Une époque cauchemardesque

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Le retour de la question raciale enrage les cosmopolites des années 1980


Il a créé l’esthétique des années 80 presque à lui tout seul.   


Le succès planétaire de Grace Jones, cette longue panthère noire androgyne qui a fait danser tout le monde sur La vie en rose, c’est lui.   


Vanessa Paradis transformée en canari pour une pub de Chanel, c’est lui.   


Le look racé de Farida Khelfa, première modèle « beur » en France et muse du couturier Jean-Paul Gaultier, c’est lui.  


APÔTRE DU MÉTISSAGE  


Graphiste, styliste, publicitaire, illustrateur, réalisateur, chorégraphe, photographe, Jean-Paul Goude est un créateur de génie.   


Le défilé qu’il a mis en scène pour le bicentenaire de la Révolution française, en 1989, à Paris (et qui se terminait sur la cantatrice noire Jessye Norman qui chantait la Marseillaise enveloppée dans le drapeau tricolore), était un chef-d’œuvre qui a ébloui la planète. Plus de 800 millions de personnes l’ont regardé en direct à la télé !  


Amant de l’Afrique et de l’Orient, obsédé (c’est le mot qu’il utilise) par les minorités, fervent défenseur de la diversité culturelle sous toutes ses formes, Goude a consacré toute sa vie, toute son œuvre, tout son talent au métissage.   


Chez lui, les couleurs se mélangent, les cultures s’interpénètrent, les Blancs deviennent Noirs et les Noirs deviennent Blancs, les hommes ressemblent à des femmes et les femmes à des hommes, les rythmes africains se mêlent au disco et au flamenco, les tam-tams (joués par des gens de toutes couleurs et de toutes cultures) dialoguent avec les violons, les guitares électriques et les cornemuses...  


Pourquoi je vous parle de lui aujourd’hui ?  


Parce qu’il y a quelques jours, Goude, maintenant âgé de 78 ans, a réglé son compte avec l’époque actuelle.  


Et ce qu’il dit n’est pas joli.  








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UN GÉNIE VIDE SON SAC  


« Depuis 50 ans, j’ai toujours été du côté de ceux qui défendent le mélange et le métissage, alors qu’aujourd’hui, certains prônent la séparation », a-t-il lancé au Monde.   


« Le défilé que j’ai présenté en 1989 sur les Champs-Élysées associait Blacks, Blancs, Beurs, tirailleurs sénégalais et valseuses maghrébines... Je ne crois pas qu’il serait encore possible.   


Être blanc et évoquer la culture noire, par exemple la citer, voire me l’approprier, fait de moi une cible.   


Toute communauté qui se considère comme minoritaire et opprimée refuse à l’homme blanc, perçu par elle comme dominant et oppresseur, de s’approprier ses codes. Chacun cultive l’entre-soi : les Noirs avec les Noirs, les femmes avec les femmes, etc. C’est grave pour la liberté de tous. »  


Selon Goude, le concept bidon d’appropriation culturelle est un véritable « cauchemar », créé de toutes pièces par de « nouveaux inquisiteurs », qui considèrent l’art « non plus sous l’angle esthétique ou culturel, mais communautaire ».   


UN MONDE DE FOUS  


Comme plusieurs artistes de sa génération, Jean-Paul Goude regarde son époque et ne comprend plus rien.   


« OK boomer ! » lanceraient des imbéciles de 20 ans qui disent combattre la discrimination, mais qui adorent vomir sur les hommes blancs aux cheveux gris.  


Comme si une insulte était un argument...  


Goude s’est battu toute sa vie pour abattre les murs entre les cultures.  


Or, que voit-il, maintenant ?  


Des apôtres de la gauche érigent des murs, tout comme Donald Trump, afin de s’assurer que les « cultures minoritaires » demeurent « pures » !  


C’est le monde à l’envers...





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