Les Soeurs hospitalières de Montréal sont humbles et aiment travailler dans l’ombre. Depuis 1659, elles oeuvrent pour le bien-être de communautés dans le monde entier. Avec sa nouvelle websérie Histoires extraordinaires d’Hospitalières, le réalisateur André Waquant a décidé de partager leurs vies discrètes, mais souvent extraordinaires, avec le grand public.
Pour ce faire, il a sélectionné douze comédiennes, et non des moindres, qui ont prêté leurs voix à différents récits. Elles racontent celui de Jeanne-Mance, celui de soeur Bibiane, qui a travaillé sur le fleuve Amazone au Pérou, celui de soeur Huguette, qui a oeuvré dans un centre accueillant les toxicomanes, ou encore celui de soeur Marie-Claire, en mission au Bénin.
Le réalisateur a dû s’y prendre à trois reprises pour avoir l’approbation des Hospitalières pour ce projet. Finalement, ces femmes dévouées ont accepté, à condition qu’elles ne parlent pas à l’écran. Tout au plus ont-elles voulu que la caméra saisisse leur image muette, en fond d’écran de la narration des comédiennes.
C’est en travaillant à un projet sur l’histoire des Hospitalières qu’André Waquant a découvert la communauté. Alors qu’il les observe, elles continuent leurs activités de bienfaisance. Il les voit travailler à l’étranger, auprès des lépreux ou de victimes de tremblements de terre, mais aussi près de nous, avec des personnes marginalisées.
« Je me suis dit : c’est extraordinaire, ce qu’elles font », dit-il en entrevue.
C’est ainsi qu’est né le projet de docu-témoignage-fiction, porté par Pascale Bussières, Micheline Lanctôt, Monique Miller, Sophie Desmarais, Sophie Faucher et Isabelle Vincent, entre autres, et qui traverse la vie des Hospitalières depuis leur arrivée à Montréal au XVIIe siècle.
« Les religieuses ne voulaient pas faire un cours d’histoire, dit-il. Pour ça, il y a déjà eu des documentaires ou des ouvrages spécialisés. On voulait s’adresser au grand public. » Certains éléments ont été inventés pour permettre la livraison de l’histoire dans le format de ces petites capsules de cinq ou six minutes.
« On ne dit pas tout »
Pour plonger dans la vie de Jeanne Mance, André Waquant a eu recours à une lettre fictive, qu’elle aurait écrite à une amie à l’aube de ses 50 ans. Elle y raconte Montréal et l’eau gelée dans les pichets en hiver, la guerre contre les Iroquois, alors que la chapelle sert de magasin d’artillerie. Jeanne Mance a alors recours à ses avoirs de 22 000 livres, restés en France, pour recruter là-bas des hommes destinés à venir sauver la colonie. « Elle a sauvé Montréal d’un naufrage », raconte le réalisateur.
Mais si les histoires racontées dans la websérie sont saisissantes, elles ont parfois été adoucies pour ne pas verser dans le sensationnalisme. « On ne dit pas tout. On s’est gardé une petite réserve. On a souvent adouci les histoires […] Les Hospitalières ont vu des choses épouvantables », poursuit André Waquant.
Mais on reste ému par l’histoire d’un toxicomane souffrant de problèmes de santé mentale, abandonné par sa famille, qui finit par s’en sortir avec le soutien des Hospitalières de Baie-Comeau. Ou encore par l’histoire d’une religieuse française qui participe à l’évasion d’un résistant blessé dans un hôpital occupé par les nazis.
Aujourd’hui, il reste environ 50 hospitalières à Montréal. « La moyenne d’âge tourne autour de 78 ans. »
Déjà, deux d’entre elles sont décédées depuis que le tournage de la websérie a commencé. « Aujourd’hui, la congrégation met graduellement fin à ses activités », dit André Waquant.
Et dans une crypte située sous le petit musée qui leur est consacré, sur l’avenue des Pins, repose le corps de Jeanne Mance et de 600 hospitalières de Montréal.
Pourtant, les Hospitalières ne s’épanchent pas sur leur destin, dit le réalisateur. « Ce sont des femmes résolues. » Des femmes d’action.
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