur parti et ouvre une brèche dans l'alliance historique et inconditionnelle entre les Etats-Unis et l'Etat hébreu.


Ilhan Omar et Rashida Tlaib, membres de l'aile gauche du parti à la Chambre des représentants, ont publiquement appuyé le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) qui appelle à exercer un boycott et diverses pressions économiques, académiques, culturelles et politiques sur Israël afin "d'aboutir à la fin de l'occupation et de la colonisation des terres arabes, ainsi que le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens".


Fondé par des militants palestiniens, il s'inspire de la campagne internationale contre l'Afrique du Sud qui avait contribué à la chute de l'apartheid. Mais certains partisans d'Israël assimilent le BDS à une forme d'antisémitisme.


Rashida Tlaib, 42 ans et d'origine palestinienne, affirme vouloir attirer l'attention sur "les questions comme le racisme et les violations par Israël des droits humains des Palestiniens". Ilhan Omar, 37 ans, fille de réfugiés somaliens et seule parlementaire à porter le foulard islamique, veut rééquilibrer la position américaine qui "donne clairement la priorité" à l'Etat hébreu. Elle dénonce aussi une loi de 2018 définissant Israël comme l'"Etat-nation du peuple juif", comparant la situation des minorités religieuses à celles d'Iran ou d'Arabie saoudite.


Ces déclarations ont provoqué un tollé à la Chambre. Le représentant républicain Lee Zedlin a fustigé "la haine contre Israël et la haine antisémite que l'on commence à voir s'infiltrer dans la politique américaine, jusque dans les allées du Congrès". Le groupe républicain a même accusé la direction du parti démocrate d'encourager la "rhétorique de haine et d'intolérance envers Israël".


L'Anti-Defamation League, principale organisation américaine de lutte contre l'antisémitisme, a pour sa part rejeté toute comparaison "entre un Israël démocratique et des théocraties répressives".


Pour lutter contre la campagne BDS, le Sénat a approuvé cette semaine à une large majorité une "loi pour combattre le boycott d'Israël" qui permettra aux autorités publiques de refuser les appels d'offre d'entreprises boycottant l'Etat hébreu.


Mais 22 démocrates (sur 47) ont voté contre le texte, estimant qu'il violait le droit au boycott économique, une forme de liberté d'expression protégée par la Constitution.



Et son adoption reste incertaine à la Chambre, à majorité démocrate.



SAUL LOEB (AFP)US House Representative Rashida Tlaib took the oath of office on Thomas Jefferson's English-translated Koran at a ceremonial swearing-in with family members and House Speaker Nancy Pelosi 

SAUL LOEB (AFP)



"Particulièrement blessantes"


Même si des responsables démocrates ont pris la défense des élues musulmanes, qui récusent tout antisémitisme, leurs positions fragilisent le parti.


"Il y a clairement une lutte intense au sein du parti démocrate sur la façon de gérer la campagne BDS et ceux qui la soutiennent", explique Alvin Rosenfeld, directeur de l'Institut pour l'Etude de l'antisémitisme contemporain à l'Université d'Indiana.


"Si le parti penche vers l'extrême gauche et semble s'éloigner des liens traditionnels de l'Amérique avec l'un de ses plus proches alliés, il le sentira certainement dans les urnes", met-il en garde.


Selon M. Rosenfeld, les démocrates doivent "montrer qu'ils mènent réellement la lutte contre l'antisémitisme".


Eliot Engel, le président démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre dont fait partie Mme Omar, a promis de "ne pas laisser sous le tapis" des déclarations qu'il a qualifiées de "particulièrement blessantes", a affirmé le New York Times.


Selon le quotidien, il a espéré que son premier mandat au Congrès - elle a été élue comme Mme Tlaib en novembre - l'aide à "grandir".


Mais pour Amy Elman, professeure de sciences politiques au Kalamazoo College (Michigan), "les démocrates ne devraient pas se soucier d'où viennent les accusations d'antisémitisme, ce qui compte c'est si elles sont avérées".