C’est dans la discrétion qu’avait lieu jeudi la Journée internationale de l’alphabétisation.
Outre quelques communiqués de politiciens et la publication d’une lettre ouverte, nous n’avons pas agi comme une société qui s’en préoccupe.
Non, l’analphabétisme n’est pas qu’un problème tiers-mondiste. Le Québec est neuvième sur dix provinces canadiennes à ce chapitre.
Le problème québécois
Chez nous, c’est 4 % de la population qui n’a pas les compétences pour lire un menu de restaurant, selon des chiffres diffusés par la Fondation pour l’alphabétisation. Aussi, 19 % des gens se retrouveront régulièrement dans des situations où ils éprouveront des difficultés de lecture, comme pour comprendre la posologie d’un médicament.
Pire encore, 53 % de nos concitoyens sont considérés comme analphabètes fonctionnels, c’est-à-dire qu’ils savent lire, mais qu’ils n’arriveront pas à s’approprier ou à produire un texte contenant des idées abstraites, comme un article de journal.
Dans une soi-disant société de l’information, où le débat public se déroule de plus en plus en ligne, c’est-à-dire à l’écrit, cela prend un aspect tragique. C’est le fondement même de notre démocratie, soit la capacité de s’informer et de s’exprimer, qui s’en trouve menacé.
Il faut des mots
Ceci nous préoccupe peu ou même pas du tout. Une enquête publiée récemment dans Le Journal montrait que les parents étaient nombreux à ne pas faire la lecture à leurs enfants et on raille les gens qui poursuivent des études littéraires.
Les Lettres ne sont plus vues comme quelque chose de précieux. Pourtant, que ce soit Facebook ou une série populaire que l’on suive sur sa tablette, il faut d’abord des mots pour créer un monde.
L’idée, ce n’est pas que chacun passe à travers la Bibliothèque de la Pléiade et écrive sans jamais faire une faute. Il serait toutefois plus que temps que nous nous mobilisions pour faire de l’avancement de la littéracie une responsabilité collective.
Indifférence générale
On peine à faire les liens entre différents éléments. Pas une journée sans qu’on entende dire qu’il serait temps que les assistés sociaux se prennent en main ou encore que les gens travaillant pour un salaire minimum ridicule n’avaient qu’à ne pas faire un baccalauréat en science molle.
Pourtant, quand le gouvernement coupe dans les services éducatifs à l’enfance dans l’indifférence générale, personne ne se demande si nos choix d’aujourd’hui mettent la table pour nos frustrations de demain. Comme dirait un ancien ministre, «y a pas un enfant qui va mourir de ça».
Le Québec est une société avancée qui a fait des bonds de géants quant à son taux de scolarisation depuis les années 50. Nous nous sommes dotés d’outils pour permettre aux talents individuels de se déployer pour notre enrichissement collectif.
Il faut poursuivre dans cette voie. Avec l’internet et les textos, nous avons paradoxalement davantage besoin d’écrire qu’avant.
Il est temps que nous en prenions conscience et que nous fassions de la progression de l’alphabétisation une priorité nationale.
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