Pologne – Une nouvelle loi vient d’être adoptée par le parlement polonais pour permettre aux autorités d’expulser le lobby LGBT et les idéologues du genre des écoles du pays. Surnommée « Lex Czarnek » en référence à son initiateur, le ministre de l’Éducation Przemysław Czarnek, cette loi est désormais sur le bureau du président Andrzej Duda qui a jusqu’au 3 mars pour la signer. La gauche et les libéraux ainsi que les associations du lobby LGBT espèrent encore un veto présidentiel assez improbable, à moins que le président ne décide de présenter son propre projet de loi s’il considère que celui qui vient d’être voté résoudra mal le problème. Dans son programme de campagne pour sa réélection en 2020, Duda avait promis, dans une « charte de la famille », de protéger les enfants de l’endoctrinement à l’idéologie LGBT, qu’il avait comparée au bolchevisme. La charte de la famille signée par Andrzej Duda en 2020 promettait en effet, entre autres choses, une interdiction de propager l’idéologie LGBT dans les institutions publiques, la garantie du droit des parents de décider de l’éducation de leurs enfants conformément à leurs propres convictions et de nouvelles facilités pour l’enseignement à domicile.
L’adoption définitive du projet de loi du ministre de l’Éducation a été actée le 9 février par la Diète en dépit de son rejet par le Sénat, où le PiS et ses alliés sont minoritaires. En Pologne, la chambre basse du parlement a en effet le dernier mot en cas de désaccord.
La principale modification apportée à la loi sur l’Éducation par la « Lex Czarnek » concerne le pouvoir donné au recteur de chaque académie (le kurator oświaty) d’émettre des recommandations à l’intention des directeurs d’école et de faire démettre de ses fonctions un directeur d’école qui ne mettrait pas en œuvre ces recommandations. Cette même capacité est retirée aux maires des municipalités qui gèrent ces écoles puisqu’ils devront désormais, pour renvoyer un directeur d’école en cours d’année scolaire, obtenir l’accord du recteur d’académie. Les recteurs auront aussi une influence accrue sur la nomination des directeurs des établissements scolaires et ils auront de nouvelles possibilités d’inspection et également de supervision des événements et cours supplémentaires organisés par les écoles. Les directeurs d’école auront l’obligation d’obtenir en amont des renseignements détaillés sur les ateliers et cours conduits dans leur établissement par des intervenants extérieurs et une copie de la demande d’autorisation qui leur sera adressée par l’ONG organisatrice de l’enseignement devra être transmise au recteur d’académie.
Le ministère de l’Éducation pourra ainsi s’opposer à la politique conduite par certaines villes dirigées par les libéraux, telles Varsovie et Gdańsk, consistant à faire venir des militants d’associations LGBT dans les écoles et à mettre en place une éducation sexuelle conforme aux très controversés standards pour l’éducation sexuelle en Europe de l’OMS.
Cette loi est bien évidemment critiquée par ceux-là même qui voudraient imposer ces standards et l’organisation d’ateliers par des associations LGBT aux objectifs pas toujours avoués, puisque des ateliers d’éducation sexuelle à la mode LGBT sont présentés comme étant des ateliers pour lutter contre les discriminations. Le cœur de cible de la critique, c’est le surcroît de centralisation de la gestion de l’éducation qui empiéterait sur l’autonomie des collectivités locales et des établissements scolaires et sur la possibilité pour les parents d’exercer une influence sur le contenu des enseignements délivrés à leurs enfants.
Si les critiques provenant de la gauche et des libéraux de la Plateforme civique ne doivent pas surprendre (ce sont eux qui gouvernent à Varsovie et Gdańsk, notamment), il n’est pas anodin que même la Confédération (Konfederacja, une alliance de libéraux-conservateurs nationalistes et libertariens), à la droite du PiS, ait voté contre. Les représentants de cette opposition plus conservatrice que le PiS en matière sociétale et plus radicalement hostile à l’endoctrinement des enfants par le lobby LGBT et ses alliés reprochent à la nouvelle loi l’excès de centralisation qui pourra se retourner contre l’objectif poursuivi si les libéraux reviennent un jour au pouvoir, mais aussi le refus par le PiS d’un amendement qui aurait donné plus d’influence aux parents d’élèves sur la nomination des directeurs d’école. « Une fois centralisé, ce système servira aux gouvernements suivants, et malheureusement nous n’avons aucune certitude sur la nature de ces gouvernements », a prévenu le leader nationaliste Robert Winnicki lors des débats parlementaires, tandis que son collège libertarien (et enseignant de métier) Artur Dziambor demandait : « Est-ce que vous voudriez que ce pouvoir que vous donnez à votre ministre de l’Éducation tombe un jour entre les mains d’un représentant de la gauche ? Parce que moi, je ne le voudrais pas ! »
Intervenant à la radio publique Polskie Radio 24, Paweł Lisicki, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire libéral-conservateur Do Rzeczy (voir son récent éditorial « Macron et les illusions polonaises » que nous avons traduit et publié), souvent très critique des politiques du PiS, a au contraire pris la défense de la nouvelle loi.
« Si nous faisons abstraction de toute la rhétorique et des accusations et que nous examinons la manière dont le système éducatif d’Europe occidentale a connu une révolution morale d’une telle ampleur, la clé du succès de cette révolution a été le contrôle du système éducatif et des écoles par les forces de gauche », a-t-il expliqué.
Pour Lisicki, si elle revenait au pouvoir la gauche n’hésiterait de toute façon pas à adopter une loi similaire en cas de besoin, sachant toutefois que « le problème est que les changements en Europe occidentale ont eu lieu précisément parce que le système éducatif a été de plus en plus infiltré par des organisations, financées par des fonds publics ou européens, qui ont commencé à promouvoir une nouvelle façon d’apprendre, une nouvelle façon de comprendre la sexualité et l’identité humaine ».
Pour venir au secours des parents généralement impuissants face à cette infiltration des écoles qui se développe aujourd’hui de la même manière en Pologne, y compris avec le soutien actif de Bruxelles, Lisicki estime donc qu’une intervention de l’État est plus que jamais nécessaire.