Plusieurs personnes se surprennent du ton acrimonieux des échanges entre la CAQ et le PLQ.
En soi, ce n’est pas étonnant. Lorsque je travaillais en politique, on s’émouvait de l’agressivité qu’il y avait entre les troupes de Pauline Marois et celles de Jean Charest. Cela dit, à ce moment-là, ça faisait déjà longtemps que les libéraux étaient au pouvoir, et chaque semaine amenait un scandale de collusion.
Ce n’est pas ce qu’on vit aujourd’hui. Le gouvernement de la CAQ est jeune, la session parlementaire l’est encore plus, et il n’y a pas encore de controverses à ce point gigantesques qu’elles méritent qu’on perde nos nerfs.
Qu’est-ce qui se passe, alors ?
Arrivé
D’une part, il y a un gouvernement formé de gens nouveaux en politique qui s’appuient sur un mandat fort, ce qui peut pousser à une certaine arrogance. Dans ces situations-là, on ne s’aide pas en affichant ouvertement sa satisfaction d’être « arrivé ».
Le parlementaire le plus expérimenté du groupe, son chef, François Legault, devra rappeler le message d’écoute et d’humilité qu’il avait lancé en formant son gouvernement. À moins qu’il ne succombe lui-même à l’hyperpartisanerie, ce qui ne rendrait service à personne.
Le précieux
D’autre part, il y a aussi un Parti libéral sonné de sa défaite historique. Et ici, c’est plus compliqué, parce que ce sont parfois les parlementaires les plus expérimentés qui donnent le mauvais exemple.
Les anciens ministres libéraux sont fâchés. Ils en veulent aux Québécois de leur avoir ôté « leur précieux ». Surtout, ils entendent faire payer à la CAQ le fait qu’elle occupe ce qu’ils considèrent leur revenir d’un droit naturel, soit les limousines et les masses salariales de cabinet.
Les libéraux devraient faire attention. Pour avoir joué dans ce film-là et à les voir s’enfermer dans leurs certitudes montréalaises, c’est peut-être un long séjour dans l’opposition qu’ils sont en train de se magasiner.