Depuis 10 jours, les résidants de Prince Albert ne sont plus approvisionnés en eau de la rivière Saskatchewan Nord à cause d’une fuite de pétrole survenue cinq jours plus tôt à quelque 300 kilomètres de là. Les oléoducs sont sûrs, certes, du moins jusqu’au jour où un bris laisse échapper des centaines de milliers de litres de pétrole sous pression en quelques heures.
On évalue à 70 000 le nombre d’habitants de North Battleford, de Prince Albert et des environs qui sont touchés par la fuite de quelque 250 000 litres (l’équivalent de deux wagons-citernes) de pétrole brut dilué qui ont fui d’un pipeline de Husky Oil, le 20 juillet dernier.
À North Battleford, une ville de 17 500 habitants, on a construit une ligne d’eau temporaire qui est liés à la municipalité voisine de Battleford. Plus au sud, à Prince Albert, on a aussi installé deux lignes temporaires, dont une de 30 kilomètres pour rejoindre la rivière Saskatchewan Sud. L’avis d’interdiction reste en vigueur pour les piscines publiques et les grands consommateurs comme les lavoirs automatiques. Quant aux municipalités de campagne habituellement desservies par Prince Albert, elles sont toujours privées d’eau.
La fuite de pétrole s’est produite sous terre, à 300 mètres de la rivière, le 20 juillet, mais elle n’a été découverte que le lendemain. Comme il s’agit d’un réseau provincial, c’est le gouvernement de la Saskatchewan qui est responsable de sa réglementation et de la supervision des travaux de nettoyage des berges qui ne font que commencer. Un gouvernement critiqué pour son aplaventrisme devant les pétrolières et qui est resté plutôt silencieux depuis une dizaine de jours.
Jusqu’à maintenant, on évalue à un peu plus de la moitié la quantité de pétrole récupérée. Selon les experts, on ne pourra pas terminer le travail de nettoyage des berges avant l’hiver et une partie du pétrole sera emportée par la rivière ou coulera au fond, ce qui en inquiète plusieurs. Comme on ne sait pas si la qualité de l’eau reviendra à la normale avant les grands froids, on commence à étudier des scénarios d’approvisionnement possibles pour l’hiver. Encore heureux que la fuite ne soit pas survenue en décembre.
Ce n’est pas la première fuite de pétrole à survenir dans un pipeline ni la dernière malgré toutes les mesures préventives déployées. En Saskatchewan seulement, on dénombre une vingtaine de déversements en moyenne par année, la plupart de faible volume à l’exception du pipeline de Nexen qui a laissé fuir 1,6 million de litres en 2006. Il y a un an, un autre pipeline de la même compagnie, tout neuf et à double paroi celui-là, perdait plus de 5 millions de litres de brut mêlé à du sable et de l’eau près de Fort McMurray, en Alberta. Comme il arrive trop souvent, tous les mécanismes de surveillance et d’alerte ont failli et il a fallu deux semaines avant qu’un passant constate les dégâts. Heureusement, le bris n’a pas eu lieu près d’un cours d’eau.
Quatre mois plus tôt, toujours en Alberta, une autre conduite appartenant à la Murphy Oil laissait s’échapper 2,7 millions de litres de diluant chimique.
Mais on se souviendra surtout de l’importante fuite de la ligne 6B d’Enbridge survenue en 2010 dans un affluent de la rivière Kalamazoo, au Michigan. Il a fallu 17 heures avant qu’on intervienne. Six ans plus tard, la compagnie vient tout juste d’être condamnée à payer une amende de 62 millions $US en vertu de la loi sur la protection de l’environnement. Elle a aussi dû s’engager à dépenser 110 millions pour prévenir de tels incidents sur son réseau des Grands Lacs, sans compter le 1,2 milliard dépensé depuis 2010 pour récupérer son pétrole et nettoyer les rives.
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