Le premier ministre Stephen Harper a obtenu de la gouverneure-générale la prorogation du parlement. Le sursis ainsi gagné lui permettra possiblement de surmonter la crise politique qui ébranle son régime si, lors de la présentation de son budget, le 26 janvier, il arrive à remporter la confiance que lui refuse aujourd'hui l'opposition.
Cette prorogation du parlement porte un dur coup à la coalition formée par le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique, qui cherche, avec l'appui du Bloc québécois, à remplacer le gouvernement. Le vote de confiance qui aurait pu faire tomber le gouvernement aussi tôt que lundi n'aura pas lieu. Le risque est maintenant celui de l'effritement de cette coalition qui garde toute sa pertinence.
Les partis d'opposition faisaient hier contre mauvaise fortune bon coeur, soulignant que s'ils n'avaient pas eu recours à l'arme atomique du vote de non-confiance, le gouvernement Harper se serait cru autorisé à s'attaquer à la récession par des compressions budgétaires plutôt qu'en injectant de l'argent dans l'économie. Pour l'instant, les mesures de l'Énoncé économique et financier de la semaine dernière seraient en vigueur et le ministre des Finances serait encore à soupeser la nécessité d'une intervention de l'État.
La coalition nous a sûrement évité le pire. Elle doit maintenir la pression sur le premier ministre, qui ne peut comprendre autrement que son gouvernement minoritaire doit composer avec l'opposition et rechercher des consensus, ce qui est loin d'être acquis. Tant mieux si cela devait conduire Stephen Harper à présenter un budget acceptable; tout le pays y gagnerait, même si pour sa part l'opposition devait faire son deuil de son projet de devenir calife à la place du calife.
Le sursis accordé au gouvernement conservateur doit être mis à profit par le Parti libéral et le NPD pour donner à leur coalition des assises plus solides. Celle-ci a été formée dans la précipitation et n'a pas de programme de gouvernement détaillé. Elle ne pourra tenir sans cela. Elle doit notamment pouvoir opposer au budget Harper de la fin janvier son propre budget, ce qu'elle n'a pas pour l'instant. Sans cela, elle n'aura aucune crédibilité face à l'électorat. Il lui sera reproché d'être poussé par la soif du pouvoir plutôt que par le désir de servir.
Le maillon faible de la coalition est Stéphane Dion dans son rôle de prétendant au poste de premier ministre. Si la coalition devait être appelée à former un gouvernement au lendemain d'un rejet du budget de la fin janvier, le chef démissionnaire devrait céder sa place au bout de trois mois au nouveau chef du Parti libéral. La décision de le laisser diriger la coalition fut un compromis négocié entre les trois candidats au leadership. C'est un compromis boiteux. Ce serait aussi un compromis dangereux s'il arrivait qu'un rejet du budget conservateur à la fin de janvier débouche sur le déclenchement d'élections. Avec à sa tête Stéphane Dion, le Parti libéral serait vulnérable.
La décision de garder Stéphane Dion à son poste a été prise dans un contexte d'urgence. Celle-ci est moins grave désormais. Les libéraux devraient repenser leur geste et trouver une formule qui leur permettrait de se donner un nouveau chef sans attendre. Il y va de leur crédibilité.
Crise politique à Ottawa
Une coalition toujours nécessaire
s'ils n'avaient pas eu recours à l'arme atomique du vote de non-confiance, le gouvernement Harper se serait cru autorisé à s'attaquer à la récession par des compressions budgétaires plutôt qu'en injectant de l'argent dans l'économie.
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