Certains reprochent les dérives autoritaires de l'actuel gouvernement fédéral conservateur.
Il faut cependant rappeler que ce gouvernement a été élu majoritairement et qu'il n'avait pas caché en cinq ans de gouvernance minoritaire ce à quoi il était attaché; et son principal cheval de bataille, c'est la protection de la propriété privée.
En ce sens, je suis d'avis qu'un bon nombre de nos concitoyens sont d'accord avec davantage d'autoritarisme en vue de la protection de leurs acquis.
Mais se peut-il que dans une société axée sur la protection de la propriété privée, l'harmonie sociale devienne difficile?
C'est ce que pensait le célèbre penseur et humaniste anglais du 16e siècle Thomas More.
Dans son ouvrage intitulé "L'Utopie", More mentionne ceci:
"Le seul moyen d'organiser le bonheur public c'est l'application du principe de l'égalité. L'égalité est impossible dans un État où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s'y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu'il peut, et la richesse nationale (...) finit par tomber en la possession d'un petit nombre d'individus qui ne laissent aux autres qu'indigence et misère. (...)"
N'est-ce pas ce que l'on voit dans nos sociétés présentement?
Je pensais à l'écart accru entre riches et pauvres en ce pays; en particulier depuis le début du présent siècle, cet écart s'est accéléré.
L'un des signes évidents de cela, c'est de voir les bourses en hausse constante depuis les trois dernières années alors que la pauvreté gagne sans cesse du terrain. Ce qui veut dire que pour les divers actionnaires, la crise se traverse assez bien merci.
Thomas More décrit ainsi la vie que mènent les résidents de l'Utopie:
"Chaque père de famille va chercher au marché ce dont il a besoin pour lui et les siens. Il emporte ce qu'il demande, sans qu'on exige de lui ni argent ni échange. On ne refuse jamais rien aux pères de famille. L'abondance étant extrême en toute chose, on ne craint pas que quelqu'un demande au-delà de son besoin. En effet, pourquoi celui qui a la certitude de ne manquer jamais de rien chercherait-il à posséder plus qu'il ne lui faut ? Ce qui rend les animaux en général cupides et rapaces, c'est la crainte des privations à venir. Chez l'homme en particulier, il existe une autre cause d'avarice, l'orgueil, qui le porte à surpasser ses égaux en opulence et à les éblouir par l'étalage d'une richesse superflue. Mais les institutions utopiennes rendent ce vice impossible."
À notre époque, une solution envisageable serait la mesure que proposait le regretté Michel Chartrand, soit le revenu de citoyenneté universel, qui pourrait faire en sorte que tous vivent décemment sans être tenaillés par l'inquiétude du lendemain.
http://renover-village-pour-vivre-autrement.blogspot.com/2011/07/extraits-de-utopie-thomas-more.html
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
24 février 2012Vos commentaires sur mon article sont tous pertinents et je vous en remercie.
Comme vous le constatez, il y a du chemin à faire avant d'en arriver à une société plus humaine dans laquelle la dignité de chaque citoyen est respectée et dans laquelle les besoins de chaque citoyen sont comblés.
Il me semble que le revenu de citoyenneté universel serait un atout majeur dans la recherche d'une société où l'être humain occupe la place centrale avant l'argent et les calculs économiques qui, souvent, privent les citoyens d'une vie décente.
Monsieur Montmarquette a mis en ligne une vidéo de Michel Chartrand qui s'entretient avec Anne-Marie Dussault à propos du revenu de citoyenneté.
Je la remets en ligne ici car ça vaut la peine d'être vue.
http://www.youtube.com/watch?v=1CKAmHIwZxA&feature=related
http://www.vigile.net/L-integrale-de-mon-echange-avec
Jean Lespérance Répondre
24 février 2012Non dans les structures actuelles, mais en attendant mieux, la proposition de Michel Chartrand peut contribuer à améliorer le sort du monde. À l'intérieur d'un même système, il nous est toujours permis d'avoir mieux même si ce n'est pas l'idéal, même si les effets ne se font pas sentir en profondeur. Il y a les structures à l'intérieur du pays et celles à l'extérieur ou qui concernent nos échanges nos relations avec l'extérieur. Toutes les deux ont une influence majeure qui contribue aux inégalités, aux iniquités sociales. Il faut combattre tous les pouvoirs qui oppriment les peuples. Le pouvoir financier: enlever le droit aux banques d'hypothéquer, changer le système bancaire, monétaire. Le pouvoir économique, en lui mettant des balises. Le pouvoir politique, les suggestions de M.Cloutier sont bonnes mais je crois que j'en propose d'aussi bonnes dans projetsdeloi.com. Les gens peuvent se faire une idée et choisir. Puis le pouvoir judiciaire, l'instauration de tribunaux du peuple tels que je les décris. L'important est d'agir comme dans le système capitaliste; dès qu'il y a un point, ne serait-ce qu'un seul, sur lequel nous sommes d'accord, nous unissons nos forces pour le faire respecter, parce que si on attend d'être d'accord sur tout, on ne fera jamais rien.
Archives de Vigile Répondre
24 février 2012Un société plus juste c'est non seulement une question de revenu mais aussi une question d'accès aux services. Une société plus juste devrait permettre à tous ses citoyenNEs d'obtenir les services de santé et les services sociaux dont ils ou elles ont besoin.
Comme je travaille dans le communautaire (secteur personnes handicapées) depuis une vingtaine d'années, je peux aussi ajouter que tous n'ont pas le même accès à l'éducation; ces personnes se voient souvent indiquer la voie de garage.
Autre élément, il y a des personnes handicapées qui travaillent dans des milieux de stage; jusque là ça va, le problème c'est que les stages durent des années et que ces personnes ne sont pas payées; elles demeurent des prestataires de l'aide sociale considérées comme ayant des contraintes sévères à l'emploi et reçoivent une allocation de fréquentation qui équivaut à environ 4,30$ par jour. Quand une personne travaille dans un grand magasin depuis 10, voire 15 ans, dans cette situation de stagiaire à rabais, j'ai tendance à appeler cela de l'esclavage contemporain.
Tant que des gens sont traités comme des "sous-hommes" qu'ils ne sont pas considérés comme des citoyens à part entière, c'est toute la société qui cautionne sans trop le savoir cet esclavage.
Le hic, c'est que ce que nous défendons n'est pas à la mode.
Archives de Vigile Répondre
24 février 2012Thomas More était en faveur d'une société basée sur les besoins des êtres humains.
Un bon résumé de son célèbre ouvrage "L'Utopie" se retrouve à ce lien:
http://www.web-utopia.org/L-ile-d-Utopie-de-Thomas-More
Archives de Vigile Répondre
24 février 2012Monsieur Cloutier,
Je pense que ce que vous dites est le complément pratique à ce que je dis.
Il est évident qu'une mesure comme le revenu de citoyenneté universel tant souhaité par ce grand Québécois, Michel Chartrand, va être difficile à établir dans la "démocratie" de représentation actuelle.
Par contre, cette mesure pourrait être adoptée dans une démocratie de participation.
Car nos élus actuels de concert avec l'aristocratie d'argent, ne peuvent que perpétuer le genre de société que Thomas More dénonçait quand il disait:
"L’égalité est impossible dans un État où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s’y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu’il peut, et la richesse nationale (...) finit par tomber en la possession d’un petit nombre d’individus qui ne laissent aux autres qu’indigence et misère. (...)"
Le philosophe québécois Jacques Dufresne a déjà dit de Thomas More qu'il était la crème de notre humanité. D'ailleurs monsieur Dufresne a écrit un ouvrage sur Thomas More (http://www.decitre.fr/livres/THOMAS-MORE.aspx/9782762121179)
Le fait que nos dirigeants et notre société en général marchent en sens contraire de la vision sociale d'un Thomas More n'est certainement pas un bon signe.
Archives de Vigile Répondre
24 février 2012Moi, si j'étais vous monsieur Didier je fouillerais plus du côté des limites de la "démocratie" dite de représentation actuelle, basée sur l'élection et qui favorise la consolidation d'une classe privilégiée et aristocratique (les professionnels de la politique) alliée avec les puissances de l'Argent. La corruption c'est précisément la collusion entre ces 2 classes au détriment du pouvoir citoyen.
Il n'y a qu'une façon de lutter contre cela. Par une constitution citoyenne qui va être orientée en fonction des besoins de citoyens et non pas en fonction des élus.
On appelle cela la démocratie de participation, qui est, à mon avis, la forme la plus avancée de démocratie.
C'est la démocratie de représentation, l'élection, les élus qu'il faut remettre en question. Sinon, on change 4 trentes sous pour une piastre.
Pensez-y.
Quelques bonnes lectures :
Bernard MANIN : Principe de gouvernement représentatif
Yves SINTOMER : Petite histoire de l'expérimentation démocratique
Étienne Chouard : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Nous avons besoin d'une constitution citoyenne rédigée par et pour les citoyens et non pas par et pour les experts et les élus. Pas pareil.
C'est un programme d'État qu'il nous faut. Pas des promesses de gouvernement.
Pierre Cloutier