Au pouvoir, en 1960, Jean Lesage est impitoyable envers l’Union Nationale. Il qualifie la gouvernance de cette dernière depuis 1944 de « la grande noirceur ». C’est son qualificatif préféré qu’il a inventé de toute pièce pour diaboliser Duplessis. Le 5 octobre 1960, il institue une commission royale d'enquête, présidée par le juge Élie Salvas de la Cour supérieure du Québec, pour déterminer si les allégations de corruption et de favoritisme s'étaient effectivement produites sous le gouvernement de Maurice Duplessis, au pouvoir entre 1944 et 1960. Elle deviendra connue sous le nom de Commission Salvas.
Tel que promis, le nouveau PM du Québec Jean Lesage crée, le 5 octobre 1960, la Commission royale d’enquête Salvas sur le favoritisme qui aurait eu cours au gouvernement sous le régime duplessiste. C’est le juge Élie Salvas, de la Cour supérieure du Québec, qui préside la commission.
Son mandat est de déterminer si les allégations de corruption et de patronage durant la période du gouvernement de Maurice Duplessis, de 1944 à 1960 sont vraies. Il doit, aussi, analyser les achats de titres boursiers par des ministres suite à la vente du réseau provincial de gaz naturel à l’entreprise privée. En somme, vérifier si les révélations du journal Le Devoir dans ce qu’on a appelé « le scandale du gaz naturel » sont exactes.
Immédiatement, le chef de l’opposition Daniel Johnson s’élève contre cette commission qu’il qualifie de tactique diffamatoire pour salir l'image de l'Union nationale. Il souligne que depuis qu’ils ont pris le pouvoir, les libéraux agissent de la même façon que l’Union Nationale alors qu’elle était au pouvoir.
Témoin appelé par la commission Salvas, Gérald Martineau qualifie le favoritisme « bleu » de philanthropie. Il se voyait un bon papa qui donnait aux pauvres l’argent qu’il percevait des riches. Il supportait les petites entreprises francophones par le patronage, contrairement aux libéraux qui, depuis toujours, gavaient de contrats la grande entreprise anglophone et étrangère. Même s’il y avait une certaine vérité dans ses propos, le patronage qu’il pratiquait était discrétionnaire et allait ainsi à l’encontre d’une bonne gestion des fonds publics.
Le 1er août 1962, deux ans après le début de l’enquête, le juge Salvas présente un premier rapport préliminaire. En janvier 1963, le rapport final est déposé. La commission reproche au gouvernement de Duplessis d’avoir fait des pratiques d’achats qui ont servi, en partie, à financer une caisse électorale occulte et pour récompenser les services rendus par les organisateurs de l'Union nationale dans les différentes régions du Québec.
La commission Salvas blâme durement certains ministres et haut-fonctionnaires d’avoir profité d'informations privilégiées pour acheter des titres de la Corporation du gaz naturel et qualifie ces transactions de contraires à « la morale et l'ordre public ». Salvas recommande une loi spéciale pour que de tels abus ne se reproduisent pas dans le futur.
Cependant, aucune accusation n’est portée contre Duplessis, Sauvé, et ni l'ancien premier ministre Antonio Barrette, malgré les demandes des avocats du premier ministre Lesage.
Suite au rapport, seulement cinq personnes sont poursuivies au criminel sous des accusations de fraude et de conspiration. Ce sont les ministres Antonio Talbot, de la voirie ; Joseph D. Bégin, de la colonisation et organisateur en chef de l’Union Nationale ; plus le conseiller législatif et trésorier du parti Gérald Martineau. De plus, un haut fonctionnaire, Alfred Hardy, est inculpé. Il agissait comme directeur du service des achats durant la plus grande partie de l’ère Duplessis. Il y a aussi un homme d’affaires de Québec, Arthur Bouchard, frère du conseiller législatif du même nom, qui doit répondre à une accusation de conspiration pour fraude.
L’action contre M. Antonio Talbot a pris tout le monde par surprise car son nom n’était même mentionné dans les recommandations de poursuites du rapport de la commission Salvas.
Suite à ces procès, Jos D. Bégin est déclaré non coupable des accusations portées contre lui. Gérald Martineau, est d’abord acquitté mais la cour d’appel, poussée par le gouvernement libéral, revint avec huit chefs d’accusations et il est condamné à 49 000,00$ d'amende et trois mois de prison, que M. Martineau servira dans un hôpital. Antonio Talbot est condamné à payer $100 pour chacun de 13 chefs d’accusations, étant donné qu’il n’avait pas profité personnellement de quoi que ce soit. Alfred Hardy est condamné à payer un montant total $3 100 pour ses dix neufs chefs d’accusation pour la même raison que le précédent. La cause contre Arthur Bouchard est retirée.
Plusieurs sont satisfaits du résultat de cette commission et des jugements rendus. Contrairement à ceux qui disent que la commission Salvas n’a accouché que d’une souris, C'est un point tournant dans la lutte au patronage politique au Québec qui avait été pratiqué durant le long règne de l’ex-premier ministre Alexandre Taschereau, de celui d’Adélard Godbout et continué sous Duplessis. Un coup fort dans l’opinion publique en rapport avec la nécessité d’une observation rigoureuse des principes de la justice et de la morale requise des personnages politiques. On référera longtemps à l’enquête Salvas dans l’avenir pour juger les hommes politiques qui agiront sans éthique.
Puis, pour confirmer, une autre fois, sa mesquinerie antiduplessiste, Lesage refuse de faire ériger la statue de bronze de Maurice Duplessis commandée par Paul Sauvé en 1959 et réalisée par l’artiste Émile Brunet, pour marquer son nationalisme, son amour du Québec et ses dix-neuf ans de service à la tête du gouvernement de la province de Québec.
Vingt ans plus tard, le premier ministre René Lévesque, un homme non marqué par la partisannerie politique et qui a toujours su démontrer qu’il sait reconnaître les services rendus à la nation, décide d’installer la statue de Duplessis, près du parlement du Québec, en un endroit particulier qui reflète l’importance des services rendus par Maurice le Noblet Duplessis pour le développement et l’avancement du Québec.
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
22 juin 2015L'article du journal de Montréal en rapport avec la mort de Jean Doré à été faite une semaine avant sa mort à un journaliste qui me demandait mes impression sur l'ère Doré en vue de la publication de quelques articles qu'il préparait traitant de l'administration Doré.
Le jour de sa mort, j'ai écrit sur ma page Facebook et sur Twitter que Jean Doré avait été un homme cultivé, un grand orateur et un amant de Montréal.
Depuis, le Journal de Montréal s'est excusé et Radio-Canada a fait de même après avoir répété l'article du JDM au Club des Ex. Durivage s'est excusé en ondes à mon endroit dès qu'il a appris la vérité.
marie-france legault Répondre
21 juin 2015J'ai une grande admiration pour Monsieur Jean Doré qui a démocratisé le Conseil municipal de Montréal
et pour Monsieur Jacques Parizeau qui a ouvert le Québec à la modernité: CDQ/RRQ/
mais je reste quand même fédéraliste
je ne crois pas que le Québec y gagnerait au point de vue financier,
les dépenses augmenteraient: ambassades, armée de terre, de mer,
rapatriement des 75,000 fonctionnaires fédéraux etc...
J'ai aussi une grande admiration pour Monsieur Jean Lesage, et le premier ministre de l'Éducation Paul-Gerin Lajoie qui a créé 55 polyvalentes pour donner la chance
à tous les québécois des régions éloignées de s'instruire, nous avons des hommes de qualité au Québec, compétents qualifiés. Je suis capable de le reconnaître.
Fernand Lachaine Répondre
16 juin 2015Je suis d'accord avec Gilles Jean. Vous êtes un petit politicailleur fédéraliste qui s'en prend à un maire qui a fait de belles choses pour Montréal.
D'ailleurs je ne sais pas pourquoi Vigile vous laisse faire vos commentaires sur un site indépendantiste.
Jean Gilles Répondre
16 juin 2015Vous pensez quoi de l'administration Harper et des pions québécois dans son gouvernement? Ça nous éloigne de Duplessis...mais quand même!|
Jean Gilles Répondre
16 juin 2015J'ai lu votre déclaration inopportune sur feu Jean Doré. Vous manquez de classe: il fallait laisser refroidir le cadavre.