Le système d'éducation postsecondaire québécois vit actuellement une crise.... (PHOTO: MIKE SEGAR, REUTERS)
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Le système d'éducation postsecondaire québécois vit actuellement une crise. Trop d'étudiants échouent ou abandonnent leurs études tandis que les problèmes de sous financement chronique limitent la marge de manoeuvre des dirigeants des universités.
Selon une étude de SAMI-Persévérance de 2007, seulement 73,5% des étudiants universitaires obtiennent un diplôme après six ans d'études. Ces résultats, très moyens, sont loin d'être ce qu'ils devraient être. Les solutions apportées, par les leaders étudiants et les ministres de l'Éducation successifs, finissent par tourner en rond. Les étudiants demandent le gel des frais de scolarité tandis que le gouvernement libéral tente de faire avaler la pilule amère de l'augmentation forcée des frais de scolarité.
Et si la solution était ailleurs? La nouvelle manne de Michelle Courchesne est, depuis peu, la revalorisation de l'éducation. «Il faut revaloriser l'excellence et la réussite scolaire», disait-elle. Au-delà de ces phrases creuses, une idée, ni originale, ni révolutionnaire. Pourtant, ce que nous proposons ici va en ce sens.
À l'heure actuelle, l'éducation universitaire est, comparativement à ailleurs en Amérique du Nord, très accessible au Québec. C'est très bien, puisse qu'une population scolarisée bénéficie à la fois à la société et à l'individu. Donc, en échange d'une contribution qui représente environ 20% des frais de scolarité (soit environ 215$ par cours comparativement à plus de 1211$ pour un étudiant étranger qui ne profite pas de l'aide gouvernementale, une personne peut accéder aux études universitaires, subventionnées à la hauteur de 80%. À ces montants s'ajoutent en plus des frais afférents et pour l'achat de livres.
Le Québec, par la bande, s'est enlisé dans une culture de subvention de l'échec. Culture qui ne fait qu'aggraver la dévalorisation dont est actuellement victime le système d'éducation universitaire. Le problème est le suivant: il n'y a pas, pour l'étudiant, d'obligation de réussite dans ce système de subvention. C'est donc dire qu'un étudiant qui ne se présente pas aux cours, qui n'investit pas d'efforts dans ses études paiera les mêmes frais de scolarité qu'un autre, même s'il échoue le cours. Comment justifier cette aide aux études alors qu'elle n'entraîne visiblement aucun résultat? Et si la valorisation de l'éducation passait par la connaissance de la réelle valeur des études?
Ce que nous proposons ici est l'instauration d'un véritable contrat social entre l'État et la population étudiante. Comme dans tout contrat, chaque partie doit respecter ses obligations. Ainsi, les étudiants s'engageraient à réussir tous leurs cours tandis que le gouvernement devrait offrir les outils nécessaires à la réussite des étudiants; des infrastructures universitaires convenables, du matériel technologique digne du XXIe siècle et un nombre d'étudiants par classe réduit.
Si les étudiants qui échouent un cours devaient payer une «amende» de plus de 1000$, c'est-à-dire le véritable coût d'un cours, il est fort à parier que le taux d'échec diminuerait sensiblement. Si un étudiant n'est pas prêt à faire les efforts nécessaires à sa réussite, la société n'a aucune raison de lui faciliter la vie. Qu'il en paie le prix. Et ce prix, c'est le paiement de l'ensemble de ses frais de scolarité en plus des intérêts perdus par l'État. Qu'il en soit également ainsi pour ceux qui désirent utiliser leur formation pour travailler à l'étranger; qu'ils paient également la note. Nous vivons dans une société libre et démocratique, mais chaque choix entraîne ses conséquences. Il n'existe aucune raison logique pour que les Québécois s'abaissent à financer l'échec scolaire. Nous n'en avons tout simplement plus les moyens!
Cette proposition n'est ni lucide ni solidaire, mais vise à assurer les mêmes privilèges auxquels nous avons eu droit aux générations futures. Bien que conscients que cette mesure ne règle pas tout, elle est, à notre avis, une proposition gagnant-gagnant en ce sens qu'elle favoriserait l'effort scolaire et diminuerait, nous l'espérons, le taux d'échec, en plus de permettre au gouvernement d'économiser quelques milliers de dollars qui pourraient être réinvestis des les infrastructures scolaires qui en ont bien besoin.
Et contrairement à la hausse généralisée des frais de scolarité, les étudiants peuvent s'en sauver, en y mettant des efforts supplémentaires. D'autre part, elle permettra d'effectuer un profond virage dans notre façon de concevoir les programmes sociaux dont nous bénéficions tous et qui font pâlir de jalousie nombre d'États dans le monde, mais également de modifier un tant soit peu notre approche de l'égalité des chances.
Qu'on le veuille ou pas, nous, les étudiants, devrons payer davantage pour nous instruire. Dans la foulée de la «révolution tarifaire», comme l'appelait André Pratte, que prône le gouvernement nouvellement réélu, tous mettront la main dans leurs poches. Nous pouvons et nous devons nous battre pour conserver la plus grande accessibilité possible aux études universitaires, mais nous devons nous aussi faire des propositions.
Nous croyons que cette idée de contrat social est une piste de réflexion qui devrait être débattue, car il nous parait évident qu'il faille sortir du débat stérile du gel versus le dégel des frais de scolarité qui nous mènera tout droit vers l'imposition de nouvelles hausses des frais de scolarité. Il faut éviter que pour des raisons démographiques, économiques ou encore politiques, le Québec ne soit obligé de choisir entre un programme social ou un autre ou choisir entre une génération ou la suivante.
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Jessy Héroux et Alexandre Maltais
Les auteurs sont respectivement étudiant en droit à l'Université Laval et étudiant en relations internationales et en droit international à l'UQAM.
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