Le 13 mai 2009, j’ai réclamé dans mon blog une enquête sur les augmentations vertigineuses des prix de la construction dans les projets publics au Québec. Mon billet intitulé : « Des prix de fous! » faisait état de « la flambée des prix de la construction de l’extension du métro à Laval, du projet de l’autoroute Ville-Marie, du contrat des compteurs d’eau de la ville de Montréal, des prévisions budgétaires pour les garages et les centres d’entretien pour l’Agence métropolitaine de transport (AMT), du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) pour ne mentionner que ceux-là car il y en a des dizaines d’autres ».
Comme ingénieur qui a œuvré dans le domaine de la construction durant plus de 40 ans, je ne pouvais m’expliquer les augmentations aussi considérables et je voulais les souligner à mes lecteurs. En conclusion, j’en étais arrivé à proposer « la mise sur pied par le gouvernement du Québec d’une commission d’enquête sur les coûts de construction » et j’ajoutais « Il est urgent de bien comprendre ce qui se passe afin de faire les corrections nécessaires car le Québec va entreprendre dans les cinq prochaines années plus de 45 milliards $ de travaux d’infrastructures ».
En 2010, l’opposition à l’Assemblée Nationale a finalement ressenti ce qui se passait dans le domaine de la construction et a réclamé sans relâche une enquête du domaine de la construction et ses effets sur le financement des partis politiques. Malheureusement, les attaques du PQ étaient trop teintées de partisanerie pour avoir les effets qu’elles méritaient. Mais, heureusement, de nombreux groupes et individus se sont levés pour dénoncer la situation et le PM Jean Charest, en bon politicien et après de longues hésitations, a finalement décidé d’agir. Il a donné le mandat à Jacques Duchesneau, ex-chef de police de Montréal, de diriger l’Unité Anti-collusion du ministère des Transports et de faire rapport sur la situation. De plus, il a créé l'Unité Permanente Anti-Corruption (UPAC) avec pouvoirs d’enquête et recommandation.
Même si depuis 2009, j’avais alimenté mon blog de plusieurs billets pour insister et démontrer la nécessité de la mise sur pied d’une enquête publique, j’en étais venu à la conclusion que finalement ces nouveaux organismes gouvernementaux, mis-sur-pied par le gouvernement, pouvaient faire la lumière sur ce que je dénonçais comme un scandale extraordinaire de corruption. J’en concluais que la commission d’enquête publique serait longue, coûteuse, avec des témoins protégés par la loi, et n’aboutirait pas aussi rapidement que la police pour mettre fin au scandale. En somme, il me semblait que l’on pouvait atteindre les mêmes résultats plus facilement et rapidement avec les Unités. Depuis, comme tous les Québécois et Québécoises, j'ai attendu. Peu de résultats ont émané des responsables de ces Unités.
Et, comme je commençais à désespérer, voilà, il y a une semaine, que Jacques Duchesneau a présenté son rapport à son ministre. Ce document est accablant et résume une situation dans la construction qui frise le crime organisé, où la vraie concurrence n’existe pas, où les prix sont fixés... et où les partis politiques semblent être récipiendaires d’une partie de ces fonds pour leurs besoins électoraux. Dans un premier temps, le PM Charest a pris le tout comme un grain de sel et a recommandé aux Québécois de ne pas croire toutes « les allégations » du rapport car il n’est pas truffé de preuves. Il est difficile de croire que Duchesneau, dont la carrière policière et la réputation sont sans tache, se soit amusé à produire un rapport simplement pour écrire des mots. La conclusion est simple : Duchesneau a frappé le clou sur la tête et ça fait mal…. Il a raison. Et le gouvernement le sait.
Le PM veut remettre le rapport Duchesneau à l’UPAC pour continuer l’enquête et porter les accusations qui s’imposent. Que Jean Charest le fasse, s’il le veut, mais qu’il sache que face à une telle situation, unique dans son genre, qui sent mauvais et qui porte les soupçons d’un scandale d’une envergure jamais connue au Québec, la vraie solution est d’assurer que les Québécois soient totalement renseignés et sensibilisés sur tous les aspects de cette situation. Nous devons connaitre les vrais coupables qu’ils soient de la pègre, du gouvernement, de la fonction publique, d’entreprises de construction, de fournisseurs de matériaux, de firmes d’ingénieurs, etc…. La seule façon de tout découvrir et de tout comprendre est une enquête publique. La démocratie l’exige. Le scandale des commandites nous l’a bien démontré.
Ce sont les Québécois qui payent… Ce sont eux qui sont les dindons de la farce… Et avec les besoins grandissants de notre population, ça suffit le vol de nos deniers.
M. Charest, je ne vous blâme pas de cette situation. Je crois vraiment que nous nous sommes tous fait avoir par ces bandits. Mais, dans les circonstances actuelles, vous n’avez pas d’autre alternative. Si non, vous semblerez être un complice de ce système pourri qui mine davantage, de jour en jour, notre société.
Claude Dupras
Une commission d’enquête sur la construction au Québec : Oui ou Non ?
Ce sont les Québécois qui payent… Ce sont eux qui sont les dindons de la farce… Et avec les besoins grandissants de notre population, ça suffit le vol de nos deniers.
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